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L'utilisation de la shisha en Région wallonne

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 840 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 13/04/2016
    • de LECOMTE Carine
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Une récente enquête commanditée par la Fondation Cancer sur le comportement tabagique au Grand-Duché de Luxembourg révèle que la consommation de tabac dans le pays s’est stabilisée par rapport à l’année dernière. Cette étude met en revanche en avant l’augmentation inquiétante du nombre de fumeurs de shisha au Grand-Duché de Luxembourg.

    L’étude montre notamment un intérêt de plus en plus important pour la shisha, qui attirerait désormais 5 % de la population, dont 24 % des 15-24 ans. Une mode de plus en plus inquiétante sachant que le narguilé sert souvent de porte d’entrée à la dépendance au tabac. La popularité de la shisha s’est développée depuis quelques années et elle est considérée à tort comme une alternative saine aux cigarettes classiques, notamment auprès des jeunes.

    Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer, souligne que «fumer la shisha est tout aussi dangereux et nuisible que fumer des cigarettes. Les substances cancérigènes formées par la combustion du tabac sont également inhalées lorsqu’on fume la shisha». Il est donc nécessaire de sensibiliser les jeunes sur les dangers de la pipe à eau et d'éviter qu'ils glissent dans une dépendance nicotinique et qu'ils ne commencent une carrière de fumeurs.

    J'en viens à mes questions.

    Des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l'utilisation de la shisha sont-elles menées en Région wallonne ? Dans l'affirmative, celles-ci s'adressent-elles particulièrement à un public jeune ? Dans la négative, envisagez-vous d'en organiser ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'indicateurs sur l'usage de la shisha en Région wallonne ( augmentation ou diminution du nombre de fumeurs de shisha ces dernières années) ?
  • Réponse du 26/04/2016
    • de PREVOT Maxime

    Comme l'honorable membre le rappelle, la shisha s’est popularisée ces dernières années en Occident. La shisha plaît aux jeunes, car elle permet, entre autres, de répondre à ce besoin d’identification au groupe (si important à cet âge). En effet, la consommation de la shisha comporte un aspect convivial. Concrètement, cela s’est illustré par l’ouverture de nombreux bars à shishas partout en Europe. Cette popularisation est préoccupante, et ce d’autant plus que les jeunes qui utilisent la shisha sont souvent mal informés, notamment par rapport aux risques de santé. Cette désinformation fait le jeu des industriels du tabac, qui peuvent cibler une population jeune, source potentielle de revenus futurs. Ceci rejoint ainsi les préconisations de l’Organisation mondiale de la santé qui considère que la shisha « constitue un risque sanitaire sérieux » et qu’elle « peut constituer une porte d’entrée dans le tabagisme pour un certain nombre de personnes, particulièrement les jeunes, qui sans cela n’auraient jamais commencé à fumer (6ème Conférence mondiale sur le tabac et la santé, OMS, mars 2015 ».

    Il est indiscutable que la shisha implique un risque pour la santé des consommateurs puisqu’elle produit, souvent en quantité plus grande, les mêmes substances toxiques et cancérigènes que la cigarette, dont les méfaits sont bien connus. Etonnement, beaucoup de jeunes paraissent peu ou mal informés au sujet des effets de la shisha sur la santé.

    L’eau de la shisha retient une partie de la nicotine et des goudrons sans pour autant piéger le monoxyde de carbone (CO) très toxique et cancérigène. La combustion de la shisha est plus douce que pour une cigarette, ce qui génère un plus grand dégagement de CO. En outre, on inhale fortement lorsqu’on fume la shisha. Ainsi, la fumée arrive très profondément dans les poumons.

    Des campagnes de sensibilisation ont été menées auprès des professionnels de la santé et du social ainsi qu’auprès des jeunes. Elles couvrent la Région wallonne, mais pas uniquement.

    En effet, dès 2009, une campagne de sensibilisation afin d’aborder l’usage de la shisha et du tabac à rouler en termes d’évolution des consommations a été menée dans le cadre du Fonds Assuétudes. Cette action initiée par la Coalition nationale contre le Tabac couvrait les 3 Communautés linguistiques de notre pays. Un communiqué de presse y a fait écho dans le contexte de la Journée mondiale sans Tabac. Dans ce cadre, un mini dépliant (Mini dépliant « Le tabac sous la loupe,… Un consommateur averti en vaut deux », Coalition nationale contre le tabac) a été réalisé. Il visait à rappeler que tous les produits du tabac (y compris la shisha) sont nocifs. Le but n’était pas de stigmatiser les jeunes consommateurs, mais bien de fournir une information neutre à propos des nouvelles tendances, des nouveaux usages (face à la crise, face à l’effet de mode. ), du sens de la loi (avertissement sanitaire, protection face au tabagisme passif) et des informations trompeuses en l’absence de contrôle et d’uniformisation des lois face aux nouveaux usages et produits mis sur le marché. Ce document a été diffusé auprès des écoles, des fédérations et clubs sportifs y compris les Centres ADEPS de même qu’auprès des services d’aide à la jeunesse, des maisons de jeunes, des maisons de quartier ainsi que des échevinats des sports, de l’enseignement et de la jeunesse tant à Bruxelles qu’en Wallonie.

    Grâce au soutien de la Région wallonne, le FARES développe (depuis 2010), des modules de formation et a édité à 1000 exemplaires une brochure intitulée « La shisha… Comment en parler avec les jeunes ? » (Brochure ‘La shisha… Comment en parler avec les jeunes ?’, FARES, 2010). Cette brochure est destinée aux professionnels de la santé, de l’éducation et du social afin de leur permettre de mieux connaître les usages et les représentations associés à la shisha, ainsi que de faciliter l’abord de ce thème avec les jeunes consommateurs. Cet outil est encore actuellement largement diffusé auprès des mutualités, des maisons de jeunes, des services AMO, des PMS et PSE, des internats, etc. Il est également proposé en ligne sur le site du FARES.  De même, un folder destiné au grand public (jeunes, parents adultes, etc.) intitulé « La shisha, mieux s’informer… » (Folder « La chicha, mieux s’informer… », FARES, réalisé en 2011 et réédité en 2015) a été élaboré.

    Concernant les indicateurs de la consommation de la shisha, on dispose de quelques chiffres sur cet usage en Région wallonne. En Belgique, une enquête menée en 2009 auprès de 1049 élèves âgés de 17 à 18 ans a montré que 54 % des 17-18 ans ont déjà fumé la shisha (Enquête sur la shisha auprès des jeunes, FARES, 2011).

    Concernant les fumeurs quotidiens, les taux sont heureusement bien plus faibles. D’après l’Enquête nationale de santé de 2013, 0.3 % des fumeurs quotidiens (de 15 ans et plus) seraient des fumeurs de shisha  (1,6 % chez les fumeurs quotidiens de 25 à 34 ans) tandis qu’en Flandre et à Bruxelles aucun fumeur quotidien n’est fumeur de shisha.

    Enfin, l’enquête de la Fondation contre le Cancer de 2015 permet de mettre en évidence les tendances récentes de consommation du tabac. La consommation des cigarettes ordinaires reste majoritaire (77 % en 2015, 72 % en 2014 et 75 % en 2013). Concernant la consommation du tabac via la shisha, cette enquête révèle une légère augmentation (6 % en 2015, 1 % en 2014 et 2 % en 2013) (Échantillons respectifs de fumeurs : n=546 en 2015, n=1006 en 2014, n=1024 en 2013). Malgré cette légère augmentation constatée, ce type de consommation reste encore marginal.

    Je reste attentif à l’évolution de ce mode de consommation du tabac et reste à l’écoute des éventuelles alertes des professionnels du secteur. Je ne manquerai pas, le cas échéant, de prendre de nouvelles mesures supplémentaires si celles-ci s’avéraient nécessaires.