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L'utilisation de pesticides en agriculture

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 279 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 17/02/2016
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Il y a un peu moins d'un an, Greenpeace publiait une étude selon laquelle l'Europe serait accro aux pesticides. Des graves constats étaient alors tirés et j'avais eu l'occasion d'interroger votre collègue en charge de l'environnement sur ces nombreuses questions.

    Je souhaite interroger Monsieur le Ministre sur l'utilisation de ces produits dans la pratique agricole wallonne. En effet, toujours selon cette étude de Greenpeace, on assiste, en Europe, à un recul dans ce domaine puisque nous utiliserions de plus en plus de produits chimiques.

    Dans certains pays, l'indice de fréquentation de traitement (IFT) a été utilisé pour évaluer le nombre d'applications de pesticides réalisés sur des cultures au cours d'une saison donnée. En Allemagne, par exemple, cet indice aurait augmenté depuis 2001 pour les cultures telles que le colza, les céréales et la betterave sucrière.

    En 2012, l'IFT atteignait une valeur de 32 pour les vergers de pomme, ce qui équivaut à une application de 32 doses de pesticides en moyenne et pour une seule saison. Lorsque l'on sait les risques que représentent ces produits pour notre écosystème et notre santé, cela ne peut que nous inquiéter.

    De tels calculs ont-ils été effectués en Région wallonne ? Favorise-t-on les traitements curatifs aux traitements préventifs ?

    Des chiffres permettent-ils d'assurer que nos agriculteurs utilisent moins de pesticides ?

    En moyenne, Greenpeace estimait que la quantité de pesticides agricoles vendus en Europe atteignait les 8 kg par hectare. En 2009, une diminution était constatée puisqu'on arrivait à 4,9 kg/ha.

    Cette tendance est-elle toujours à la baisse ?
  • Réponse du 07/03/2016
    • de COLLIN René

    Si les compétences liées à la sécurité alimentaire et aux aspects normatifs dans ce domaine relèvent de l’Autorité fédérale, la Wallonie est compétente dans l’encadrement technicoéconomique des producteurs.

    Le rapport de Greenpeace est imprécis quant à l’indice de fréquence de traitement. Il est en effet calculé en « nombre de doses pleines par hectare », mais ne précise en rien le nombre de pulvérisations par hectare. Le fractionnement en plusieurs applications d’une dose pleine au cours d’une période n’aura, en effet, pas le même impact que la pulvérisation de cette même dose pleine en un seul passage.

    Il n’est pas exact de dire que les producteurs belges utilisent de plus grandes quantités de produits phytopharmaceutiques, ce qui est confirmé par les statistiques de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques, publiés il y a quelques jours par le SPF économie. Globalement, on reste nettement en dessous des 10.000 tonnes vendues au début des années 2000. En analysant mieux ce rapport fédéral, on observe que
16 % de l’augmentation sont dus au sulfate de fer utilisé exclusivement sur les pelouses et sans usage agricole, 10 % à l’usage de produits de désinfection de sol, utilisés quasi exclusivement au nord du pays sous serres, et 5 % aux produits à base de cuivre utilisés en agriculture biologique. De plus, les statistiques ne font pas la différence entre les produits à destination des professionnels et des amateurs. L’exemple de l’usage du glyphosate est flagrant.

    Heureusement, les agréations à usage professionnel sont enfin scindées des agréations pour les usages amateurs. Cet usage professionnel est conditionné par la mise en place de la phytolicence.

    En Wallonie, des formations ont été et seront organisées par la Région. Ce qui offrira une garantie supplémentaire de la bonne utilisation des produits phytopharmaceutiques.

    Par ailleurs, les mesures qui visent à une réduction des pesticides sont largement développées dans les actions de recherche, de développement et de vulgarisation avec le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W), mon administration, le comité régional phyto et les centres pilotes spécifiques à chaque culture.

    Enfin, si la protection intégrée des cultures (IPM) est déjà très développée en Wallonie, notamment en production fruitière et en production de pomme de terre, elle est élargie pour les autres cultures sur base de cahiers des charges et de certification VEGAPLAN. Dans ce cadre, tous les traitements de produits phytopharmaceutiques doivent être justifiés.