/

Le recyclage de verre issu de la démolition

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 663 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 16/03/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Selon la Fédération des entreprises de gestion de l'environnement (FEGE), 646.279 tonnes de verre ont été recyclées en Belgique en 2015, réparties en 353.500 tonnes de verre creux des ménages (bouteilles, bocaux, etc.) et 292.779 tonnes de verre plat d'entreprises (vitres, etc.).

    Selon les chiffres de la Fédération, l'utilisation de 1 kilogramme de groisil recyclé par les verriers permet d'éviter l'émission de 0,67 kilogramme de CO2, liée à la non-utilisation de 1,2 kilogramme de matières premières primaires. En conséquence, en Belgique, le recyclage du verre aurait permis d'éviter l'émission de 433.007 tonnes de CO2, soit l'équivalent de la pollution moyenne de quelque 250.000 voitures d'après la FEGE.

    Si la comparaison avec la pollution automobile s'avère approximative, elle n'en demeure pas moins intéressante pour apprécier une fois encore toute l'importance du recyclage.

    Bien qu'actuellement le recyclage du verre s'effectue déjà dans des proportions significatives dans notre région, la FEGE estime qu'il subsiste de la marge dans la mesure où les déchets de chantier demeurent encore insuffisamment triés. Selon son Directeur général, « chaque année ce sont quelque 50.000 tonnes de verre usé recyclable qui disparaissent dans les gravats » suite à des démolitions de bâtiments. Ajoutant que « le démantèlement sélectif des voitures pourrait lui aussi permettre d'accroître le recyclage du verre », pour une quantité dépassant les 5000 tonnes.

    Dans ce cadre, la FEGE estime qu'il faut imposer la collecte sélective du verre sur les chantiers, avec des contrôles appropriés. Pour le secteur automobile, elle estime que les démanteleurs automobiles devraient être incités à récupérer le verre des épaves, via une indemnisation dont le coût pourrait être pris en charge par les fabricants automobiles, à l'instar de ce qui est en vigueur pour les déchets d'équipements électriques et électroniques par le biais de la cotisation Recupel.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur le volume de verre récolté pour être recyclé en Wallonie ? Quel est le potentiel inexploité de verre non encore trié et recyclé, par secteur ?

    Que pense-t-il des propositions de la FEGE ? Quelles initiatives prend-il pour accroître le volume de verre recyclé ?
  • Réponse du 07/04/2016
    • de DI ANTONIO Carlo


    Le verre plat de la construction est généralement associé à des châssis en bois, PVC ou en métal. Le gisement régional de châssis en fin de vie peut être raisonnablement estimé à 30.000 tonnes/an.

    La quantité de verre issu de la construction au niveau national est évaluée à 74.371 tonnes en 2012 (Direction générale statistique - Statistics Belgium).

    En Wallonie, environ 400 tonnes/an de châssis sont traitées via une filière spécialisée dans le démantèlement de châssis (jusqu’à 98 % de valorisation). Dans d’autres filières, les châssis sont broyés pour séparer le verre, pour lequel nous ne disposons pas des résultats de recyclage.

    Le verre plat représente environ 35 % de la masse d’un châssis. Le gisement de verre plat séparé peut donc être estimé à environ 10.000 tonnes annuelles. La masse restante, environ 20.000 tonnes, est constituée essentiellement de bois imprégné, mais aussi d’une faible quantité relative de PVC, d’aluminium et autres métaux.

    Une certaine quantité de verre se retrouve dans des granulats recyclés. En estimant la quantité annuelle de granulats recyclés à 3.700.000 tonnes et en prenant une proportion moyenne en verre de 0,6 %, nous arrivons à environ
    22.200 tonnes de verre par an en Wallonie. Ce verre provient essentiellement de démolitions où les vitres sont mélangées aux inertes, mais également d’une partie des vitrages traités par des centres de tri et regroupement.

    S’il est presque impossible d’arriver à des chiffres exacts concernant les quantités de verre encore à recycler en Wallonie, on l’estime à quelques dizaines de milliers de tonnes par an concernant les rénovations et les démolitions. Les flux de déchets de verre provenant d’autres sources (chutes de découpes, de transformation, de production…)…sont plus importants, mais le taux de recyclage est plus élevé.

    Il y a surtout de l’intérêt de la part des entrepreneurs pour des systèmes de collecte ou de dépôt de châssis usagés. Le prix de traitement varie entre 60 et 120 euros HTVA la tonne (comparé au 130 – 150 euros HTVA la tonne pour le tout-venant).

    La Confédération de la Construction estime que le tri du verre plat sur chantier n'est pas toujours réalisable, par manque de place et pour la sécurité des ouvriers. Le développement de systèmes de collectes ou de dépôts de châssis est encore à développer pour offrir un maillage suffisant qui permettra de maîtriser les coûts.

    Pour favoriser un tri du verre plat/châssis usagés, l'obligation de réaliser un inventaire est prévue dans le futur Plan wallon des déchets dans le cadre de la démolition de bâtiments. La réalisation de cet inventaire par les maîtres d'ouvrage permettra aux entrepreneurs de proposer des solutions efficaces.

    Pour le secteur automobile, une étude du Vito a démontré un surcoût limité lié au démantèlement de verre issu des véhicules hors d’usage. En outre, divers opérateurs intervenants dans la chaîne de valeur du recyclage automobile ont développé des solutions technologiques innovantes pour permettre un recyclage de fractions minérales comprenant ces déchets de verre.

    D’autre part, le Gouvernement wallon a labellisé en 2015 un projet porté par le pôle Greenwin, appelé Rebinder, visant à maximiser le recyclage du polybutyral vinylique ou PVB (feuille de plastique utilisée en couche interne dans le verre feuilleté, tant dans le bâtiment que dans le secteur automobile) dans des applications industrielles d’ampleur suffisante pour absorber d’importantes quantités de recyclats. Ce projet de plus de 4 millions euros doit permettre, au travers de la valorisation du PVB, de faire croître automatiquement la valeur du déchet de verre, et impacter par effet rebond les détenteurs de verre feuilleté et les modes de gestion de ces déchets.., tout en permettant à des entreprises wallonnes de créer un produit innovant, respectueux de l’environnement, s’inscrivant pleinement dans la mouvance de l’économie circulaire que veut promouvoir la Wallonie. 

    On note clairement une volonté de l’industrie de transformation du verre de développer une meilleure valorisation économique des déchets de verre. L’industrie désire, en effet, s’approvisionner de plus en plus avec du groisil pour impacter positivement son bilan CO2.

    En conclusion, tant le verre plat que le verre automobile sont parfaitement recyclables et sont déjà régulièrement recyclés.