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Les conséquences d'une potentielle limitation à 90 km/h de la RN 58 traversant l'entité cominoise

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 635 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/02/2016
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La RN 58 n’a pas fini de faire parler d’elle. Après un début difficile, retardé et contesté que nous connaissons tous, c’est aujourd’hui son avenir qui fait débat à Comines-Warneton. Il est en effet question d’une mise à 90 km/h (au lieu de 120 km/h) du tronçon allant du Pont du Badou (situé à la jonction de la R.N. 58 et de la Lys) au Moulin Soete (à la frontière de Comines-Warneton et Wervik en Flandre), lui retirant ainsi son statut type d’autoroute sur cette fraction. Pourtant, la R.N. 58 véhicule de nombreux enjeux : elle permet de relier le Nord de la France à l’A 19 en évitant Lille, et surtout, elle est le seul axe qui permette de désenclaver Comines-Warneton en raison de sa situation géographique très particulière.

    Cette idée a émergé en séance du Conseil communal du 23 décembre 2015. Le bourgmestre Gilbert Deleu, actuellement empêché, y avait fait part de la volonté de la majorité d’opter pour cette solution, que rien n’avait à ce stade été décidé et que la décision revenait à Monsieur le Ministre.

    Plus tôt, au début du mois de décembre 2015, le bourgmestre expliquait par voie de presse que « le règlement de circulation [concernant la mise à 90 km/h de la R.N. 58] est en préparation (…) Il y aura un déclassement du statut d’autoroute. Le blocage venant de France est levé. Le préfet de Région a donné son accord ».

    La raison évoquée pour ce changement est la préservation des centres-villes et plus particulièrement de celui de Warneton, des charrois agricoles passant trop souvent et ayant déjà été à l’origine d’accidents mortels. En effet, la situation actuelle force de nombreux agriculteurs à traverser l’entité par les centres-villes pour se rendre, depuis les fermes distantes d’un rayon de quelque 40 kilomètres, à l’usine de produits de pommes de terres surgelées « Clarebout Potatoes » (basée à Nieuwkerke en Flandre, mais ayant un site de production important à Warneton) dans le but de décharger leurs pommes de terres. Le projet serait donc de permettre aux tracteurs et charrois agricoles de rejoindre plus rapidement et plus facilement l’entreprise susmentionnée en empruntant la RN 58 (sans vitesse minimale réglementée sur le tronçon en question).

    D’après nos informations, à l’occasion de la réunion publique de vœux de la section agricole locale de Comines-Warneton, il a été signalé que cette décision allait entrer en vigueur. Aussi, une réunion avec la Commission de sécurité de la Province de Hainaut a déjà eu lieu au SPW à Mons.

    La situation se profilant dans l’entité de Comines-Warneton est interpellante pour plusieurs raisons.

    Premièrement, le trafic routier (notamment des poids lourds) sur la RN 58 connait une nette augmentation les dernières années, comme en témoignent les statistiques de passages (comparaison des chiffres de 2004 et 2012, données de la Direction générale « routes et bâtiments »). Cette augmentation de fréquentation est due partiellement à l’implantation de l’entreprise « Clarebout Potatoes » en 2007, mais surtout au fait que le trafic international est détourné par la RN 58 afin d’éviter le périphérique de Lille. Limiter le tronçon à 90 km/h et permettre l’accès aux tracteurs me semble accidentogène, dès lors que de nombreux poids lourds voudront dépasser le charroi agricole sur cette voie à deux fois deux bandes.

    Deuxièmement, nombreux sont les habitants utilisant la RN 58 afin de rejoindre ou de quitter leur lieu de travail, domicile, école, etc. La RN 58, véritable épine dorsale de la Ville de Comines-Warneton, est la seule voie de communication rapide reliant Comines-Warneton vers la France et vers la Flandre. Déjà décentrée du reste de la Wallonie par sa position géographique, la Ville le serait encore plus.

    Troisièmement, à partir du lieu-dit « Moulin Soete », c’est-à-dire à la hauteur de la frontière territoriale et linguistique entre la Région wallonne et la Région flamande, la RN 58 devient une route automobile limitée à 90 km/h, sans berme centrale, entrecoupées de 4 ronds-points avant de déboucher sur l’a 19. Véritable goulet, ce tronçon est responsable d’interminables files, surtout aux heures de pointe, entravant la fluidité du trafic et désavantageant les très nombreux citoyens cominois se rendant à leur lieu de travail en Wallonie (vers Mouscron et Tournai) mais également vers Bruxelles ou vers la Flandre (par Courtrai).

    Finalement, la mise en place de la limitation à 90 km/h sur ce tronçon, d’une longueur non négligeable de 15 kilomètres, ne semblerait profiter qu’à la seule entreprise privée « Clarebout Potatoes ». Modifier la nature d’un bien public supposé profiter à l’ensemble des citoyens, pour le confort d’une entreprise privée, est déplorable et ne sert aucunement la population locale, ni le trafic routier national et international.

    En ce qui concerne les alternatives, notons qu’une première solution visant à prévenir le danger permanent de ce balai de tracteurs et remorques dans le centre-ville, avait été proposée au Conseil communal en février 2015 et approuvée par l’assemblée : la limitation à 30 km/h des routes du centre de Warneton, dans les deux sens, afin de sécuriser les voies et de permettre le passage du charroi vers l’entreprise « Clarebout Potatoes ». Cette décision avait toutefois été rejetée par le Service public de la Wallonie.

    Une seconde alternative serait de réaménager les voiries agricoles existantes longeant la RN 58 afin de permettre aux charrois agricoles de se croiser aisément, soit en élargissant les voiries agricoles, soit en prévoyant des zones de croisement. Notons qu’à part quelques dizaines de mètres à aménager, ces voiries sont existantes le long du tracé de la RN 58, même si ces dernières nécessitent des réparations vu le tonnage des tracteurs-remorques actuels se rendant à l’entreprise « Clarebout Potatoes ».


    Monsieur le Ministre peut-il m’informer sur l’avancement de ce dossier ? Une demande concrète a-t-elle déjà été déposée auprès de la tutelle ? Quelle est sa sensibilité par rapport à la mise à 90 km/h de ce tronçon de la RN 58, au lieu de la limitation de vitesse actuelle ? Un comptage actualisé de la fréquentation de la RN 58 sur le tronçon en question pourrait-il être réalisé dans les meilleurs délais afin d’obtenir des statistiques de circulation mises à jour (les dernières statistiques publiées sur le site de la DGO1 datent de 2004 et 2006, les dernières statistiques qui m’ont été transmises personnellement par la DGO1, mais non publiées, concernent l’année 2012) ?

    Le dossier proposé par la Ville de Comines-Warneton est-il susceptible d’aboutir ? Monsieur le Ministre compte-t-il trancher dans l’intérêt de la population ? Est-ce acceptable et possible, de la part d’un pouvoir local, de favoriser une entreprise privée de cette manière ? Peut-il proposer d’autres solutions ?
  • Réponse du 15/03/2016
    • de PREVOT Maxime

    Des contacts ont été pris avec La France en vue de rectifier la signalisation directionnelle pour privilégier le renvoi du charroi lourd vers la N58 et ainsi soulager le centre de Warneton.

    L’accessibilité des tracteurs à la N58 sera également de nature à désengorger les rues du centre-ville.

    À cet égard, j'informe que la N58 traversant l’entité cominoise n’est pas une autoroute, mais a statut de route pour automobile (Signal F9).

    Les comptages effectués entre Comines et Warneton font état de 10.260 véh/jour en 2006 et de 10.539 véh/jour en 2012, ce qui ne témoigne pas d’une augmentation sensible. De nouveaux comptages ne semblent donc pas nécessaires à ce stade.

    Une Commission provinciale de Sécurité routière (CPSR) s’est tenu le 28 octobre 2015. Elle s’est penchée sur l’accessibilité des convois agricoles à la N58.

    Elle a conclu à l’instauration pour la N58 du statut de route pour automobile « excepté charroi agricole » et à la limitation à 90 km/h sur toute la section entre Comines et Warneton, moyennant la prise de mesures d’accompagnement. Celles-ci consistent au marquage d’une bande pour véhicules lents et à la pose d’une signalisation d’avertissement de la présence de tracteurs agricoles.

    Une demande complémentaire de placement de radar est actuellement à l’analyse. Elle constitue un renforcement des mesures d’accompagnement de la réduction de vitesse à 90 km/h et a mon accord de principe.

    Je signale que la circulation d’engins agricoles sur ce type de voirie expresse à 2 fois 2 bandes est déjà autorisée sur la N4 et la N97, notamment, avec des densités de trafic bien plus importantes sans pour autant représenter des zones accidentogènes.

    Enfin, il convient de noter que se préoccuper de la problématique de passage de camions et engins agricoles en centre urbain relève bien d’une gestion publique et pas d’une affaire d’entreprise privée.