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Les conséquences du développement de la biométhanisation agricole

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 275 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 17/02/2016
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Il est indispensable de diversifier les revenus des agriculteurs. Ainsi, nombreux sont les producteurs wallons qui ont investi soit dans des panneaux photovoltaïques ou des unités de biométhanisation, voire dans les deux. En effet, les surfaces des toits des étables et autres bâtiments agricoles sont très importantes.

    Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour dénoncer les effets néfastes de la transformation des agriculteurs en "énergiculteurs", surtout que ces filières d'énergie renouvelable sont largement subventionnées par les pouvoirs publics.

    Ainsi, certains investissements agricoles ne sont plus calculés sur base de la rentabilité de la production primaire mais bien en fonction des revenus tirés de la production d'énergie. On en arriverait donc à l'émergence de méga unité de production agricole qui ne serait économiquement rentable que grâce à la production d'énergie. Un exemple existerait dans la région de Tirlemont avec une usine à lait de plus de 1.000 vaches.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation ?

    Existe-t-il, selon lui, un risque de disparition des éleveurs au profit des "énergiculteurs" ?

    La production d'énergie par les agriculteurs est-elle, selon lui, une filière à promouvoir et, le cas échéant, dans quelles conditions ?
  • Réponse du 07/03/2016
    • de COLLIN René

    Pour les agriculteurs, la biométhanisation à la ferme est une des possibilités de diversification des sources de revenus dans leur exploitation. Elle est perçue comme une alternative parmi d’autres pour l’agriculture d’aujourd’hui et de demain. La valorisation des coproduits (effluents d’élevage dans ce cas précis) doit être un souci dans toutes les entreprises et il ne faut pas imaginer qu’au prix du foncier, et vu la pénibilité des travaux quotidiens en élevage, on pourrait se permettre de considérer que le lait ou la viande deviendrait le coproduit.

    Il est important que l’agriculture joue un rôle dans les politiques qui seront menées suite aux décisions de la COP 21. La biométhanisation agricole est certainement un outil qui permettra la transition de l’énergie d’origine fossile vers une énergie plus « verte ». De la même manière qu’aux niveaux national et régional, le photovoltaïque, l’éolien ou encore le solaire restent des voies pour répondre aux engagements de la Belgique en matière de production d’énergie renouvelable.

    Dans le cadre de l’arrêté Ministériel du 10 septembre 2015 relatif aux aides aux investissements, seuls les investissements destinés à produire de l’énergie renouvelable dans des quantités liées à l’autoconsommation sont admissibles à l’aide à l’investissement. Les plus grosses installations de biométhanisation ne pourront pas prétendre à ces aides à l’agriculture.

    Par ailleurs, rien n’interdit de créer des coopératives de production de biométhane qui permettent de travailler des volumes plus importants d’effluents d’élevage avec l’appui d’organismes publics par exemple le CER sur le plateau du Gerny.

    Enfin, le but n’est pas de détourner des productions végétales et de surfaces agricoles au détriment de la chaîne alimentaire. Des recherches sont en cours pour valoriser au mieux les cultures intermédiaires qui, outre l’avantage d’apporter une couverture hivernale et une meilleure gestion de l’azote, produisent aussi de la biomasse.