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La santé des Wallons

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 786 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 31/03/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Les derniers chiffres du SPF Économie pour 2013 ont été repris et analysés par la presse concernant la santé des Belges. Leurs constats ne sont pas rassurants en ce qui concerne la Wallonie.

    On meurt par exemple moins de maladies cardiovasculaires et de cancers dans la capitale que dans le sud du pays. 62 % des Belges pensent à ce titre, selon une étude menée par l’UZ Brussel, être touchés, soit personnellement soit via un proche, par le cancer durant leur vie.

    Nous apprenions également que la proportion de suicides était la plus grande au sud du pays.

    Comment expliquer ce différentiel de santé entre la Wallonie et les autres Régions du pays ?

    Qu’implique ce différentiel sur le budget wallon ? Quelles sont les prévisions ?

    Quelle a été l’espérance de vie wallonne en 2015 ? En 2015, en France, celle-ci a baissé. Qu’en est-il en matière d’évolution sur les dernières années ? Qu’en est-il par rapport à la Belgique de manière générale ?

    Quel est le sentiment de Monsieur le Ministre sur le taux de suicide en Wallonie, particulièrement élevé comparativement aux autres Régions de Belgique ?
  • Réponse du 15/04/2016
    • de PREVOT Maxime

    Les causes de décès sont extrêmement stables depuis les années 90 avec trois quarts des décès expliqués par les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires. Les principales causes de décès sont les mêmes en Wallonie et en Flandre.

    La bonne nouvelle est que nous pouvons agir sur les facteurs de risques communs à ces différentes causes de mortalité par le biais d’une bonne qualité de l’alimentation, par l’apport en activités physiques, par la réduction de la consommation de tabac et d’alcool, par une amélioration des conditions de vie et de travail, par l’amélioration de la qualité de l'air, etc. Un plan global de prévention et de promotion de la santé en lien avec des priorités de santé publique sera mis en place pour remplacer l'ancien plan quinquennal de promotion de la santé.

    La régionalisation des matières de prévention et de promotion de la santé va amplifier les collaborations avec les matières régionales qui ont un impact sur la santé comme le logement, l'aménagement du territoire, l'environnement, etc. Il faudrait arriver à ce que les acteurs de ces domaines envisagent leurs impacts sur la santé comme on le fait pour l'impact sur le genre. C'est ce qu'on appelle le « health in all policies ». 

    En ce qui concerne le cancer, on estime que quatre personnes sur dix seront touchées à un moment de leur vie par cette maladie. Cependant, une sur deux en guérira ! La probabilité d'avoir un cancer est, en partie, liée à l'âge. Le vieillissement de la population vient donc augmenter le nombre de cas de cancer. Cela explique probablement les différences entre les régions.

    Des actions sont mises en place pour prévenir les cancers. Il existe des programmes spécifiques, comme pour le dépistage du cancer du sein et du cancer colorectal, mais aussi des actions en termes de lutte contre les assuétudes, notamment le tabagisme et l’usage abusif d’alcool.

    Pour plus d’informations sur la situation du cancer en Wallonie, on peut lire le document publié en 2014 par l’Observatoire wallon de la santé, « Le cancer en Wallonie ».

    En ce qui concerne le suicide, l’Observatoire wallon de la santé est occupé à actualiser les données disponibles en rapport avec le suicide et publiera au cours de l’année 2016 ces chiffres dans une publication plus générale sur la santé mentale et le suicide.

    L’Observatoire fera une série d’analyses qui sont nécessaires pour tenter de mieux comprendre le suicide en Wallonie. Il étudiera notamment les variations par sexe et par âge, mais également par les moyens utilisés, par province, ou encore par nationalité.

    Pour ce qui concerne les actions menées par la Wallonie, celle-ci met en place une nouvelle politique de santé mentale, globale et intégrée, qui vise à terme à couvrir tout le territoire et à pouvoir atteindre tous les jeunes qui en auraient besoin. Par ailleurs, elle finance le Centre de prévention du suicide « Un Pass dans l’Impasse » et le centre de Référence Info-Suicide dont la finalité est de réduire l’incidence du suicide en Wallonie. Mais ce centre n’existe que depuis deux ans et l’impact de ses actions est difficile à évaluer sur une si courte période.
    Une étude de l'Institut de santé publique (ISP) avance plusieurs hypothèses pour expliquer la différence de proportions du nombre de suicides. Une première explication est à mettre en lien avec le niveau socio-économique et la mortalité. Si on meurt plus et plus jeune en Wallonie, c'est parce que les conditions de vie et le niveau socio-économique des gens sont moins bons qu'en Flandre. Les chercheurs de l'ISP constatent que « l’inversion régionale en matière de mortalité est apparue en 1947, avant le déclin économique wallon, suggérant que d’autres facteurs […] sont aussi impliqués. » Et d’évoquer d’éventuelles différences culturelles ou environnementales et politiques : « Bon nombre de politiques de santé […] ont été régionalisées et cela a pu mener à des différences entre régions. »

    En ce qui concerne les implications sur le budget du différentiel entre la Flandre et la Wallonie, le rapport d'évaluation de la performance du système de soins de santé réalisé par le KCE, l'INAMI et l'ISP met en évidence les différences d'efficacité entre régions. La Wallonie doit par exemple travailler à un meilleur calibrage de ses politiques de prévention pour que l'argent ne soit dépensé que dans un groupe cible (pour le cancer du sein, par exemple). La prévention de l'obésité et la réduction des inégalités sociales de santé sont aussi pointées comme des domaines où la Wallonie doit s'améliorer pour augmenter son efficacité.

    Enfin, en Belgique, l'espérance de vie n’a pas diminué. Au contraire, l'espérance de vie à la naissance augmente continuellement chaque année. Elle augmente un peu plus rapidement pour les hommes que pour les femmes.

    L'espérance de vie des hommes wallons en 1997 était de 72,5 ans. Elle est de 76,7 ans en 2015. Ils ont donc gagné plus de quatre années d'espérance de vie tandis que les femmes en ont gagné 2,9 ans en passant d'une espérance de vie de 79,4 ans à 82,3 ans. L’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes se réduit légèrement chaque année depuis 1996.

    L'espérance de vie est meilleure en Flandre qu'en Wallonie (84,6 ans pour les femmes et 79,6 ans pour les hommes). L'avantage flamand a été présent dès les premières tables de mortalité établies par région, pour la période 1979-1982. À Bruxelles, l'espérance de vie est de 83,4 pour les femmes et de 78,1 ans pour les hommes.



    WALLONIE FLANDRE BRUXELLES
    TOTAL 79,5 81,97 80,9
    Hommes 76,7 79,6 78,1
    Femmes 82,3 84,6 83,4