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La lutte contre l'hépatite C

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 650 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/02/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon un sondage réalisé par l'Institut de sodage IPSOS en collaboration avec des médecins et pour le compte de la société pharmaceutique Bristol-Myers Squibb, près de 65 % des Belges ne savent pas comment éviter de contracter l'hépatite C, pour laquelle il n'existe pas de vaccin contrairement à ce que pensent 75 % des Belges.

    Cette maladie touche environ 70.000 personnes dans notre pays et cause près de 300 décès chaque année. Un des problèmes est qu'à peine 42 % des personnes infectées savent qu'elles le sont selon les estimations des médecins qui rappellent que les symptômes peuvent parfois apparaître seulement après plusieurs années.

    Il est d'autant plus important d'être bien informé sur l'hépatite C que les traitements actuels permettent la guérison de plus de 90 % des patients.

    Par conséquent, dans le but de réduire le nombre d'infections voire de ré-infections, des médecins revendiquent une meilleure information sur cette maladie contagieuse, ainsi que des dépistages accrus.

    Notre Région est compétente en matière de prévention et de promotion de la santé à l'égard des adultes, et en ce qui concerne l'hépatite C Monsieur le Ministre a déjà rappelé que des campagnes de sensibilisation , de prévention et de dépistage sont menées par les opérateurs de promotion de la santé travaillant avec les publics les plus à risques (homosexuels, prostitués, usagers de drogues par voie intraveineuse).

    Il faut également mentionner le plan Hépatite C lancé par la Commission interministérielle santé de mai 2014.

    Eu égard à ce qui précède et compte tenu notamment de la demande formulée par de nombreux médecins, Monsieur le Ministre va-t-il renforcer structurellement la prévention et le dépistage de cette infection et, si oui, de quelle manière ?

    Comment se traduit le plan Hépatite C susmentionné sur le terrain pour ce qui concerne la Wallonie ?
  • Réponse du 15/03/2016
    • de PREVOT Maxime

    La participation au plan Hépatite C entériné dans le protocole d’accord « Plan VHC » signé par les ministres compétents en date du 21 mai 2014, il est démontré que la volonté des ministres signataires est de renforcer la prévention et le dépistage de cette infection.

    En outre, un autre protocole d’accord relatif à la prévention et découlant du protocole d’accord « maladies chroniques » aborde le thème de l’hépatite C et prévoit tant des mesures qui relèvent de la compétence des Communautés/Régions, que des mesures fédérales, que des actions conjointes. À ce jour, le texte n’est pas encore entériné. En effet, une fois encore, la volonté des ministres est d’éviter les risques pour la santé liés à l’hépatite C en menant simultanément, à différents niveaux de pouvoir, des actions qui se renforcent mutuellement. D’une part, les Communautés/Régions ont pour mission d’informer les groupes à risque et de fournir aux acteurs de santé et en particulier aux médecins généralistes, des lignes directrices pratiques sur les possibilités de dépistage. D’autre part, le Fédéral a pour mission de fournir un counseling adéquat et accessible, un diagnostic (précis) et le traitement (approprié) après un résultat anormal au dépistage, et de pourvoir à leur financement.

    Après une hépatite C, 85 % à 90 % des patients restent chroniquement infectés. Bien que la majorité des patients porteurs d’une hépatite C chronique restent asymptomatiques, 20 % peuvent développer une cirrhose endéans les 10 à 20 années suivant l’infection aigüe.

    L’hépatite C n’est pas une maladie à déclaration obligatoire et ne nécessite pas la mise en place de mesures de prévention directe. Elle est surveillée au niveau de l’Institut de santé publique (ISP) au travers des laboratoires vigies et d’une étude de séroprévalence.

    La séroprévalence est estimée entre 0,5 % et 1 %. Des données précises manquent et beaucoup de personnes sont ignorantes de leur statut sérologique (infecté ou pas).

    Afin de répondre à la question, il est nécessaire de rappeler l’historique du plan Hépatite C. En 2012, une série de recommandations provenant du KCE avaient été faites notamment :
    - sur base des études publiées de l'efficacité ou du rapport coût-efficacité, le dépistage du VHC dans la population générale n'est actuellement pas recommandé ;
    - sur base des études publiées de l'efficacité ou du rapport coût-efficacité, le dépistage du VHC chez les usagers de drogues injectables pourrait être envisagé. Toutefois, la décision de tester et de traiter ne doit pas être prise sans qu’un soutien social et psychologique soit mis en place. Un tel système de soutien, flexible et mobile, devrait viser à améliorer la sécurité des traitements et leur efficacité ;
    - compte tenu de l'important volume de tests pour les anticorps anti-VHC réalisés en Belgique, il est recommandé de rappeler à la communauté médicale la liste des indications appropriées pour les tests d'anticorps anti-VHC dans la pratique clinique.

    En 2013, à l’initiative du Ministre fédéral de la santé et suite au rapport KCE, un plan hépatite C a été rédigé dans le cadre du groupe de travail « maladies infectieuses» de la CIM santé.

    En 2014, la CIM Santé approuve le plan qui prévoit une série d’actions (22 exactement) articulées sur 6 axes stratégiques :
    - prévention,
    - dépistage,
    - traitement,
    - vaccination,
    - recherche,
    - suivi épidémiologique.

    Ce plan a été signé en mai 2014 et court normalement entre 2014 et 2019.

    Concernant les campagnes de sensibilisation, l’augmentation de la prévention des publics à risque, la sensibilisation des milieux connexes (médecins, centres de planning familial, etc.), les éventuels outils d’information pour la Police et le soutien aux associations, une première réponse est apportée ci-dessous.

    La prévention et le dépistage de l’hépatite C ont jusqu’ici été menés par les opérateurs de promotion de la santé qui travaillaient avec les publics les plus à risques : homosexuels, prostitués et prostituées, usagers de drogues par voir intraveineuse dans le cadre de la prévention du sida et autres IST.

    Ces publics sont largement sensibilisés à la problématique des hépatites et des dépistages sont proposés dans des lieux très proches des publics ciblés via des ASBL comme Espace P (personnes prostituées), Ex Aequo (homosexuels), Alias et Icare (jeunes prostitués masculins), etc.

    Ce travail de sensibilisation et de dépistage de proximité doit être poursuivi.

    La réduction des risques de contamination est un objectif très important, notamment via les comptoirs d’échange de seringues. Dans ce domaine, il est important d’assurer la continuité de l’activité et de son subventionnement : CAL Luxembourg (Libramont), Espaces Synapse (Mons), Namur Entraide SIDA (Namur), Destination (Dinant), sont ainsi venus rejoindre des structures plus anciennes, telles que le Comptoir à Charleroi ou Accueil-Drogues à Liège.

    Au-delà, les services spécialisés, dès qu’ils sont agréés, ont l’obligation à l’échelle européenne de remplir le recueil de données épidémiologiques TDI (Treatment Demand Indicator) qui reprend notamment des informations relatives aux pratiques d’injection (réutilisation et échange de seringues entre toxicomanes) et de façon optionnelle, des informations sur la séropositivité HIV, HCV, HBV.

    Par ailleurs, le travail en réseau, qui, idéalement, doit comporter des partenaires médicaux, devrait faciliter l’accès des patients déjà atteints par le virus de l’hépatite C, à un suivi médical spécialisé et un traitement antiviral susceptible de les rendre moins contaminants.

    La lutte contre l’hépatite C se poursuit donc au travers les activités des opérateurs que nous soutenons et au travers les protocoles y relatifs mis en place ou en cours de finalisation.