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Le manque de transparence du FOREm concernant ses statistiques

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 170 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 08/03/2016
    • de HENQUET Laurent
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le 25 janvier dernier, suite à un dossier paru dans Le Vif, j’interrogeais le ministre-président concernant l’absence d’une culture statistique en Wallonie.

    Ce dernier a tenté de relativiser la situation, mais admettait, tout de même, qu’il y avait des lacunes dans certains secteurs de l’administration publique wallonne et de ses OIP, dont le FOREm.

    Le ministre-président nous disait : « Je reconnais que, dans certains domaines, on pourrait faire mieux, en tout cas, en termes de mutualisation des données. Dans le domaine de l'emploi, par exemple, le FOREm collecte un très grand nombre de statistiques d'excellente qualité, mais il est vrai que celui-ci a tendance à les exploiter en interne et pas particulièrement en collaboration avec l'IWEPS. »

    Je souhaite donc poser les questions suivantes.

    Madame la Ministre confirme-t-elle les propos de Monsieur Magnette concernant le manque de communication du FOREm en ce qui concerne ses données statistiques ?

    Pourquoi le FOREm agit-il de la sorte ?

    Madame la Ministre compte-t-elle faire changer les choses à ce niveau ?
  • Réponse du 11/04/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Tout d’abord, le FOREm collecte effectivement un très grand nombre de statistiques. Ainsi, à côté des données relatives à l'état de la réserve de main-d'œuvre, des offres d'emploi, des  formations, chaque dispositif géré par le service public régional de l'emploi et de la formation produit aussi des données variées. Le transfert des nouvelles compétences à la Région représente, par ailleurs, un nouveau gisement de données.

    Depuis de nombreuses années et antérieurement à la mise en place de l'IWEPS, le FOREm publie mensuellement une série de statistiques relatives, notamment, aux demandeurs d'emploi ainsi qu’aux demandes de main-d'œuvre des entreprises. De plus, chaque service diffuse, au moins annuellement, un rapport statistique relatif aux dispositifs gérés : citons, à titre d’exemple le crédit-adaptation, les aides à la promotion de l’emploi (APE), le chèque formation, etc.

    Par ailleurs, afin d'en faciliter l'exploitation, Le FOREm fournit mensuellement tantôt des séries détaillées sous forme de tableaux croisés dynamiques permettant à l'utilisateur d'adapter lui-même les tableaux en matière d’offre et de demande d'emploi, tantôt des tableaux préétablis selon les prescrits du Gouvernement wallon établis en 2007 (Publication « Situation du marché de l'emploi »).

    En outre, au début de chaque mois, les derniers chiffres sur la demande d’emplois et sur les offres diffusées par Le FOREm durant le mois écoulé font l’objet d’un communiqué de presse largement diffusé par les médias.

    Dès lors, non seulement le FOREm communique largement les données régionales, mais il veille aussi à les contextualiser en y intégrant des sources statistiques externes (ICN, ONSS, INASTI, ONEM, Steeunpunt WSE …). L'Office produit, par ailleurs, des analyses via un plan de publications régionales et sous-régionales visant à faire ressortir de ces statistiques, les connaissances utiles afin de comprendre ou appréhender le marché du travail. Comparativement aux autres services publics de l'emploi de Belgique, qui ont aussi une mission de diffusion statistique, Le FOREm est reconnu pour la qualité et l'étendue de ce travail. À cet égard, le site « Horizon emploi » qui contextualise une série de données et de statistiques sur les secteurs d’activités, les métiers, les formations et études qui y préparent comme sur les offres d’emploi dans ces métiers, est fréquenté par plus de 90.000 personnes différentes par an.

    En outre, à côté de ce dispositif formel de publications, qui ne peut tout diffuser dans un souci de lisibilité, le FOREm dispose d'un service qui répond à chaque demande statistique qui lui est adressée. Ainsi, en moyenne, deux à trois demandes quotidiennes parviennent au service d'analyse. Celles-ci concernent des matières qui peuvent impliquer l'ensemble des dispositifs. Une personne prend alors contact avec le service adéquat pour disposer des chiffres demandés et du contexte d'utilisation. Les données sont analysées pour répondre à la question. Lorsque les données concernent des données relatives au respect de la vie privée ou permettant indirectement d'identifier des individus, un travail de recodage est réalisé. Les commanditaires peuvent être des particuliers, des entreprises ou des institutions.

    Enfin, des conventions d'échange de données avec un ensemble d'institutions sont d’ores et déjà d’application. Ainsi, en 2015, par exemple, les instances des « bassins enseignement qualifiant, formation, emploi », après signature d'une convention garantissant l'usage des données fournies dans le cadre de l'analyse des besoins, ont reçu l'ensemble des données de la formation professionnelle sur la base du format souhaité par elles.

    Au regard de ces faits, l'assertion du manque de communication et du « protectionnisme » que le FOREm réserverait à ses données mériterait d’être objectivée.

    Chaque personne ou organisation qui demande des données, des statistiques, dans les balises fixées par la loi relative au respect de la vie privée, en dispose, et qui plus est, au format qu'il souhaite, après analyse personnalisée de sa demande.

    Concernant les pistes d’amélioration, l'univers des données exploitables est si vaste que celles-ci sont bien entendu possibles. Elles concernent à la fois les modalités techniques et administratives d'échange ou de mutualisation.

    Ainsi, depuis plusieurs mois, le FOREm étudie la possibilité de diffuser des séries statistiques en mode « open data », sous la contrainte de la loi régissant les échanges de données.

    En outre, depuis plusieurs années, le FOREm et l’IWEPS échangnt des données et se concertent sur les études à mener. Annuellement au moins, un partage d’informations sur les travaux respectifs de chaque organisme en matière d’emploi et de formation a eu lieu. Depuis 2015, plusieurs travaux menés en collaboration entre l’IWEPS, le Service public de Wallonie et le FOREm sont menés à mon initiative, dans le cadre de l’Observatoire wallon de l’Emploi.

    Enfin, comme l'expérience d'une dizaine d'années dans la fourniture de statistiques relatives au marché de l'emploi et de la formation le montre, des personnes dédicacées à la réalisation de statistiques sont utiles pour répondre avec pertinence et rapidité aux nombreuses commandes des décideurs. Si une centralisation des statistiques est nécessaire pour alimenter un tableau de bord régional, un tel dispositif, même équipé de toutes les métadonnées requises, ne permet pas de répondre dans un bref délai avec objectivité, validité et pertinence à des demandes ponctuelles.

    Enfin, en tant que Service public de l’Emploi et de la Formation, la vocation première du FOREm est bien mettre en œuvre la politique du Gouvernement.

    C’est pourquoi, tant le décret fondant le fonctionnement de l’OIP que son contrat de gestion, donnent mission au FOREm de réaliser « l’analyse, la gestion et la diffusion de l’information et de la connaissance sur le marché régional du travail », incluant la production de statistiques.