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L'état des lieux en matière d'hydroélectricité

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 404 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/03/2016
    • de MAROY Olivier
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie

    L’Association pour la promotion des énergies renouvelables (APERe), qui assure la mission de Facilitateur hydroénergie pour la Wallonie, a compilé les statistiques 2015 d’installation hydroélectrique.

    On compte 135 centrales hydroélectriques en Belgique, dont 118 en Wallonie. L’ensemble de la filière belge totalise 105,33 MW. La production estimée en 2015 correspond à la consommation électrique de 81.000 logements. La très grande majorité en produit en Wallonie (104,2 MW). On voit bien que la Wallonie possède une richesse, un atout que nos voisins flamands n’ont pas.

    En 2015, 8 nouveaux petits sites ont été équipés, il s’agit essentiellement d’anciens moulins. Cette dynamique se poursuit, soutenue par un mécanisme de certificats verts.

    J’apprends aussi que d’importants travaux ont été réalisés sur la centrale d’Andenne afin de remplacer des turbines, pour un total de 9 millions euros.

    Je constate que les projets pour 2016 dans ce secteur ne manquent pas. Monsieur le Ministre pourrait-il faire le point sur les objectifs hydroélectriques des trois prochaines années ? Combien de projets sont-ils à l’étude ou en voie d’être finalisés ? Pour quelle puissance ?

    Combien d’anciens moulins pouvons-nous compter en Wallonie ? Ces projets préservent-ils la faune et la flore ? Qu’en est-il de l’évolution de la technologie ?

    Pour les micros centrales, n’a-t-on pas des solutions innovantes permettant d’accroître ce type de production ? J’ai entendu parler récemment d’une start-up dans le nord du pays (Turbulant), spécialisée pour les petits cours d’eau. Le frein classique des dommages aux poissons serait contourné via un système de vortex et de pales non coupantes. Monsieur le Ministre y voit-il une opportunité d’investissement pour la Wallonie ?
  • Réponse du 31/05/2016 | Annexe [PDF]
    • de FURLAN Paul

    En ce qui concerne l’hydroélectricité de grosse puissance, les sites encore non exploités sont principalement situés en haute Meuse (entre la frontière française et Namur), sur la haute et la basse Sambre (entre Solre-sur-Sambre et Namur) et sur l’Ourthe navigable. Ces sites présentent des hauteurs de chute inférieures (de l’ordre de 2 à 3 m) et n’ont pas été équipés en l’absence de solutions techniques actuelles et appropriées pour exploiter ces basses chutes. 21 sites existants et exploitables sur les voies hydrauliques ont été identifiés par la SOFICO (gestionnaires des voies hydrauliques wallonnes) et sont repris dans un programme d’équipement (Il s’agit respectivement des sites de haute Meuse : Hastière, Waulsort, Anseremme, Dinant, Houx, Hun (maintenant équipé),Rivière, Tailfer et La Plante. En basse Sambre : Monceau, Marcinelle (maintenant équipé), Montignies, Roselies, Auvelais et Salzinnes. Sur l’Ourthe navigable : Chanxhe, Fêchereux, Tilff, Colonster, Streupas et Grosses-Battes). Les recommandations du rapport sur les incidences environnementales ont été adoptées le 12 juillet 2013 en CA de la SOFICO.

    Pour la Basse Sambre et la Haute Meuse, la SOFICO avait procédé à des appels à concessions avant la rédaction du RIE (rapport d’incidence environnemental). Les sites ont été concédés respectivement à la Société HydroB de Esneux pour la Sambre et la Société Energie Fleuves de Nandrin pour la Meuse. Des sites pilotes ont été installés respectivement en avril 2011 à Marcinelle et en avril 2013 à Hun et validés techniquement, notamment par rapport à la contrainte d’effacement des installations en cas de risque inondation.

    Sur l’Ourthe, la décision de notification des sites de Grosses-Battes et de Chanxhe a été communiquée en juin 2015 à la société HydroB par la SOFICO. Le droit d’exploiter les chutes au droit des structures des barrages à la navigation sera concrétisé par la conclusion de concessions de services publics pendant 20 ans (fourniture, installation et exploitation de centrales, moyennant redevances).

    Le potentiel total supplémentaire est estimé sur la Meuse à 52 GWh, sur la Sambre à 9 GWh et sur l’Ourthe à 10 GWh. Suivant les acteurs ayant obtenu les concessions, l’ensemble de ces sites pourrait être équipé à l’horizon 2020.

    Sur les sites historiques sur voies hydrauliques (plus grosses puissances et hautes chutes), des rénovations de machines permettant d’augmenter la quantité d’énergie produite par l’usage de nouvelles technologies sont envisagées, comme ça a été le cas à Lixhe et Andenne tout récemment. Un gain de rendement peut donc être réalisé par le revamping d’équipements existants parfois vétustes (roues, alternateur, mécanisme de transmission, régulation,…). Ce gain est estimé à 5 % de la puissance sur l’ensemble des centrales historiques (soit 5,6 MW correspondant à une production de 18 GWh).

    Sur les voies non navigables, on estime que plusieurs centaines de sites pourraient être réhabilités à l’horizon 2020 sur les voies non navigables:
    - La mise en production du Barrage du Lac des Doyards à Vielsalm pour une puissance estimée de 240 kW et une production annuelle attendue d’environ 650 MWh est planifiée par la Commune de Vielsalm dans le cadre de son PCDR ;
    - Sur quelques sites jusqu’à 50 kW, principalement sur la Vesdre ou le Hoyoux, pour une puissance de 400 MWh environ ;
    - Sur des petits sites (de type anciens moulins, généralement jusque 10 kW de puissance), à hauteur de 0,05 GWh de production supplémentaire sur base annuelle jusque 2020. L’inventaire des sites hydroénergétiques de la Région wallonne, compilé dans les années 1990 par l’APERe à la demande de l’Administration de l’Énergie, fait état de plus de 2500 sites ayant exploité l’énergie hydraulique en Wallonie. Bon nombre de sites ont disparu ou présentent des restes sans aucun intérêt. Parmi les sites restants et présentant un intérêt, certains sont toujours en fonctionnement et d’autres ont été remis en état sous l’impulsion des politiques de promotion des énergies renouvelables et grâce à la forte volonté des porteurs de projets. On estime que quelques centaines de sites pourraient encore être réhabilités.

    De l’analyse des dynamiques en cours, de l’état d’avancement et du calendrier estimé pour les installations dans les années à venir, il ressort que 433 GWh d’hydroélectricité pourraient être produits annuellement à l’horizon 2020.
    À l’horizon 2030, en considérant un potentiel supplémentaire réalisable, un total de 460 GWh pourrait être produit annuellement. Le potentiel technique serait alors presque atteint. L’AGW du 26 novembre 2015 TITLE fixe quant à lui respectivement les objectifs 2020 et 2024 à 420 et 448 GWh. Voir tableau en annexe.

    Les impacts environnementaux des centrales hydroélectriques sur les écosystèmes aquatiques et piscicoles sont à nuancer, car ils ne peuvent en aucun cas être généralisés à l’ensemble des installations. Il s’agit d’une activité plurielle de par :
    - le type d’installation : une roue présente moins d’impacts qu’une turbine ;
    - l’aménagement et position de la centrale dans le bassin hydrographique ;
    - etc, …

    De même, un barrage avec retenue d’eau a plus d’impacts sur l’environnement qu’une microcentrale au fil de l’eau qui constitue la quasi-totalité des centrales restant à développer. Quels que soient les types d’installations, tous les aménagements existent actuellement pour que l’activité soit réellement respectueuse de l’environnement et l’expérience belge et étrangère en la matière s’étoffent et évoluent : grilles fines, goulottes à la dévalaison, turbines ichtyocompatibles, passes à poissons à dimensionnement efficace et la connaissance des conditions d’exploitation optimales au niveau du débit réservé,...

    Les gestionnaires de cours d’eau au niveau régional imposent dorénavant aux porteurs de projets la mise en place de tels dispositifs et de telles conditions d’exploitation de façon systématique.

    La technologie utilisée pour produire de l’hydroélectricité en général est aujourd’hui très mature et des évolutions technologiques majeures ne sont pas attendues, quels que soient les couples débit-hauteur de chute (qui déterminent la puissance). Pour les petites puissances en particulier, la technologie utilisée est essentiellement la rénovation d’anciennes roues ou le placement de pico turbines.
    En ce qui concerne la toute récente turbine Turbulent, qui base son principe sur l’exploitation de l’effet Vortex, il convient d’attendre le retour d’expérience. Sur papier, il s’agit d’une solution attirante, mais beaucoup d’inconnues subsistent, principalement en matière de coût, de rendement et d’impact environnemental réel. Un premier site pilote a été installé en Flandre et devrait donner des résultats et la société prévoit de mener des tests piscicoles sur cette installation.