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Les chiffres de la FGTB concernant l'augmentation du chômage

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 227 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 14/04/2016
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Dans un communiqué de presse, la FGTB annonçait que les chiffres du chômage étaient à la hausse.

    Selon la FGTB, si les chiffres des demandeurs d'emploi indiquent une baisse de quelque 32.500 personnes par rapport à 2015, il faut toutefois tenir compte du fait que 45.282 personnes sont privées d’allocations d’insertion.

    Voici le détail de ce nombre, toujours selon la FGTB :
    - 29.155 ont perdu leurs allocations d’insertion en 2015 ;
    - 833 nouvelles exclusions par mois sont prévues en 2016 (prévisions de l’ONEM) ;
    - 10.488 jeunes sont privés de leurs allocations parce qu’ils avaient 25 ans ou plus au moment de leur demande d'allocations ;
    - 3.140 jeunes de moins de 21 ans sont privés de leurs allocations parce qu’ils n’ont pas obtenu le diplôme minimum requis.

    Cela fait donc, si l’on suit la FGTB, une augmentation de près de 13.000 chômeurs.

    Ma question vise à savoir si Madame la Ministre confirme ou infirme ces chiffres. Quels sont les chiffres réels selon elle ?

    Si les chiffres de la FGTB sont avérés, cette situation était-elle prévisible ? Quels sont alors les moyens mis en place pour accompagner au mieux et/ou spécifiquement ces demandeurs d'emploi sur le chemin du retour au travail, de préférence de qualité et épanouissant ?

    La modification des aides à l'emploi contribue-t-elle à réduire ces nombres par une réelle et effective mise à l’emploi ?

    Enfin, qu'en est-il du sort réservé aux exclus ? Sont-ils toujours accompagné et suivis par les services du FOREm pour qu’ils récupèrent leurs droits au chômage ?

    En effet, même si le titre de chômeur n'est pas enviable, il est difficilement concevable d'insérer une personne qui est déjà exclue de la société par son statut de chômeur et qui se voit, plus encore, affectée par celui d'assisté, réduisant sa condition humaine à son plus bas niveau.

    Ne semble-t-il pas impératif à Madame la Ministre que le discours et l'accompagnement visent à élever les personnes pour les qualités qu'elles portent intrinsèquement en elles et non pas à les réduire à un statut finalement infamant ?
  • Réponse du 09/05/2016 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    Concernant les chiffres repris dans la question et issus des données de l’ONEM, j’apporterais les nuances suivantes.

    Tout d’abord, au niveau du nombre de personnes ayant perdu leurs allocations d’insertion en 2015, soit 29.155 personnes, il est à noter que ce chiffre concerne la Belgique dans son ensemble. Ainsi, un peu moins de 19.300 personnes en Wallonie seraient arrivées en fin de droit en 2015. Selon l’analyse du FOREm, ce public serait plutôt féminin, âgé de 30 ans et plus, peu ou pas qualifié et inoccupé de longue durée. Une partie des personnes en fin de droit sont venues se réinscrire au FOREm, soit librement (de leur propre initiative) ou à la demande du CPAS. Ainsi, entre 2014 et 2015, le nombre de demandeurs d’emploi bénéficiaires ou en attente d’allocations s’est réduit de près de 19.000 unités alors que ceux inscrits obligatoirement ou librement ont progressé de près de 7.700 unités.

    Par ailleurs, l’ONEM estime qu'en 2016, 10.000 personnes seront exclues, en Belgique, des allocations d'insertion suite à l'entrée en vigueur de la limite dans le temps de ces allocations, soit une moyenne de 833 personnes par mois. Ce chiffre est, néanmoins, à prendre avec prudence, car il est lié à la date de fin de droit, alors qu’une partie des allocataires décrochera un emploi avant cette échéance ou entamera une formation professionnelle.

    En outre, selon les estimations de l’ONEM, 5.244 personnes par an n'auront pas accès aux allocations d'insertion, suite à l'entrée en vigueur de la limite d'âge de 25 ans au moment de la demande. Dès lors, le chiffre avancé par la FGTB de 10.488 jeunes privés de leurs allocations en raison de leur âge (25 ans et plus) au moment de l’introduction de leur demande, concerne donc un cumul avec l'année 2014.

    Enfin, la dernière estimation de l'ONEM en ce qui concerne l'introduction d'une exigence de diplôme pour les jeunes âgés de moins de 21 ans est de 3.949 personnes en Belgique pour 2016. Ici encore, les jeunes n’ayant pas le niveau de diplôme requis et qui sortent des études avant 21 ans sont soit inscrits comme demandeurs d’emploi auprès du Service public de l’Emploi, car il s’agit d’une condition nécessaire au bénéfice des allocations familiales et sont dès lors déjà comptabilisés dans les chiffres de la demande d’emploi, soit ces personnes ont été insérées dans l’emploi et donc, ne doivent pas être comptabilisés.

    La répartition, par Région, des chômeurs complets indemnisés après études sur la base des chiffres de l’ONEM est de 60 % en Wallonie, 14 % à Bruxelles et 26 % en Flandre.

    Les statistiques de l’ONEM portent uniquement sur les personnes qui perçoivent des allocations de chômage. C’est en cela que l’on parle de chômeurs complets indemnisés (CCI-DE). Le public dénombré et passant par le Service public de l’Emploi est plus large. En effet, s’y trouvent également les personnes à la recherche d’un emploi, disponibles sur le marché de l’emploi et qui n’ont pas encore ou qui n’ont plus droit à des allocations de chômage, c’est-à-dire les jeunes en stage d’insertion professionnelle, les demandeurs d’emploi inscrits à la demande d’un CPAS et ceux inscrits librement. Rappelons ainsi qu’une partie des personnes n’ayant plus droit aux allocations de chômage sont venues se réinscrire au FOREm soit à la demande du CPAS soit de leur propre initiative et restent donc bien comptabilisées parmi les demandeurs d’emploi inoccupés (DEI).

    Ainsi, la diminution du nombre de CCI-DE observée par l’ONEM en Wallonie ne se traduit pas automatiquement par une diminution de même ampleur du nombre de demandeurs d’emploi comptabilisés par le FOREm.
    Entre 2014 et 2015, le nombre de CCI-DE dénombré par l’ONEM a diminué de 12,5 % en Wallonie. Durant cette même période, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) dénombrés par le FOREm indique un recul de 4,6 %.

    Les paragraphes qui suivent éclairent l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi inoccupés dans les trois régions du pays. Ainsi, par rapport à 2014, l’année 2015 a vu le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés diminuer de 4,6 % en moyenne annuelle en Wallonie (contre -6,5 % à Bruxelles et -0,2 % en Flandre), passant de 251.122 à 239.575 demandeurs d’emploi inoccupés. À noter que la Wallonie est la seule Région où le niveau de la demande d’emploi est revenu à la situation observée en 2008, soit avant le début de la crise financière.

    Voir graphique en annexe.

    Si la diminution de la demande d’emploi peut, en partie, être expliquée par l’évolution de la législation en matière d’allocations d’insertion, elle est également le fait d’autres facteurs tels que l’embellie conjoncturelle observée depuis mi-2013 et les diverses mesures régionales et fédérales visant à accroître l’employabilité des demandeurs d’emploi.

    Dans le cadre de la réforme des aides à l’emploi, plusieurs éléments seront susceptibles de mieux répondre aux défis posés, en particulier en ce qui concerne les jeunes. La réforme prévoit la mise en œuvre du contrat d’insertion dont un des objectifs est justement de toucher les publics jeunes fragilisés. La première expérience professionnelle doit permettre de rompre le cercle vicieux : « je n’accède pas à l’emploi parce que je n’ai pas d’expérience », qui se termine, pour certains jeunes demandeurs d’emploi, par l’exclusion du chômage.
    Par ailleurs, la réforme des aides prévoit également une révision des mécanismes d’activation, en particulier pour les jeunes travailleurs peu et moyennement qualifiés et pour les demandeurs d’emploi de longue durée qui sont les deux publics les plus menacés de l’exclusion tant du marché du travail que du bénéfice des allocations de chômage.

    En matière d’accompagnement des jeunes, dans le cadre de la Garantie jeunesse, le FOREm a pris différentes mesures pour renforcer l’accompagnement des jeunes et, notamment, via une mobilisation et une mise en action du jeune, très rapide et intense puisqu’il a été démontré que la mise en action rapide des jeunes jouait un rôle important contre le risque d’enlisement dans le chômage. C’est la raison pour laquelle le FOREm met tout en œuvre pour rencontrer les objectifs visés par la Garantie jeunesse, à savoir veiller à ce que tous les jeunes se voient proposer un emploi de qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivants leur inscription. À cette fin, l’intensité de l’accompagnement personnalisé du jeune est renforcée.

    Parallèlement, le FOREm intensifie ses liens avec l’entreprise, notamment en vue d’augmenter les opportunités de stages pour ce public. Le FOREm veille également à ce que le stage de transition et la formation alternée constituent de réels leviers vers l’emploi durable pour les jeunes. Des actions de parrainage se mettent également en place au profit des jeunes de 18 à 25 ans.

    Par ailleurs, le FOREm poursuit l’accompagnement vers l’emploi de tous les jeunes qui, au terme de leur stage d’insertion, n’auraient pas encore trouvé d’emploi alors qu’ils n’auraient pas encore droit aux allocations d’insertion.

    En outre, le FOREm a développé une offre de formation en compétences-clés, adaptée aux besoins du jeune, via un bilan de compétences, la capitalisation de modules de formation de base et la mise en place d’ateliers de pédagogie personnalisée.

    Enfin, lorsqu’ils arrivent en fin de droit aux allocations d’insertion, tous les demandeurs d’emploi reçoivent systématiquement un courrier les incitant à demander le maintien de leur inscription au FOREm.

    Le maintien de cette inscription leur permet en effet d’accéder à toutes les formations organisées par le FOREm ou ses partenaires, de recevoir des offres d’emploi correspondant à leur profil et de remplir les conditions de certaines aides à l’emploi. S’ils en font la demande, ils peuvent également bénéficier à nouveau d’un accompagnement personnalisé.