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La psychiatrie sur smartphone

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 718 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/03/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Afin d'apporter une touche numérique à ses services, le Réseau santé Namur (RSN), qui traite les problèmes de santé mentale a pris contact avec le WeLL (Wallonie e-health Living Lab).

    Didier De Riemeacker, coordinateur du réseau, déclare "Les résultats sont prometteurs, nous visons le rétablissement des usagers en santé mentale par des outils technologiques. En cas de crise un patient pourra gérer les photos qui lui font du bien. Nous visons les pathologies psychiatriques. La volonté est clairement de soutenir les malades dans leur rétablissement.". « Le lancement d'une identification biométrique évitera qu'une personne vienne chercher plusieurs cartes de distribution de nourriture ».

    Glorys Santana Tapia, product manager chez Axa Assistance, déclare « En vue d'une commercialisation en Belgique, Axa est venu tester une offre de télémédecine auprès d'utilisateurs du monde hospitalier wallon, cette assistance à domicile devrait permettre une diminution de 50 % des hospitalisations pour les malades chroniques ». Notons que ce projet bénéficie d'un financement public de 800 000 euros pour deux ans.

    Quel est l'avis de Monsieur le Ministre concernant cette éducation dans les thérapies des maladies mentales ?

    Est-ce plutôt une innovation thérapeutique en faveur des patients de revalidation ou cela concerne-t-il les patients en phase aigüe de la maladie ?

    Je souhaite particulièrement savoir s'il s'agit également d'une innovation thérapeutique dont on pourrait transposer l'usage dans le traitement curatif (ou préventif) du tabagisme ou de dépendance à l'alcool.
  • Réponse du 01/04/2016
    • de PREVOT Maxime

    J’ai eu l’occasion de décrire la vision quant au cadre global du développement de la « mobile Health » (mHealth) en réponse à deux questions orales lors de la séance de la Commission de la santé le 1er mars dernier et m’y réfère donc. Une des deux questions orales portait également sur le WeLL (Wallonia e-health Living Lab).

    Je me permets également d’apporter certaines précisions. La deuxième citation que mentionnée au sujet d’une identification biométrique ne concerne pas le projet de psychiatrie sur smartphone, mais concerne un autre projet que le WeLL développe avec Médecin du Monde au sujet des programmes de nutrition. Il en va de même pour le projet développé par Axa Assistance qui vise quant à lui des projets pilotes autour de différentes maladies chroniques (MPOC, diabète, hypertension, …) à mettre en place avec des hôpitaux en région liégeoise. Enfin, les 800.000 euros dont faite mention l'honorable membre, concerne le financement du WeLL sur deux ans notamment pour la douzaine de projets sur lesquels il travaille.

    Quant au projet de santé mentale, concept qui est plus adéquat que psychiatrie, sur smartphone, un des objectifs de ces outils est d'aider les patients tant à maîtriser leur propre état de santé mentale, en décelant les signes avant-coureurs d'une crise par exemple, que de rester en contact avec leur réseau de soins et d'aide, formel et informel. Il s'agit d'un mouvement qui participe aussi, comme l'honorable membre l’aura compris, à l’empowerment des patients.

    La réforme de la santé mentale dite « PSY107 » ainsi que la nouvelle politique en santé mentale pour les enfants et les adolescents cherchent également à offrir des soins accessibles dans le milieu de vie des patients tout en leur permettant de garder un contact avec les services et institutions qui les prennent en charge. L'aide via un outil électronique comme le smartphone peut participer à cette logique et atteindre un public qui souhaite rester dans leur lieu de vie pendant la prise en charge, voire qui autrement n'aurait pas fait la démarche d'aller dans une institution de soins. Certains outils d'aide à distance ont été évalués et considérés comme efficaces par des équipes scientifiques, notamment dans le soutien au sevrage tabagique.

    À ce jour, je ne peux toutefois pas me prononcer sur l'efficacité des applications dont parle l'honorable membre. Certaines interventions à distance, d'après des études scientifiques, améliorent la situation des patients et amènent dans les soins en santé mentale des patients qui, sans cela, seraient restés à l'écart des soins. Ces outils peuvent contribuer à augmenter l'accessibilité des soins en touchant un public, souvent jeune, parfois difficile à atteindre. Cependant, tous les publics cibles ne seront peut-être pas intéressés par ces outils.

    Pour le surplus quant au caractère d’innovation thérapeutique, je me réfère à nouveau à la réponse que j’ai donnée aux deux questions orales. J’y parlais de la nécessité de réguler ces développements. Je rappelais que selon le livre vert de la Commission européenne, 9 des 20 applications de santé les plus utilisées transmettent des données à l’une des principales sociétés recueillant des informations sur les gens qui utilisent des smartphones et sur l’utilisation qu’ils en font. Je rappelais également qu’on y travaille au sein de la Conférence Interministérielle de la Santé.

    Le plan e-Santé 2013-2018, révisé en octobre 2015, prévoit le plan d’action 19 au sujet des applications mobiles en santé comme les smartphones. L’objectif est de convenir entre toutes les entités un cadre pour le développement et l’utilisation de la mHealth. Le caractère EBM (« Evidence Based Medecine) ne doit pas être perdu de vue de même qu’un des principes fondamentaux en médecine qui est « primum non nocere » (d’abord ne pas nuire).

    Enfin, lorsqu’il s’agit de santé mentale, tout comme de la santé somatique d’ailleurs, ces avancées technologiques, aussi efficaces seront-elles, ne devraient pas avoir pour effet de négliger la dimension relationnelle, fondamentale en ce domaine. La vigilance s’impose donc. C’était la conclusion de ma réponse aux deux questions orales : « ni résistance au changement, ni fascination technologique, mais usage responsable et pragmatique ».