/

Le saumon wallon

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 404 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 13/04/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    70 saumons adultes ont été capturés dans le bassin de la Meuse en 2015. Du jamais vu depuis la disparition de cette espèce du paysage wallon il y a près de 80 ans. Parmi ceux qui gèrent le programme « saumon Meuse », personne n’ose encore crier victoire. Pour cause, le saumon n’est pas encore définitivement réimplanté en Wallonie. En effet, sans l’aide de l’homme, le saumon n’y survivrait pas encore.

    Quels éléments permettraient de considérer définitif le retour du saumon en Wallonie ?

    Quel regard porte Monsieur le Ministre sur le programme « Saumon Meuse » ?

    En Wallonie, quels sont les grands obstacles, tant naturels qu’humains, qui empêchent au saumon de pleinement s’établir en Wallonie ? Quelles sont les évolutions de ces obstacles sur les dernières années au regard des besoins du saumon ? Quelles mesures sont en cours et devraient permettre d’améliorer ceux-ci ?

    En 2016, combien de petits tacons devraient être relâchés dans nos eaux ?
  • Réponse du 13/05/2016
    • de COLLIN René

    Le projet « Saumon Meuse » vise la réintroduction du saumon de l’Atlantique dans le bassin de la Meuse, la restauration d’une population mosane naturelle et autoportante de saumons, mais aussi de truites de mer. Pour rappel, le cycle de vie du saumon atlantique s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres. Il naît en eau douce dans des rivières à courants rapides telles que l’Ourthe et l’Amblève, y séjourne un à deux ans avant de dévaler vers la mer où il continue ensuite sa migration vers le Groenland et les Iles Féroé. Après 2 à 3 années de croissance en mer, les adultes remontent les fleuves et les rivières pour rejoindre les zones de frayère où ils sont nés afin de s’y reproduire et d’y mourir pour la plupart.

    En 2015, dans la Meuse et certains affluents (Ourthe, Roer), on a observé 71 saumons adultes, principalement en Wallonie, et 53 truites de mer adultes. Les tests des empreintes génétiques réalisés par l’Université de Louvain-la-Neuve sur les saumons démontrent qu’ils sont tous issus des repeuplements de jeunes saumons réalisés 2 à 3 ans auparavant par le Service de la Pêche du Département de la Nature et des Forêts. Ces remontées d’adultes sont donc expliquées par ces repeuplements dans l’Ourthe, l’Amblève, la Lesse, etc., mais aussi par le succès des aménagements réalisés depuis 30 ans aux Pays-Bas et en Wallonie par les gestionnaires des cours d’eau pour permettre le franchissement par les poissons des grands barrages mosans.

    Grâce à la mise en place en 2009 du Conservatoire du saumon mosan à Erezée, les repeuplements de jeunes saumons ont progressivement augmenté en Wallonie, passant de 128.000 en 2010 à 530.000 en 2014. Pour 2016, on prévoit un repeuplement similaire à la période 2012-2014, soit environ 450.000 tacons et 55.000 smolts par an. Ceci démontre le succès de ce conservatoire public qui accueille aussi tous les saumons et truites de mer adultes en vue de leur reproduction artificielle et de leur revalidation pour leur permettre de nouvelles reproductions les années suivantes. Bien que les chiffres de remontée des saumons adultes en Wallonie soient encourageants, plusieurs obstacles doivent encore être franchis avant d’obtenir des populations mosanes naturelles autosuffisantes de saumon et de truite de mer.

    Par ailleurs, il faut continuer l’amélioration de la migration vers la mer des jeunes saumons qui sont encore trop souvent arrêtés par les grands barrages ou tués ou blessés dans les turbines des centrales hydro-électriques mosanes. Certaines solutions techniques permettant d’éviter ou de réduire ces impacts existent (modélisation des périodes sensibles de migrations couplées à des arrêts ciblés de turbinage, pose de grilles fines…). D’autres font l’objet actuellement d’intenses innovations (barrières comportementales, optimisation de la forme des pales des turbines…).

    Enfin, il faudra vérifier si toutes les conditions sont réunies pour permettre aux saumons de se reproduire naturellement dans nos rivières. Pour cela, il est prévu d’inventorier les frayères potentielles de plusieurs masses d’eau de l’Ourthe et de l’Amblève et de vérifier leur niveau actuel de fonctionnalité, notamment par des transplantations d’œufs fécondés dans les frayères naturelles identifiées. Quoi qu’il en soit, la reproduction naturelle du saumon en Wallonie ne sera pas réalisable dans l’immédiat.