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La probable insuffisance de la reprise économique

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 86 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 30/03/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Selon les propos de Julien Manceaux, économiste chez ING dans l’Echo: « Il n’est pas garanti que reprise économique rime avec recul des inégalités (faute de redistribution et de réformes du marché du travail), Il semble que la Belgique soit à cet égard mieux protégée que d’autres pays. La reprise devrait être capable de continuer à tirer les inégalités vers le bas ».

    En France, ce n’est pas du tout le cas, pour l’heure elle a surtout profité aux hauts revenus.

    Après les revenus sur la richesse, ING s’est penchée sur l’évolution des inégalités en Europe et aux Etats-Unis, entre 2007 et 2013. Et en Belgique, durant cette période les inégalités y ont reculé.

    Devant ce constat, comment œuvrer pour que la reprise ne serve pas exclusivement à majorer la richesse des ménages à revenus aisés, mais aussi et surtout à absorber la pauvreté, voir à protéger mieux contre le risque de pauvreté ?

    Si l’effet de la reprise joue dans ce sens, tel que l’observent les experts d’ING, force est de constater que ledit effort est de très faible ampleur.

    En effet, à la lecture par exemple du rapport de la fédération des CPAS ou des travaux du mouvement wallon de lutte contre la pauvreté, il apparaît que la pauvreté (le rapport entre le revenu et le coût de la vie) gagne encore et toujours du terrain. D’où la question de savoir comment faire pour mieux faire profiter les pauvres et les moins qualifiés d’une reprise insuffisante à absorber sans autre dispositif de façon significative le taux de pauvreté ?
  • Réponse du 20/04/2016
    • de MAGNETTE Paul

    Tout comme l’honorable membre, j’ai pris connaissance de l’étude d’ING mettant en évidence les effets de la crise sur les revenus des ménages et, comme lui, j’ai particulièrement apprécié le constat de la relative stabilité des revenus intermédiaires en Belgique.

    Cette stabilité, nous la devons à nos mécanismes jouant un rôle d’amortisseur social qui contribuent activement au maintien d’un équilibre général.

    Leur bon fonctionnement a d’ailleurs été également souligné par une récente étude de l’Organisation internationale du travail (OIT). Celle-ci a montré qu’alors que la classe moyenne européenne fait l’objet d’une menace croissante au cours des dix dernières années, la Belgique fait exception. Grâce à sa sécurité sociale, elle dispose d'une classe moyenne « stable et prospère » ; une classe moyenne qui représente d’ailleurs 35 % de la population, contre 26 % au Royaume‑Uni.

    Au-delà de la sécurité sociale, c’est tout le modèle de gouvernance qu’il convient de saluer. Ainsi, dans son dernier rapport sur l’état de l’économie wallonne, l’IWEPS souligne que la relative stabilité sociale en Wallonie s’explique par un marché du travail bien encadré, un État social développé et un modèle de concertation sociale ouvert et participatif, fondé sur le respect mutuel et la recherche permanente du consensus.

    Malgré ces éléments, comme je l’ai rappelé lors du débat sur l’état de la Wallonie, la précarité reste indéniablement un enjeu majeur pour notre Région.

    C’est pourquoi j’accorde une grande importance à la mise en œuvre du Plan de lutte contre la pauvreté qui mobilise l’ensemble des membres du Gouvernement. Ce plan est particulièrement important dans ce contexte de crise économique qui se prolonge mais, structurellement, il doit aussi accompagner le tissu social et économique wallon dans la voie d’un retour du bien-être, par-delà la sortie de crise qui se profile.

    S’agissant enfin de la demande spécifique de mise ne place d’un dispositif transversal destiné à identifier l’impact de chaque décision prise sur le pouvoir d’achat, je tiens à rassurer l’honorable membre sur le fait que ces variables sont d’ores et déjà prises en considération dans toutes les notes présentées au Gouvernement.