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Les logiciels libres en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 119 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 17/02/2016
    • de GILLOT Frédéric
    • à LACROIX Christophe, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Comme je le disais à Monsieur le Ministre lors des discussions sur le budget, la composition du Conseil du numérique nous a donné un mauvais signal quant à la prise en main par la Wallonie d'un important défit pour le numérique : le passage aux logiciels libres.

    En 2014, à Liège, le PTB s'était déjà opposé à l'achat de licences Microsoft Office, pour un montant de 60 000 euros qui devaient équiper les ordinateurs de la ville alors que des alternatives libres et gratuites existent. A titre d'exemple, Toulouse a récemment gagné un million d'euros en passant aux logiciels libres.

    Il semble évident que le passage aux logiciels libres offre au moins deux avantages :
    - des économies en ne devant pas payer des licences à de grosses multinationales ;
    - la possibilité des pouvoir modifier ces logiciels de manière tout à fait libre, selon les besoins, et ce sans être tributaire du bon vouloir des entreprises qui imposent, à prix d'or, leurs logiciels.

    Quelles sont les ambitions de la Wallonie concernant le passage aux logiciels libres ?
  • Réponse du 09/03/2016
    • de LACROIX Christophe

    Depuis plusieurs années, les logiciels libres occupent une place privilégiée dans l’environnement informatique des services publics wallons. En effet, une proportion importante de notre infrastructure (matérielle et logicielle) informatique est équipée d’outils open source :
    - Système d’exploitation Linux pour la plupart de nos serveurs d’hébergement applicatif
    - Sites web hébergés sur des composants libres : Apache, Liferay, Drupal, …
    - Développements informatiques réalisés à partir de modules supportés par la communauté libre : JBoss, Java, Spring, Activiti, PHP, …
    - Navigateur web Firefox installé sur les 9000 PCs du SPW.

    Nous mettons également en œuvre ce type d’outils dans des domaines moins orientés IT et plus orientés « métier », sous la condition de les accompagner des marchés de support adéquats :
    - Gestion électronique de document : Alfresco
    - Génération de rapports et informatique décisionnelle : Talend, Birt

    De nouvelles initiatives sont en cours pour augmenter l’empreinte open source au sein du SPW :
    - Intégration dans nos standards de la base de données libre PostgreSQL comme alternative au logiciel propriétaire Oracle
    - Élaboration d’une nouvelle solution de gestion des utilisateurs et de leur sécurité : basée sur la solution libre OpenAM

    Ces logiciels libres sont utilisés majoritairement dans les domaines dans lesquels ils ont vu le jour, à savoir les solutions techniques transversales essentiellement orientées « infrastructures » et services IT (systèmes d’exploitation, serveurs web, serveurs applicatifs internet, …). C’est dans ces domaines qu’ils sont les plus mûrs, les plus aboutis et peuvent sans conteste rivaliser avec des produits équivalents d’acteurs commerciaux.

    L’administration a également un projet de gestion de chaîne logistique en préparation à ce niveau.

    La maturité de ces logiciels se développe également dans la partie des applications dites « ERP » permettant d’assurer la gestion de chaîne logistique d’approvisionnement (la partie « finance » et « RH » de ces ERP restants fortement sinon exclusivement orientée ce jour, vers une clientèle de PME).

    La stratégie de l’administration wallonne vis-à-vis de l’open source peut être qualifiée de pragmatique, globale et prudente :
    * Pragmatique. Il est difficile pour le SPW d’assurer de manière proactive une importante veille technologique sur tous les produits open source existants. Lorsqu'un projet, un développement ou une activité informatique nécessite l'utilisation d'un progiciel, nous étudions systématiquement l'option open source.
    * Globale. Dans le cadre de l’examen des solutions open source, il ne faut pas se contenter uniquement de l’aspect souvent gratuit du produit (à l’achat en tout cas) et des standards qu'il doit respecter obligatoirement, mais en analyser toutes les caractéristiques (notamment son niveau de maturité et de complétude), tous les coûts (notamment les coûts de paramétrisation, de support, de formation et d’intégration avec d’autres outils) et toutes les contraintes (notamment qui et à quelles conditions pourra fournir du support en cas de besoin et pendant combien de temps).
    * Prudente. Compte tenu de l'externalisation importante des prestations informatiques, du nombre limité de ressources techniques internes et du fait que le développement d’applications par ces ressources internes n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour, l’obligation absolue de continuité des services à offrir aux utilisateurs impose de n’opter pour le libre que lorsque les garanties de services sont suffisantes.

    Compte tenu de ces piliers de notre stratégie en la matière, ce n’est pas nécessairement au niveau des suites bureautiques (office) que les avantages du libre sont les plus significatifs, ne serait-ce que parce qu’il nous faut tenir compte d’un environnement global et d’une utilisation privée de ces outils qui est nettement orientée vers des logiciels commerciaux.

    Ces principes sont d’application dans nos documents de référence (catalogue des progiciels, standards d’hébergement et de développement) et intégrés dans nos cahiers des charges informatiques. Dans cette vision pragmatique de l’utilisation des outils libres, nous veillons au maximum à conserver une indépendance vis-à-vis des technologies propriétaires. Ainsi, nous avons formalisé de telles recommandations dans un ensemble de documents qui sont mis à la disposition de nos collaborateurs et de nos prestataires.