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Les flux d'oiseaux migrateurs en 2016

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 403 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 13/04/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Début mars, les grues cendrées remontent d’Espagne vers la Scandinavie où elles se reproduisent dans la toundra arctique. En Wallonie, le couloir de migration des grues traverse la province de Luxembourg et l’Est de la province de Liège. Le temps d’une pause, les grues et d’autres animaux s’arrêtent sur nos territoires, ce qui permet d’en faire un certain bilan.

    Les coucous gris, les cigognes noires, les hirondelles rustiques et les canards sauvages sont les autres grands oiseaux migrateurs de Wallonie.

    D’autres espèces d’oiseaux migrateurs existent-elles en Belgique ?

    Espèce par espèce, l'administration de Monsieur le Ministre a-t-elle déjà des chiffres concernant leur migration pour la fin de l’hiver et le début du printemps 2016 ? Ces chiffres sont-ils normaux compte tenu des chiffres des années précédentes ?

    Eu égard au réchauffement climatique, assiste-t-on à des bouleversements dans les périodes migratoires de ces espèces ?
  • Réponse du 09/05/2016
    • de COLLIN René

    La migration est un mouvement saisonnier de certains oiseaux qui se déplacent entre une aire de reproduction et une aire d'hivernage. Sous nos latitudes, de très nombreuses espèces sont concernées par le phénomène des mouvements migratoires.

    Les observations relevées 2008 et 2012 montrent que, sur un total de 308 espèces régulières en Belgique :
    * 154 sont présentes uniquement durant la saison de reproduction. Elles passent l’hiver dans des contrées plus clémentes (le Coucou gris, le Rossignol Philomèle, les hirondelles, le Milan noir, le Busard cendré, la Cigogne noire, etc.) ou s’éloignent quelque peu en hiver de leur site de reproduction (le Rouge-gorge familier, le Moineau domestique, le Pic épeiche, la Chouette hulotte, etc.) ;
    * 62 espèces sont observables toute l’année, mais les populations hivernantes et les populations reproductrices ne sont pas les mêmes ; ces espèces suivent les processus migratoires classiques (les anatidés, le Busard des roseaux, la Grande Aigrette, le Bruant proyer, etc.) ;
    * 33 espèces se reproduisent plus au nord et ne sont présentes en Belgique qu’en hiver (le Cygne sauvage, le Garrot à œil d’or, le Harle bièvre, le Pipit spioncelle, la Grive mauvis, etc.) ;
    * Enfin, 59 espèces nichent dans le nord de l’Europe et hivernent dans le sud de celle-ci, si bien qu’elles ne font que survoler la Belgique ou y réalisent des haltes migratoires (la Grue cendrée, les limicoles, le Balbuzard pêcheur, le Héron pourpré, le Traquet motteux, etc.).

    Le suivi de la migration en vue d’en mesurer son intensité reste complexe, car diverses variables influencent ce phénomène. En effet, les conditions météorologiques, couplées à l’horloge biologique interne des oiseaux, déclenchent les phénomènes de migration vers - ou depuis - la zone de reproduction, déterminent les dates de passage, la durée de la migration et peuvent aussi influencer les routes migratoires.

    Certaines années, la migration se concentre sur un laps de temps très réduit de quelques jours pour certaines espèces alors qu’elle peut s’étaler sur plusieurs semaines pour d’autres espèces.

    Des fronts de mauvais temps peuvent aussi canaliser les oiseaux sur certains axes migratoires particuliers. Ainsi, certaines espèces migrent sur un front très large et diffus, on peut donc les observer en migration sur toute la Wallonie. D’autres espèces migrent de façon canalisée, en empruntant des couloirs naturels de migration qui se dessinent dans le paysage.

    En Wallonie, malgré la réalisation de suivis migratoires fiables par de nombreux bénévoles amateurs et coordonnés par mon administration, la production annuelle d’un indice relatif à l’intensité du flux migratoire reste délicat. La comparaison interannuelle des données récoltées reste difficilement interprétable tant les résultats dépendent de différents facteurs exposés ci-avant.

    L’intérêt de la compilation annuelle des données de suivis migratoires réside avant tout dans les analyses phénologiques (la phénologie est l'étude de l'apparition d'événements périodiques dans le monde vivant, déterminée par les variations saisonnières comme les dates de passage migratoire, de nidification, de mue chez les oiseaux), que l’on peut ensuite relier aux variables de l’évolution du climat. En travaillant alors sur du très long terme, on s’affranchit des variations annuelles qui ne sont pas liées au réchauffement climatique.