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L'emploi et les exclusions

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 180 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/03/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    L’ONEM a publié ses chiffres mensuels (janvier 2016), on y apprend qu’en décembre 2015, 377.830 chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emplois ont perçu une allocation en Belgique. Cela fait 47.560 personnes qui ont quitté les registres de l’ONEM en un an, soit une baisse de 11,2 % (chez les femmes (- 12,8 %), les jeunes de moins de 25 ans (- 20 %), en Wallonie (- 14,9 %)). Seule la catégorie de chômeurs de 60 à 65 ans augmente (+ 29,4 %), en grande partie dû au relèvement de 58 à 60 ans de la limite d’âge pour l’obtention d’une dispense d’inscription comme demandeur d’emploi.

    La baisse du chômage est souvent brandie comme une victoire par les politiques, mais les syndicats se chargent de les rappeler à l’ordre, car ils y voient en effet la conséquence des mesures d’exclusion du chômage prises sous les différents gouvernements (Di Rupo et Michel). L’ONEM a apporté, et ce pour la première fois, des chiffres sur l’ampleur de ces mesures d’exclusions.

    De janvier 2015 à novembre 2015 (chiffres annuels attendus pour mars 2016), il y a eu 28.407 personnes privées d’allocations d’insertion. Dans près de 6 cas sur dix, la baisse du chômage (sur les 11 premiers mois) est due au durcissement des règles, autrement dit seuls 40 % de cette érosion du chômage est due à la conjoncture économique.

    Au sud du pays, la baisse du chômage est constante depuis 18 mois.

    Certaines mesures, exclusion et recul de l’âge pour une demande de dispense comme demandeur d’emploi, ont fait grimper la demande d’emploi en Wallonie.

    L’embellie conjoncturelle (hausse du nombre de salariés et de l’activité intérimaire, accroissement du nombre d’offres d’emploi, diminution des faillites et des procédures de licenciement collectif) plus diverses mesures fédérales et régionales (meilleur accompagnement, reconversion. ) ont permis de la faire reculer plus encore, surtout chez les jeunes de moins de 25 ans.

    47.500 chômeurs en moins, est-ce une bonne nouvelle ? Oui, si ces gens ont pu trouver un emploi, non, s’il s’agit d’exclusion (sans autre perspective) ou de refus d’allocations d’insertion.

    J’ai l’impression que la baisse du chômage n’est pas corollaire d’une hausse de postes vacants, d’emplois ou de créations d’emplois nouveaux.

    En déplaçant le focus de la question du manque structurel d’emplois (notamment pour les personnes les moins qualifiées) vers la question de la responsabilité individuelle du chômeur (par ailleurs de plus en plus stigmatisé), n’évite-t-on pas de s’attaquer aux vraies questions, notamment celle de savoir comment le rebond économique se traduira en création d’emplois (notamment pour les candidats disposant d’un diplôme d’enseignement primaire ou secondaire inférieur) ?
  • Réponse du 21/04/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Le projet de réforme des aides à l’emploi, élaboré en concertation avec les partenaires sociaux et que je viens de présenter au Gouvernement, vise, précisément, en recentrant les politiques relatives aux groupes cibles sur trois publics prioritaires, à ce que les emplois créés puissent bénéficier à des demandeurs d’emploi qui présentent des difficultés structurelles à s’insérer sur le marché du travail, notamment par manque de qualifications ou d’expérience.

    Aujourd’hui en Wallonie, 235.952 demandeurs d’emploi sont inoccupés, soit 15 % de la population active. Parmi ces 235.952 demandeurs d’emploi inoccupés :
    - 46 % n’ont pas le CESS ;
    - 25 % ont plus de 50 ans et, parmi ceux-ci, 66 % ont plus de 55 ans ;
    - 21 % sont âgés de moins de 25 ans.

    C’est pourquoi le Gouvernement et les partenaires sociaux ont choisi d’identifier trois groupes prioritaires dans la réforme des aides à l’emploi.

    Pour les jeunes demandeurs d’emploi, une étude réalisée par le Bureau fédéral du Plan et publiée en décembre dernier conforte la corrélation entre niveau de qualification et probabilité de trouver un emploi. Il s’agit plus que jamais, en Région wallonne d’une priorité rencontrée par une aide de 3 ans pour les jeunes peu qualifiés (ne disposant pas du CESS ou assimilé) sans condition de durée d’inoccupation et pour les jeunes moyennement qualifiés (disposant au maximum du CESS ou assimilé) après une durée d’inoccupation de 6 mois ou plus. Cette aide s’élève à 500 euros par mois pendant les 2 premières années puis sera réduite à 250 euros pendant 6 mois et à 125 euros les 6 derniers mois.

    Selon les statistiques du FOREm, plus de la moitié des demandeurs d'emploi décrochent un emploi dans l'année qui suit leur inscription comme demandeurs d'emploi. Le taux est plus important pour les personnes les plus qualifiées et les plus expérimentées. C’est la raison pour laquelle une aide cible les demandeurs d’emploi les plus fragilisés inscrits depuis plus de 12 mois. Cette aide de 2 ans suit le même processus que l’aide « jeunes ».

    Enfin, pour les travailleurs âgés de 55 ans et plus, l’aide proposée par les partenaires sociaux cible l’insertion et le maintien à l’emploi des travailleurs de plus de 55 ans, dans le secteur privé marchand et consiste en une réduction des cotisations sociales à concurrence de 400 euros par trimestre, entre 55 et 57 ans, de 1 000 euros par trimestre entre 58 et 61 ans et de 1 500 euros par trimestre entre 62 et 67 ans. Le principe d’un plafond salarial conditionnant actuellement l’accès à cette aide sera maintenu.