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Le risque de pandémie du virus Zika en Belgique

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 553 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 09/02/2016
    • de SALVI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le Docteur Daniel Reynders, du SPF Santé publique, a assuré en Commission de la Chambre des représentants, qu'il n'y avait pas de risque de pandémie du virus Zika en Belgique, puisque le moustique qui propage le virus n’est pas présent en Belgique.

    Néanmoins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a depuis appelé les pays européens à se coordonner, afin d’empêcher une prolifération du moustique transmettant le virus Zika, avant que cet insecte n’arrive sur le continent.

    Par ailleurs, des autorités sanitaires du Texas ont fait part il y a quelques jours d’un cas de transmission du virus Zika par voie sexuelle. Cette annonce intensifie dès lors les craintes d’une propagation rapide de la maladie, y compris en Europe.

    Comment la Wallonie se prépare-t-elle à l'éventuelle arrivée du virus sur son territoire ? Des recommandations ont-elles déjà été données aux hôpitaux, associations et autres organismes potentiellement concernés ? Un plan de mesures préventives est-il en cours d'élaboration en la matière ?
  • Réponse du 23/02/2016
    • de PREVOT Maxime

    Le virus Zika est un flavivirus, proche du virus de la dengue, de la fièvre jaune ou encore du virus du Nil occidental. Il peut être transmis par différents types de moustiques, dont les Aedes ou les anophèles.

    L’émergence d’une maladie dite tropicale en Belgique implique que plusieurs conditions soient réunies :
    - présence du virus : ce virus n’est pas endémique dans nos contrées ;
    - existence des hôtes et réservoirs adaptés : les réservoirs sont souvent des animaux chez qui le virus ne provoque pas la maladie tandis que les hôtes (dans ce cadre-ci les humains) tombent malades lorsqu’ils sont contaminés. Dans le cas du Zika, des rongeurs pourraient être incriminés comme réservoirs ;
    - présence du vecteur : ce sont des insectes hématophages qui jouent ce rôle ; le virus ne se reproduit pas au sein de l’insecte et ne l’infecte pas, il lui permet d’infecter une personne. Dans le cadre du ZIKA, ça peut être l’aedes aegypti. La présence du virus Zika chez aedes albopictus a été mise en évidence notamment au Gabon en 2007 ; à noter que la transmission directe de personne à personne est à ce jour insuffisamment documentée (un seul cas de transmission sexuelle a été décrit à ce jour) ;
    - présence d’un environnement favorable à la croissance et à la multiplication du vecteur ou moustique (chaleur et conditions optimales d’humidité par exemple). L’aedes aegypti ne tolère que très peu les conditions hivernales, de même que l’albopictus. Cependant, le changement climatique permet doucement l’ascension de ces espèces plutôt tropicales du sud vers le nord de l’Europe.

    Les autorités sanitaires en collaboration avec les services régionaux de protection de l’environnement suivent l’évolution de la situation vectorielle.

    Actuellement, dans le contexte belge, le risque concernant la santé publique par rapport au virus Zika est très faible, toutes les conditions énumérées précédemment n’étant toujours pas rencontrées.

    Il n’existe pas de traitement spécifique ou de vaccin ciblant le virus ZIKA. Le traitement est supportif et la grande majorité des personnes infectées présentent un syndrome de type grippal spontanément résolutif.

    Au regard de l’épidémie importante touchant l’Amérique du Sud et les Caraïbes. Il est en effet possible que davantage de personnes malades reviennent des pays touchés.

    Dans le cadre de l’épidémie actuelle, suite à une évaluation du risque par les experts, il a été décidé par le « Risk Management Group » (RMG) qui rassemble l’ensemble des autorités sanitaires, de diffuser une information ciblant les médecins généralistes, les gynécologues et les travel clinics.

    Ces informations ont déjà été diffusées le 3 février 2016, notamment par les soins de l’AViQ, conseillant notamment aux professionnels de la santé de proposer aux femmes enceintes ou qui désirent l’être rapidement de postposer leur voyage vers les régions touchées.

    Nous travaillons à informer les professionnels de la santé et nous suivons avec soin l’évolution de la situation épidémiologique dans les zones touchées.

    Il est probable que de nouvelles pathologies en lien avec certains moustiques dits exotiques apparaissent si ceux-ci envahissent nos régions. C’est pour cela d’ailleurs qu’une série de pathologies sont surveillées au travers de la déclaration obligatoire des maladies infectieuses afin de mettre en évidence les premiers cas autochtones (ou cas locaux se présentant sans notion d’exposition liée au voyage) le plus rapidement possible : c’est le cas notamment de la dengue, du paludisme, de la fièvre jaune. Nous n’avons jamais eu de cas autochtones, car les différentes conditions qu'énumère l'honorable membre ne sont pas remplies. Ça ne nous empêche pas d’y être attentifs.

    Je voudrais également mentionner qu’un virus « circule » déjà dans nos contrées entrainant le même type de complications chez le fœtus, c’est-à-dire le cytomégalovirus pour lequel des mesures de précaution sont prises pour les femmes enceintes non protégées. Il n’est pas lié à un mode transmission vectoriel, mais s’il donne des infections peu symptomatiques chez les adultes, il peut avoir des conséquences importantes chez l’enfant à naître.