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Les discriminations à l'embauche vis-à-vis des femmes en surpoids

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 161 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/02/2016
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    La presse s’est émue ces derniers jours par un constat sans appel, outre les discriminations classiques rencontrées en matière d’embauche, les femmes sont aujourd’hui victimes d’une discrimination supplémentaire : leur surpoids.

    Outre le syndrome du plafond de verre, on constate que de nombreuses femmes à la plastique non stéréotypée rencontrent de nouvelles discriminations lorsqu’elles ont l’outrecuidance d’être en surpoids.

    J’aimerais donc demander à Madame la Ministre si elle est avisée de cette situation et particulièrement de cette discrimination nouvelle affectant les femmes ?

    Peut-elle quantifier ce phénomène ?

    Quelles solutions concrètes peuvent être mise en place pour tenter d’enrayer cette problématique ?
  • Réponse du 31/03/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Discriminer un ou une candidate à l’emploi pour des raisons liées à son physique est une pratique illégale, mais pourtant encore d’actualité. Selon le nouveau baromètre sur les discriminations à l’embauche publié le 15 février dernier par l’Organisation internationale du travail (OIT), 8 % des chômeurs interrogés déclarent avoir été discriminés à l’embauche du fait de leur apparence physique (10 % sont des femmes et 6 % des hommes). Ce Baromètre se base sur des déclarations, mais nous indique une certaine tendance. La discrimination à l’embauche constitue donc une réalité qui demande autant d’attention à l’égard des personnes discriminées, qu’une réaction vis-à-vis des personnes discriminantes.

    Les faits ici dénoncés concernent une discrimination liée à l’apparence physique, critère pourtant protégé par la loi du 10 mai 2007 et le décret wallon du 6 novembre 2008. S’il est légalement possible de signaler une discrimination portant sur le critère d’apparence physique qu’est la corpulence, il n’est pas toujours évident de le faire pour diverses raisons, telles que la méconnaissance de la procédure, la charge émotionnelle de la démarche, etc. Il s’agit, en outre, d’une discrimination difficile à prouver.

    Ce type de discrimination consiste à « classer » les individus suivant leurs caractéristiques physiques et à les traiter différemment suivant cette distinction. Les standards physiques à suivre, de plus en plus véhiculés dans notre société, influencent cette vision très stéréotypée.

    En termes d’expertise en la matière, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, et UNIA (nouvelle appellation du Centre interfédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme) peuvent venir en aide aux personnes victimes de discrimination sur la base des critères protégés par la Loi. À titre indicatif, pour la Belgique et sur la période 2012-2014, Unia a recueilli huit signalements de discrimination dans l’emploi sur la base du surpoids (5 hommes et 3 femmes). Pour la période 2014-2015, la FEC (Formation Education et Culture) et le CEPAG (Centre d’Éducation populaire André Genot), organisations émanant des instances syndicales et partenaires du Consortium Diversité soutenu par mon département, ont, quant à elles, analysé des situations de discrimination en lien avec le surpoids (trois situations pour la FEC : 2 femmes et 1 homme et trois situations pour le CEPAG : 2 hommes et 1 femme).
    Malgré le peu de données disponibles, force est de constater que ce type de discrimination est une réalité dont il faut se saisir pour combattre ce phénomène.

    Le rôle important de ces deux organisations est parfois encore peu ou mal connu, mais le déploiement prochain d’antennes locales permettra à Unia de disposer d’une offre de services plus proche du citoyen.

    Le travail continu mené par et avec les acteurs wallons de la formation et de l’insertion socioprofessionnelle portant sur les stéréotypes et les préjugés doit évidemment être poursuivi, tant que les discriminations ne seront pas complètement endiguées.