/

Les initiatives pour la jeunesse au sein des sociétés de logement public

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 391 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/03/2016
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie

    Au vu des temps difficiles au niveau social, du décrochage scolaire qui prend de l’ampleur ou encore de l’abandon dans lequel certains jeunes peuvent se trouver, il me semble important de trouver tous les moyens possibles pour lutter contre ce fléau.

    Les sociétés de logement public ont également un rôle à jouer. Certes, les budgets sont limités, mais je peux témoigner de certaines initiatives qui existaient notamment dans ma commune. À Gilly, par exemple, une Maison de quartier constituait un point de ralliement et de cohésion sociale important pour les jeunes qui habitaient le quartier de la tour du Rambulant.

    Il est important que ces enfants ou adolescents ne se trouvent pas isolés dans leur cité. Car, si les noms des sociétés de logement public ont changé à Charleroi, il n’en reste pas moins que les problèmes sociaux sont toujours les mêmes aujourd’hui. C’est également le cas ailleurs.

    Les sociétés de logement public peuvent à mon sens être le lieu où l’on peut aussi lutter contre le décrochage scolaire par la mise sur pied d’écoles du devoir ou autres initiatives. À mon sens, cela rapprocherait les écoles des quartiers difficiles et impliquerait peut-être certains parents dans le processus d’apprentissage de leur enfant.

    Il serait aussi intéressant, en collaboration avec la ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de mettre sur pied quelques écoles de devoir dans les cités. Il semble que Mme Milquet a pour projet, d’ailleurs, de rendre plus efficace ce service dans le cadre du pacte pour un enseignement d'excellence.

    Monsieur le Ministre connaît-il des initiatives de Maison de quartier en Wallonie qui se déroulent au sein de sociétés de logement public ? Serait-il favorable à ce genre de projet ? Existe-t-il peut-être des projets qui s’en rapprochent ?

    Que pense-t-il de l’idée de rapprocher le milieu scolaire dans les cités sociales par l’entremise notamment des sociétés de logement social ? Ce projet serait-il réalisable à ses yeux ? Une collaboration serait-elle possible avec la ministre de l’Éducation ?
  • Réponse du 18/04/2016
    • de FURLAN Paul

    D’une manière générale, selon le 5e annuaire fédéral en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, un peu plus de 15 % (15,1 %) des Belges soit 1.652.000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté.

    Le rapport 2015 du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance révèle qu’en Wallonie, les chiffres sont alarmants puisque la pauvreté touche 1 enfant sur 4. L’Unicef souligne que la pauvreté atteint les enfants dans tous les aspects de leur existence et a des conséquences sur la santé, leurs chances de réussite à l’école, leur sécurité et leur confort.

    Comme le souligne l'honorable membre, le système éducatif belge a un rôle important à jouer, car des centaines de milliers d’enfants ne bénéficient pas des mêmes chances. L’Unicef met par ailleurs l’accent sur l’importance d’identifier les enfants plus vulnérables et les endroits où ils vivent afin qu’ils soient au centre des objectifs de développement durable (ODD).

    Le secteur du logement locatif public offre un logement à 96.497 familles, représentant 6 % de la population wallonne (Rapport SWL 2015). À divers égards, le profil des ménages locataires d’un logement public s’écarte du portrait type du Wallon moyen. Les locataires sociaux appartiennent en effet aux catégories socio-économiques les plus fragiles. Le pourcentage des ménages en situation de précarité voire de grandes précarités est en constante augmentation. En 2015, 78,8 % des chefs de ménages bénéficiaient de revenus de remplacement (personnes pensionnées, au chômage, bénéficiaires du RIS, de l’assurance maladie invalidité…) contre 68,55 % en 1994.

    Dans un contexte de précarité accrue, le logement public permet d’offrir un logement de qualité à ceux qui ne peuvent pas se loger au prix du marché et de satisfaire ainsi les besoins en logement des ménages par l’accès et le maintien dans un logement décent et accessible financièrement.

    Mais le logement est une condition nécessaire, mais non suffisante, l’accès au logement ne signifie pas la sortie automatique de la précarité. C’est pourquoi je soutiens aussi, comme l’évoque l'honorable membre dans sa question, que le logement est un facteur d’intégration au sens large, une « clef d’entrée », un « marchepied » qui peut favoriser aussi l’accès à d’autres droits. Le logement public a donc aussi une mission d’intérêt général qui favorise la cohésion sociale et un meilleur « vivre ensemble » en lien avec les autres acteurs publics ou associatifs (CPAS, communes, PCS, organismes de logement à finalité sociale, secteur de l’éducation permanente…).

    Les initiatives en Wallonie au sein du parc locatif public sont nombreuses et variées concernant les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Le concept de décentralisation d’actions sociales et éducatives au cœur des quartiers plus fragilisés est notamment en lien avec les politiques de cohésion sociale et de lutte contre la pauvreté auxquelles les sociétés de logement sont étroitement liées depuis de nombreuses années.

    Des initiatives orientées vers l’accueil de l’enfance, la formation, l’emploi, la santé, la culture, l’éducation permanente se multiplient ainsi au cœur des quartiers grâce au développement de nombreux partenariats publics ou privés favorisant une approche intégrée et inclusive au sein des villes et communes wallonnes…

    Voici quelques actions concrètes répertoriées au sein des sociétés de logement de service public. Les approches variées permettent d’aborder différentes dimensions pour répondre au mieux aux besoins détectés:

    * Des lieux d’accueil et d’activités parascolaires des jeunes enfants au cœur des logements sociaux :
    - Le Logis Châtelettain  dans le Hainaut en partenariat avec le Centre Coordonné de l’Enfance ASBL: crèche 0-3 ans, école des devoirs, structure d’accueil 3-12 ans : initiatives qui donnent des possibilités d’accueil, de rencontre, d’éveil, d’encadrement scolaire.
    - Un lieu d’accueil pour enfants de 0 à 3 ans au sein des quartiers du Roman Païs dans le Brabant Wallon en partenariat avec le CPAS de Tubize.
    - Des lieux d’accueil de la petite enfance (0-3 ans) au sein des quartiers de la Sambrienne dans le Hainaut en partenariat avec la ville de Charleroi et l’ASBL Entr’Enfants.
    - Une crèche 0-3 ans au sein des quartiers des Jardins de Wallonie dans le Hainaut en partenariat avec la commune de Seneffe…
    - Une école des devoirs au sein des quartiers de la Régionale Visétoise (province de Liège) en partenariat avec la ville de Visée.
    - Des lieux d’accueil de la petite enfance au sein des quartiers de la société Notre Maison dans le Hainaut en partenariat avec l’ASBL Crèche des Cigalons.
    - Une halte-garderie, une école des devoirs et animations diverses au sein des quartiers du Foyer Namurois en collaboration avec la ville de Namur.

    * Des Aides en Milieu Ouvert (AMO) : Services spécialisés d'aide de deuxième ligne destinés aux jeunes et subventionnés par la Communauté française. Les actions qui y sont menées sont d'ordre préventif et sont mises en place au sein du milieu de vie. :
    - L’AMO VISA-Jeunes installée au cœur des quartiers du Logis Châtelettain et de Sambre et Biesme dans le Hainaut soutient les projets des jeunes, apporte une aide dans les difficultés rencontrées (personnelles, administratives, scolaires, judiciaires, financières, etc.)
    - L’AMO Reliance installée au cœur des quartiers de la Régionale Visétoise afin d’y développer des activités pour le jeune public.

    * Des Maisons de Quartiers : Lieux d'accueil, d'échanges et d’éducation permanente. Initiatives qui visent à stimuler l’information, la communication, la formation, la créativité, la solidarité et la citoyenneté au sein du quartier. Prévenir les formes d’exclusion sociale et rendre possible une participation active des différents publics (jeunes, adultes, personnes âgées) dans l’interaction des cultures :
    - Au sein des quartiers d’A Chacun son Logis en partenariat avec la commune de Courcelles dans le Hainaut.
    - Au sein des quartiers de la Régionale Visétoise dans la province de Liège.
    - Au sein des quartiers de la Famennoise en partenariat avec le CPAS d’Hotton dans la province du Luxembourg.
    - Au sein des quartiers de Notre Maison en partenariat avec la ville de Beaumont dans le Hainaut à l’initiative notamment du PCS (Plan de Cohésion Sociale).
    - Au sein des quartiers de la société d’Herstal en partenariat avec l’ASBL La Préalienne.

    * Les Régies des Quartiers (ASBL) implantées au sein des quartiers d’habitations sociales de nombreuses SLSP depuis les années 90 : missions d’insertion socioprofessionnelle et de redynamisation des quartiers. Moyenne d’âge du public entre 18 et 25 ans.

    * Un Planning Familial au sein des quartiers de la société Notre Maison dans le Hainaut en partenariat avec l’ASBL Aimer.

    * Des projets spécifiques en lien avec l’insertion par le logement (article 132 du CWLHD): exemples d’actions concrètes:
    - ISSH à Binche dans le Hainaut en collaboration avec l’ASBL Solidarité-Logement : Mise à disposition d’un logement pour la réinsertion de jeunes filles en difficulté placées au préalable en institution (ASBL Notre Logis) par les Tribunaux de la Jeunesse.
    - Ourthe Amblève Logement (Province de Liège) en collaboration avec la Commune de Sprimont,

    Mise à disposition de logements afin de permettre à la commune de concrétiser son projet spécifique de mise en autonomie de jeunes de 17 à 25 ans.
    - Logivesdre (Province de Liège) en collaboration avec la Maison d’enfants de Verviers,
    Mise à disposition d’un logement dans le cadre de l’accueil et le suivi éducatif des jeunes en difficulté et accompagnement de leur famille.
    - Le Foyer namurois en collaboration avec l’ASBL Mentor Escale
    Mise à disposition de logements afin d’accueillir des mineurs étrangers non accompagnés (MENA : mise en autonomie).
    - Le Foyer namurois en collaboration avec le Centre El Paso
    Mise à disposition de logements afin d’accueillir des mineurs étrangers non accompagnés (MENA : mise en autonomie).
    - La société Nosbau (province de Liège) en collaboration avec Zentrüm für Förderpädagogik d’Eupen :
    Mise à disposition d’un logement dans le cadre d’un projet « Time out » - mise en autonomie de jeunes après l’internat.
    - Le Confort mosan (province de Liège) en collaboration avec l’ASBL Chemin Faisant :

    Mise à disposition de logements dans le cadre du projet de l’ASBL : permettre aux parents de mieux répondre aux besoins de leurs enfants et ainsi d’éviter des situations de maltraitance, de déstructuration de la personnalité et des violences institutionnelles représentées par le placement.

    Cette liste non exhaustive démontre la volonté des sociétés de logement de développer des initiatives à destination de la jeunesse en partenariat avec les diverses institutions et associations orientées vers ce public.

    À cet égard, j’attire l'attention sur l’importance du rôle pivot joué par le référent social œuvrant au sein de chaque société. Cette fonction est soutenue par le Gouvernement Wallon qui accorde une subvention annuelle aux sociétés pour le travail d’accompagnement social effectué au bénéfice des habitants en lien avec les partenaires publics et associatifs locaux. Les exemples d’actions concrètes reprises ci-dessus attestent de l’importance de cette mission qui permet d’assurer le lien entre les sociétés et les acteurs sociaux locaux dans une approche multidimensionnelle pour répondre au mieux aux multiples besoins des familles plus vulnérables et notamment des plus jeunes.

    D’une manière générale, il est important comme souligné dans la question de développer plus de politiques transversales avec le secteur de l’éducation, de l’action sociale, de la santé, de l’insertion au sens large pour répartir les efforts budgétaires et multiplier ainsi les actions préventives afin de renforcer les politiques de cohésion sociale et de lutte contre la pauvreté.

    La collaboration avec les services de la Fédération Wallonie-Bruxelles est donc la bienvenue.