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Le retour aux familles mutigénérationnelles

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 558 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/02/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    On peut multiplier les plans autant de fois qu’on veut, pour les mettre en œuvre, il faut que les budgets suivent. Or, en période d’austérité, où le Gouvernement wallon a plusieurs fois juré d’atteindre l’équilibre en 2018, cela ne sera pas une chose aisée – même si l’on développe les services du maintien à domicile.

    Il me semble que pour pouvoir faire face au vieillissement de la population, nous n’échapperons pas à revenir sur des concepts anciens, à savoir les familles multigénérationnelles, aidés en cela sur le plan des politiques du logement, de l’emploi (avec réintroduction et extension de certaines formes de crédits temps), etc.

    Pour qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : je suis favorable à une professionnalisation du secteur du maintien, mais je crains que les ménages à revenus modestes et même moyens ne disposent pas des ressources suffisantes pour financer l’ensemble des services dont une personne en perte d’autonomie aura besoin. La question de la solvabilité du ménage se posera et aura pour conséquence que l’âge arrivé, la société sera davantage dualiste entre riches et pauvres, entre ceux qui peuvent et les autres qui ne peuvent pas s’offrir les services dont ils ont besoin.

    De la même façon, je crains qu’une augmentation de la masse salariale, provoquée par de nouvelles cotisations pour financer une assurance autonomie, fasse l’objet de critiques sévères de la part des patrons qui ne manqueront pas de nous rappeler leurs difficultés en termes de compétitivité internationale – à moins que la cotisation pour l’assurance autonomie soit financée par une réduction du pouvoir d’achat. Peut-on en savoir un peu plus sur ce que le Gouvernement wallon prépare en la matière ?

    La bonne vieille recette est alors de se souvenir de ce que la solidarité intrafamiliale peut apporter comme contribution aux questions et défis – à condition de bien l’encadrer et sans œuvrer de façon que toute la charge repose sur les seules épaules des familles. Quelle est l'analyse faite par Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 03/03/2016
    • de PREVOT Maxime

    La population wallonne ne cesse d’augmenter et face à cette croissance, garantir un cadre de vie, décent et adapté pour tous, tant du point de vue matériel que social, constitue un défi majeur.

    Il est vrai également que le souhait de nombreuses personnes est de pouvoir continuer à habiter le plus longtemps possible chez elles. Il est dès lors important de poursuivre l’investissement dans les services de soutien à domicile.

    Les missions du politique seront de continuer à développer les diverses alternatives existantes tant dans les soins institutionnels à court et à long terme, dans les soins semi-institutionnels que dans les soins à domicile, sans oublier les initiatives intermédiaires comme l’intergénérationnel.

    Au niveau de la Wallonie, il s’agit, selon moi, de pouvoir concilier :
    - besoins et souhaits des aînés,
    - vie en autonomie le plus longtemps possible,
    - qualité de vie,
    - accès aux soins quelle que soit la formule d’hébergement choisie.

    Encore faut-il que nos concitoyens en aient les moyens.

    Le 2 juillet 2015, le Gouvernement wallon a adopté le principe d’une assurance autonomie, obligatoire et solidaire. Elle devrait être effective au 1er janvier 2017. Basée sur les principes de l’assurance, elle se concrétisera par une cotisation obligatoire dont le montant reste à déterminer. Cette cotisation sera perçue par les organismes assureurs. Le montant de la cotisation pourra varier sur base de la reconnaissance BIM ou non de la personne.
    La participation du bénéficiaire sera calculée sur base de ses revenus individualisés. Une simplification importante des barèmes d’aide familiale sera opérée et un barème d’aide-ménagère sociale ainsi que de garde à domicile sera instauré. Il importera effectivement de veiller à ce que les contributions financières demandées aux bénéficiaires soient raisonnables et en rapport avec leur capacité contributive.

    Sur la base d’une évaluation de la dépendance, l’assurance autonomie donnera essentiellement droit à des prestations d’aides et d’accompagnement à domicile : aide ménagère sociale, aide familiale et garde à domicile. Elles viseront à soutenir tant les personnes en perte d’autonomie, quel que soit leur âge, que leur entourage.

    Ces personnes pourront bénéficier de ces prestations (à condition, bien entendu, d’être en ordre de « cotisation assurance autonomie ») selon un barème préférentiel leur permettant de couvrir leurs besoins d’accompagnement à domicile. En fait, un barème sera mis en place pour les bénéficiaires de l’assurance autonomie et un autre pour les non-bénéficiaires.

    Il s’agit bien de permettre aux personnes en perte d’autonomie de mener leur vie au sein de leur environnement habituel en évitant que leurs parents, proches et entourage ne deviennent leurs assistants de vie mais conservent bien leur rôle familial et social.

    Justement, de ce point de vue des aidants proches, il faut savoir que : les trois besoins prioritaires cités par ceux- ci sont respectivement :
    - « quelqu'un pour me remplacer » (51%) ;
    - « des informations sur des services d'associations de bénévoles » (42,5%) ;
    - et enfin « des informations sur des services professionnels disponibles » (38%). 

    Il est certain que, même en présence de services professionnels, la solidarité familiale joue un rôle prépondérant. Et l’on sait combien il est difficile d’assurer un accompagnement au domicile lorsqu’une personne est totalement isolée, et dépend uniquement des services professionnels. Néanmoins, les évolutions des familles, des rythmes de vie, rendent nécessaire le soutien des personnes en perte d’autonomie par des aides professionnelles.