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La pauvreté infantile

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 668 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 02/03/2016
    • de DAELE Matthieu
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En Belgique francophone, une enquête de Solidaris révèle que 30 enfants sur 100 vivent dans une famille « pauvre ». La notion de pauvreté s’objective au départ d’une recherche de la Fondation Roi Baudouin : en Belgique, en 2014, le seuil est fixé à 2.100 euros net/mois pour un couple avec deux enfants et à 1.600 euros net/mois pour une famille monoparentale avec deux enfants. On sait donc que 30 % des jeunes enfants vivent aujourd’hui dans des familles proches de la précarité, ce qui en fait selon l’Unicef « un des taux de pauvreté infantile les plus élevés d’Europe ». On sait aussi que 23 % des parents assurent ne pas pouvoir boucler leur budget sans être à découvert ou craignent clairement de basculer dans la précarité. Parmi eux, les trois quarts sont issus d’une famille pauvre au sens comptable du terme.

    La pauvreté, selon Solidaris, n’est pas qu’une question de revenus, elle forme « un écosystème, un ghetto d’exclusion sociale » , où la précarité est à la fois la cause et le symptôme de la déshérence sociale. La pauvreté par exemple est intimement liée au niveau d’instruction : pour la moitié des parents classés parmi les familles démunies (48 %), le diplôme le plus élevé est celui du secondaire inférieur ou de l’école primaire.

    Par ailleurs, plus de deux tiers (68 %) de ces parents ont connu une ou plusieurs périodes de chômage au cours de leur vie tandis qu’au moment de l’enquête, dans une famille pauvre sur quatre, les deux membres étaient sans emploi. Surtout, ils sont près de quatre sur dix à avoir connu un chômage cumulé supérieur à un an « ce qui est le signe d’une pauvreté persistante ».

    Le poste logement confirme la situation : alors que sur l’ensemble des personnes sondées près de 60 % sont propriétaires de leur maison ou appartement, parmi les familles pauvres ils ne sont plus que 23 %, ces dernières pointent au passage la piètre qualité de leur logis. Elles sont en outre deux fois plus nombreuses à constituer une famille monoparentale (15 % versus 7 % dans l’échantillon total).

    La pauvreté de ces ménages est certes monétaire, mais elle entraîne de lourdes conséquences sur les conditions de vie, le capital social, le capital culturel, et ce dès le plus jeune âge. La mutuelle pointe aussi un processus de reproduction de la situation sociale : environ la moitié des familles pauvres craignent de ne pouvoir payer des études à leurs enfants, de ne pouvoir leur offrir des conditions de vie décentes, de ne pouvoir leur donner demain un coup de pouce financier.

    En fait, pour Solidaris, tout commencerait dès le choix d’un lieu de garde pour l’enfant. Dans les familles socialement défavorisées, les parents sont presque deux fois plus nombreux à garder eux-mêmes leurs bambins. Or, assure Solidaris, une socialisation précoce constitue un atout pour l’avenir.

    La difficulté des familles précaires ne s’arrête pas à la porte de la crèche. Quand elles choisissent malgré tout d’y mettre leurs bambins, elles constatent d’abord combien la mixité sociale est peu importante. Elles pointent aussi la condescendance du personnel.

    Quelle est la position politique de Monsieur le Ministre par rapport à ce constat alarmant? Que met-il en place pour diminuer ces constats ?
  • Réponse du 15/03/2016
    • de PREVOT Maxime

    La problématique de la pauvreté infantile peut être abordée au travers des compétences de différents Ministres du Gouvernement wallon et se décline aussi dans différents plans, en cours ou en chantier.

    L'honorable membre l’a cité, le plan wallon de lutte contre la pauvreté 2015-2019 a été adopté par le Gouvernement wallon le 10 septembre 2015.

    Pour ce qui concerne plus particulièrement les enfants en tant que public cible, il m’appartient de coordonner le plan d’action portant sur les droits de l’enfant.

    A cet effet, j'informe que le Gouvernement wallon a marqué accord, ce 18 décembre 2015, sur la proposition de note que j’ai déposée concernant la méthodologie à adopter en vue de l’élaboration de ce plan.

    Ce plan sera transversal et chacun des ministres régionaux veillera à y intégrer les mesures qu’il jugera prioritaires. Le travail de coordination du plan sera assuré par mon cabinet qui s’adjoindra l’expertise de l’OEJAJ (Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse) ainsi que de la Direction interdépartementale de la Cohésion sociale (DiCS) du Secrétariat général du Service public de Wallonie. Un réseau de référents « Droits de l’enfant » a en outre été créé au sein du SPW et des OIP wallons afin de faciliter cette coordination.

    Le plan devrait être adopté au cours du premier semestre 2016 et que l'honorable membre soit assuré que je serai attentif aux propositions qui me seront soumises par mes collègues du Gouvernement, que ce soit relativement à la construction ou l’extension de milieux d’accueil de qualité ou le soutien à l’accès à ces milieux d’accueil pour les plus démunis notamment par le biais des plans de cohésion sociale mis en place au sein des communes wallonnes.

    Enfin, je me permets également d'informer qu’au niveau national, un plan de lutte contre la pauvreté infantile, qui associe l’État fédéral et les entités fédérées, est en cours d’élaboration et que je serai particulièrement vigilant aux actions que la Wallonie pourra proposer en concertation avec les autres entités.

    Les référents wallons pour ce Plan de lutte contre la pauvreté infantile suivent également le Plan d’action Droits de l’enfant et le Plan wallon de lutte contre la pauvreté, de manière à garantir la cohérence de nos actions et de nos priorités.