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L'immeuble dit "Normandy" à Rixensart

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 804 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 01/04/2016
    • de RYCKMANS Hélène
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le Collège communal de Rixensart a délivré le 18 février dernier, un permis autorisant la démolition de l’immeuble dit « Normandy », dans le quartier du Lac. L’abattage de 46 arbres, dont certains anciens et très intéressants, est également autorisé. L’immeuble Normandy n’est pas classé, mais est néanmoins repris à l’inventaire du patrimoine.
    Au cours de la procédure d’examen de la demande de permis, la Commission royale des Monuments et Sites a remis, le 2 juillet 2015, un avis sans ambiguïté, totalement défavorable à la démolition et aux abattages : “Le bâtiment présente un intérêt patrimonial, son expression architecturale est caractéristique de Genval et de son histoire. C’était un lieu de villégiature privilégié par la bourgeoisie bruxelloise au tournant du siècle [...]. Tout doit être mis en œuvre pour conserver et pérenniser ce bâtiment, témoin de l’histoire de cette petite cité. De plus, le bâtiment ne présente aucun signe de dégradation, aucune preuve de la prétendue nécessité de démolition n’est apportée. L’implantation projetée entraîne l’abattage des arbres les plus intéressants du site (…) arbres anciens dépassant les 2 et 3 mètres de circonférence”. Quatre autres avis vont dans le même sens : celui de la Chambre provinciale des Monuments et sites, de la division Patrimoine de la DGO 4 et, à 2 reprises, du fonctionnaire délégué de la Région.

    Néanmoins, le collège a délivré le permis, se basant sur un rapport technique fourni par un expert mandaté par le promoteur qui conclut que la restauration ne serait pas raisonnable. Il faut toutefois remarquer que ce rapport a été établi dans l’hypothèse où le bâtiment serait transformé en 12 appartements de grand confort... ce qui n’était pas l’affectation la plus compatible avec la préservation du bâtiment.

    À ce sujet, dans ce même quartier du lac de Genval, le Musée de l’Eau et de la Fontaine, musée reconnu pour son originalité et son succès, se cherche des nouveaux locaux. Les autorités, tant communale, provinciale que régionale, reconnaissent l’importance de ce musée original et de grandes qualités et en soutiennent le fonctionnement. Il pourrait occuper le rez-de-chaussée du « Normandy », qui pourrait alors être préservé sans frais inconsidérés.

    Les circonstances ne sont-elles pas réunies pour que soit étudiée la faisabilité de cette opération qui permettrait à la fois de préserver le Normandy et de maintenir le Musée proche de ses racines historiques ?

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur ce dossier qui risque notamment d'engendrer la perte d'un patrimoine bâti ? Une concertation entre les autorités publiques et le promoteur ne s’impose-t-elle pas ?

    S'est-il concerté avec ses collègues, les Ministres Collin et Di Antonio, que j'ai également interpellé sur le sujet, afin d'attirer leur attention sur ce dossier et envisager des pistes de travail ?

    Dans l’attente, il serait évidemment important que la préservation du patrimoine soit assurée et que le promoteur accepte de postposer la démolition envisagée.
  • Réponse du 20/04/2016
    • de PREVOT Maxime

    Celle-ci, déclinée en plusieurs points, vise diverses compétences : les musées (qui relèvent de la Fédération Wallonie-Bruxelles), les arbres remarquables (dont l'abattage nécessite un avis du Département de la Nature de la DGO3) et le patrimoine.

    Je réponds donc sur le dernier volet, lequel est de mon ressort. L'ancien hôtel Normandy est inscrit à l'Inventaire du patrimoine de la Wallonie, mais n'a fait l'objet, à ma connaissance, ni d'une demande de classement ni d'une demande d'inscription sur la liste de sauvegarde, laquelle est une protection provisoire de maximum un an.

    Du fait de son inscription à l'Inventaire, qui consacre un premier niveau d'intérêt patrimonial, la demande de démolition du bien a fait l'objet d'un avis patrimonial, comme en fait état cette question, mais celui-ci est non contraignant, contrairement aux effets du classement. En effet, l'Inventaire du Patrimoine, qui concerne à ce jour plus de 50.000 biens en Wallonie, est un outil de connaissance et de sensibilisation. Il apporte une aide indicative aux communes dans la gestion de leur territoire en attirant l'attention sur les éléments patrimoniaux à préserver. Il ne permet toutefois pas au Ministre du Patrimoine et à son Administration d'intervenir dans la procédure en cours - et même finalisée depuis la décision du 18 février – qu'évoque l'honorable membre.

    Sauf erreur, cela fait une dizaine d'années que la maison de repos « Résidence du Lac » a cessé ses activités et qu'une nouvelle affectation est recherchée pour l'immeuble. En outre, le Normandy était déjà menacé à l'automne 2014, si ce n'est plus tôt, lorsqu'il a été racheté par une société immobilière, qui l'a jugé insalubre et impossible à réaffecter en logements selon les standards en vigueur. Je note que cet état sanitaire est contesté. Je suppose donc que, depuis ceux qui sont légitimement attachés à la préservation du Normandy, se sont mobilisés pour rechercher une alternative à la démolition, avec les autorités communales. S'agissant d'un bien non classé ni inscrit sur la liste de sauvegarde, ce sont ces dernières qui ont, dans ce dossier, pouvoir de décision.