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La présence de pesticides dans des produits labellisés bio

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 303 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 08/03/2016
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Selon une récente étude réalisée par Test-Achats, un contrôle a démontré que certains fruits dits « bio » sont porteurs de pesticides. Vingt-sept formes au total ont été détectées dont certaines proscrites à l’utilisation.

    Même si cette présence de pesticides était de quantité minime, ne dépassant pas les limites légales, il n’en demeure pas moins qu’ils sont nocifs pour la santé des consommateurs, alors que ceux-ci font confiance au label « bio ».

    On peut dire que l’appellation « bio » ne garantit plus l’absence totale de pesticides, ce qui s’apparente à une forme de tromperie pour les consommateurs.

    Toujours selon cette étude, des pesticides ont également été trouvés dans les pommes « pour enfants » et les « tomates bonbon ». Les enfants étant plus sensibles que les adultes à ces substances chimiques, ces résultats sont assez déconcertants. Plus globalement, c’est notre état de santé et celui de notre écosystème qui sont en jeu.

    Comment expliquer ce constat ?

    Des chiffres permettent-ils de contrôler l’utilisation des pesticides dans le secteur agricole wallon ?

    Comment garantir aux consommateurs, qui souvent payent les produits issus de l’agriculture biologique plus chers que d’autres, que de telles altérations ne puissent plus avoir lieu à l’avenir ?
  • Réponse du 25/03/2016
    • de COLLIN René

    Au vu des réactions que suscite l’article auquel l'honorable membre fait référence, je voudrais d’abord largement nuancer le constat alarmant que d’aucuns en retiennent.

    Tout d’abord, cet article n’a pas pour objectif de comparer différents modes de production, mais bien de réaliser des analyses de résidus sur des fruits largement consommés en Belgique, à savoir les pommes et les poires. L’article donne également une information relativement exhaustive sur les normes en matière de résidus de pesticides, les différents indicateurs utilisés pour juger de la sécurité alimentaire des produits mis sur le marché, la question des résidus multiples, etc.

    Pour ce qui concerne plus spécifiquement la production bio, notons que les fruits analysés sont au nombre de trois pommes et quatre poires, ce qui est loin d’être un échantillon représentatif pour généraliser les conclusions de ce que je qualifierais de coup de sonde. Les résultats font apparaître que les fruits bio analysés soit sont totalement exempts de résidus, soit présentent des traces infimes d’un nombre limité de résidus. Aucun d’entre eux ne contient des quantités élevées de résidus, ni de cocktail de ceux-ci. Comme le précise également l’article, des traces de pesticides peuvent être détectées en raison de contamination croisée ou de pollution environnementale par des matières actives persistantes. Ces traces peuvent difficilement laisser suspecter l’usage de produits interdits.

    Le chiffre de 27 pesticides identifiés porte d’ailleurs sur toute l’étude, et pas spécifiquement sur les fruits bio. N’ayant aucune information ni sur la nature de chaque substance retrouvée ni sur leur quantité, il est impossible de se prononcer sur l’origine des produits phytopharmaceutiques retrouvés et sur les risques qu’ils pourraient engendrer.

    Sur la question du contrôle et de l’attente des consommateurs de produits bio, je rappelle qu’en Wallonie le nombre d’analyses effectuées chaque année correspond à plus de 60 % du nombre d’opérateurs certifiés alors que la réglementation européenne fixe le minimum à 5 %. Lorsque la présence de pesticides est détectée, que ce soit au champ ou sur les produits récoltés, une investigation est systématiquement menée pour en déterminer l’origine. Et lorsque le seuil de 1,5 fois la limite de détermination est dépassé, la production ne peut plus être commercialisée sous le label bio.

    Ceci étant, je souhaite que la réglementation européenne qui établit le cahier des charges bio soit renforcée et harmonisée sur ce point comme sur d’autres et c’est en ce sens que je me suis déjà exprimé sur le projet de nouveau règlement.

    Je tiens à souligner que les tomates bonbon et les pommes pour enfants sont des initiatives de marketing pour promouvoir la consommation de produits frais auprès du jeune public. La qualification « pour enfants » repose uniquement sur un calibre et une présentation adaptés, ce qui n’engage pas le produit à être exempt de résidus. La limite de résidus dans les aliments pour bébés qui est citée ne s’applique qu’aux produits transformés destinés aux nourrissons. Cet encart met plutôt en question dans sa conclusion le problème de l’absence de normes plus strictes appliquées à des produits visant les jeunes enfants. Cette question relève de la compétence des autorités fédérales en charge de la santé et de la sécurité alimentaire.