/

La présence de pesticides dans des produits issus de la filière biologique

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 312 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/03/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    L'association de défense des intérêts des consommateurs Test-Achats a réalisé des tests pour contrôler la présence d'environ 500 types de pesticides dans 40 variétés de pommes et de poires vendues dans des supermarchés en Belgique.

    Les résultats de ces tests ont notamment montré la présence de traces de plusieurs pesticides dans 4 des 7 variétés contrôlées de fruits issus de la filière biologique, ce qui mène à la conclusion que même un label bio ne constitue pas systématiquement une garantie d'absence de pesticides, contrairement à ce que cela devrait être.

    On ne peut bien évidemment pas accepter cette situation qui trompe les consommateurs et vis-à-vis de laquelle des réponses doivent être apportées.

    Alors que le TTIP fait peser certaines menaces sur les normes de certification bio, et compte tenu des observations de Test-Achats, quelles initiatives peut prendre la Région pour que les consommateurs wallons aient la garantie que les produits bio vendus en Wallonie soient totalement dépourvus de pesticides et autres substances non autorisées ?

    La Région peut-elle adopter des normes complémentaires aux normes européennes dans cet objectif ? Dans l'affirmative, quelles mesures va prendre Monsieur le Ministre dans ce sens ? Des contrôles plus fréquents sont-ils envisagés pour les productions régionales ?

    Pour ce qui concerne les produits bio importés de pays tiers, Monsieur le Ministre a récemment indiqué que sa « ligne rouge est d’offrir aux consommateurs des garanties identiques quelle que soit l’origine du produit bio ». A-t-il des pistes concrètes pour assurer les mêmes garanties et, si oui, quelles sont-elles ?
  • Réponse du 24/03/2016
    • de COLLIN René

    Titrer que le label bio « n’offre aucune garantie » permet d’attirer l’attention, mais je voudrais fortement nuancer ce titre alarmiste.

    Tout d’abord, il faut rappeler que certains produits phytopharmaceutiques peuvent être utilisés sur les cultures conduites en agriculture biologique. Ces produits phytopharmaceutiques font partie d’un ensemble plus large appelé « biopesticides », et qui, bien que dérivés de composés naturels, sont aussi considérés comme des pesticides. La liste positive des substances actives autorisées en bio figure à l’annexe II du Règlement (CE) n°889/2008. La présence de traces de résidus de ces biopesticides autorisée sur les fruits, à condition qu’elles soient en dessous des limites maximales en vigueur, est donc possible. Mais l’article ne mentionne ni la nature de chacune des substances retrouvées ni leur quantité, que ce soit sur les produits bio ou sur les autres. Il est en conséquence difficile de se prononcer avec certitude sur l’origine de ces résidus.

    Ensuite, notons que parmi les fruits analysés, il n’y a que 3 pommes et 4 poires bio, ce qui est loin d’être un échantillon représentatif. En outre, les résultats font apparaitre que les fruits bio analysés soit sont totalement exempts de résidus, soit présentent des traces infimes d’un nombre limité de résidus. Aucun d’entre eux ne contient des quantités élevées de résidus, ni de cocktail de ceux-ci. Comme le précise également l’article, des traces de pesticides peuvent être détectées en raison de contamination croisée ou de pollution environnementale par des matières actives persistantes. Ces traces peuvent difficilement laisser suspecter l’usage de produits interdits.

    Les initiatives de la Wallonie en matière de contrôle existent depuis de très nombreuses années dans les dispositions contenues dans la base réglementaire wallonne, dont la dernière version date de 2010. Outre un nombre de contrôles et d’analyses largement au-dessus des minima fixés par la réglementation européenne, cet arrêté prévoit également la décertification des produits bio lorsqu’un certain seuil de pesticides détectés est dépassé.

    Concernant les produits importés, en cas de détection d’un problème, une investigation est menée en collaboration avec l’organisme certificateur de l’exportateur pour identifier la cause de la contamination et prendre une décision éventuelle de décertifier le produit. L’utilisation d’un produit comme ingrédient par un opérateur wallon n’est en tout cas pas autorisée en filière bio si des résidus dépassent les seuils admis chez nous.

    Les initiatives et normes complémentaires que l'honorable membre appelle de ses vœux afin de donner des garanties aux consommateurs sont d’ores et déjà en place, mais il est vrai que, dans le cadre des discussions qui ont actuellement lieu au niveau européen, je constate que l’harmonisation et le renforcement de la réglementation sur la production biologique ne sont pas des objectifs unanimement partagés. Je continuerai néanmoins à défendre des positions ambitieuses sur le sujet.