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La classification des métiers en pénurie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 182 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/03/2016
    • de DUFRANE Anthony
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Lors de la dernière question que j'avais adressée à Madame la Ministre concernant la pénurie de certaines fonctions de chauffeurs, elle indiquait dans sa réponse que « les métiers de chauffeur poids lourds, chauffeur d'autocar, conducteur d'autobus et de cariste n'ont pas été détectés comme critiques ou en pénurie dans la dernière publication du FOREm portant sur les métiers en pénurie et les fonctions critiques en 2014, ni, d'ailleurs, au cours des années précédentes. »

    Elle complétait cette analyse en précisant que « d'un point de vue strictement quantitatif, la réserve de main-d'oeuvre disposant des compétences ad hoc, inscrite au FOREm est suffisante pour faire face à la demande des entreprises. »

    L'outil développé par le FOREm sur les métiers en pénurie étant une base utilisée à divers niveaux, comment est-il établi ?

    Sur quoi se base le FOREm pour déterminer quelles sont les fonctions critiques ou en pénurie ?

    À quelle fréquence est réalisée cette évaluation ?

    Cet outil tient-il compte des offres d'emploi gérées par les agences d'intérim, qui ne passent pas systématiquement par le FOREm pour la publication de leurs annonces ?

    Et qu'en est-il des besoins des employeurs qui ont recours à de la main-d'oeuvre étrangère ?
  • Réponse du 11/04/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Tout d’abord, pour une parfaite information, le rapport sur les fonctions critiques et les métiers en pénurie de main-d’œuvre, ainsi que les listes des années précédentes, sont accessibles sur le site du FOREm : https://www.leFOREm.be/chiffres-et-analyses/analyses-et-actualites/marche-de-l-emploi-wallon-analyses/fonctions-critiques.html

    Concernant la méthode employée afin de déterminer les fonctions critiques en Wallonie, l’approche se déroule en deux étapes à l’instar de ce qui se pratique dans les autres Services publics régionaux de l’Emploi du pays.

    La première étape de cette approche est assurée par les conseillers en recrutement du FOREm qui font un suivi des offres déposées dans l’année (à l’exclusion des offres d’intérim, de l’enseignement, de la mobilité interrégionale et des offres reçues par les autres Services publics de l’Emploi). Les conseillers interrogent les entreprises afin de savoir si elles ont trouvé le ou les candidat(s) recherché(s). Dans l’affirmative, le délai de recrutement est identifié ainsi que les motifs des difficultés de recrutement rencontrées. Dans la négative, les causes du non-recrutement sont analysées et l’offre est considérée comme non satisfaite.

    Sur la base des résultats de ce suivi, il s’agit, dans un premier temps, d’établir une liste de métiers s’appuyant sur les critères statistiques suivants :
    * Les offres présentant un volume inférieur à 20 postes suivis dans l’année sont exclues afin d’éviter de mettre en avant des situations anecdotiques rencontrées par quelques employeurs;
    * Le taux de satisfaction (le taux de satisfaction est le rapport entre le nombre de postes satisfaits, c’est-à-dire pour lesquels l’employeur a trouvé un candidat, et le nombre de postes proposés) pour les offres de chaque métier concerné. Pour qu’une fonction soit déclarée critique, ce taux doit être inférieur à la moyenne de l’ensemble des métiers (soit 92 % en 2014);
    * Le délai de satisfaction des postes. Ce délai doit être supérieur à la moyenne de l’ensemble des métiers (28 jours en 2014).

    Comme les autres Services publics de l’Emploi du pays, les fonctions critiques sont ainsi des fonctions, des métiers pour lesquels le taux ET le délai de satisfaction des offres, en regard des valeurs moyennes, sont considérés simultanément.

    La deuxième étape de cette approche consiste alors à confronter cette liste à l’avis des conseillers en recrutement du FOREm afin de confirmer ou infirmer la criticité du métier établie sur la base « statistique », ainsi que les origines des difficultés de recrutement.

    Afin d’identifier, parmi les fonctions critiques, les métiers en pénurie, deux indicateurs supplémentaires sont utilisés :
    - La proportion d’employeurs interrogés par les conseillers en recrutement qui signalent des difficultés de recrutement liées à un manque quantitatif de candidats.
    - Le ratio entre les « demandeurs d’emploi inoccupés au 31 décembre de l’année de référence et le nombre d’opportunités d’emploi gérées par le service public durant l’année de référence », qui doit être inférieur à 1,5.

    Dès lors, pour être considéré « en pénurie », un métier doit satisfaire à ces deux conditions supplémentaires à l’identification d’une fonction critique décrite ci-dessus. L’identification des métiers en pénurie et des fonctions critiques se base également sur les constats tirés dans les groupes d’analyse des métiers Job Focus.

    La méthode exposée réclame un nombre suffisant d’offres – par métier – pour rester significative. Ceci justifie, en plus de la nécessité d’éliminer les variations saisonnières dans le recrutement, d’analyser les offres de manière annuelle.

    La liste des fonctions critiques et des métiers en pénurie est ainsi établie chaque année et publiée au cours du premier semestre, ce depuis près de 15 ans. En effet, afin de pouvoir mettre en œuvre la méthodologie décrite ci-dessus, il faut, d’une part, attendre que l’année soit écoulée afin d’assurer le suivi des offres diffusées durant toute l’année et, d’autre part, il est indispensable de respecter un délai afin de permettre aux entreprises qui ont diffusé une offre, de recruter la ou les personnes recherchées.

    Par ailleurs, les offres déposées par les agences de travail intérimaire, en lieu et place de leur commanditaire (ou utilisateur), ne peuvent faire l’objet du suivi qualitatif opéré par les conseillers du FOREm et ne sont donc pas prises en compte.

    Néanmoins, depuis 2006, le FOREm publie un rapport relatif aux difficultés de recrutement en travail intérimaire sur la base d’une enquête réalisée auparavant par Federgon et, récemment, à l’aide d’un nouveau dispositif développé par le Service public de Wallonie, dans le cadre de l’agrément des agences de placement en Région wallonne.

    La mise en place de ce nouveau dispositif de captation des difficultés est maintenant terminée et le rapport pour les années 2013 et 2014 a été présenté à la chambre de concertation de la commission consultative et de concertation en matière de placement, le 25 mars dernier. Il sera dès lors disponible sur les sites internet du FOREm et du Service public de Wallonie.

    Enfin, le recours à la main-d’œuvre étrangère peut survenir quand une pénurie est constatée au niveau wallon ou national. À ce sujet, la liste des métiers en pénurie sert de base de travail au Service public de Wallonie pour l’octroi de permis de travail pour de la main-d’œuvre étrangère.