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Le travail des seniors en maison de retraite

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 898 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 20/04/2016
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    J’ai constaté qu’à Gand, certains seniors remplaçaient des membres de call center lors de la fermeture annuelle de certaines entreprises.

    Cette mécanique originale permet à des seniors d’avoir une activité « professionnelle » leur garantissant une inclusion sociale certaine, leur permettant de rester dans la vie active.

    Fort de cette expérience, je me demande :
    - si la Wallonie connaissait de tels projets;
    - si une telle initiative serait réalisable en Wallonie;
    - quelle synergie Monsieur le Ministre pourrait mettre en place avec ses collègues M. Jean-Claude Marcourt, en charge de l’Économie et Mme Eliane Tillieux, en charge de la Formation, pour permettre des projets pilotes d’une telle envergure dans notre Région ?
  • Réponse du 09/05/2016
    • de PREVOT Maxime

    L'honorable membre pose une question fondamentale, à savoir l’autonomisation des aînés afin qu’ils puissent s’épanouir et continuer à participer pleinement à la vie sociale selon leurs besoins, désirs et capacités. Il est en effet de notre responsabilité en tant que pouvoir politique de faciliter la participation des personnes âgées à la vie politique, économique, sociale et culturelle.

    Sa question illustre bien les travaux de Stéphane Adam de l’Université de Liège qui en 2010, mentionnait que « travailler, c’est bon pour la santé ». En effet, une recherche interdisciplinaire, basée sur une enquête européenne a démontré que l'âge de départ à la retraite a une incidence sur le vieillissement cérébral. Plus une personne reste active longtemps, moins elle subira les pertes de ses fonctions cognitives, et inversement.

    J’ai décidé de financer un projet « WADA », approche intégrée des « communes amies des aînés » vers une Wallonie Amie des Aînés. L’effet escompté est de mettre en avant les besoins et volontés de nos aînés et de pouvoir y répondre. Ce projet de recherche-action consiste à co-construire une méthodologie intégrée d’accompagnement des communes en s’appuyant sur les acquis des travaux internationaux en matière de « villes et communautés amies des aînés » (approche VADA de l’OMS), tout en l’adaptant aux contextes locaux wallons, notamment la place des Conseils Consultatifs Communaux des Ainés (CCCA), l’existence des Plans de cohésion sociale (PCS) et les rôles respectifs des communes et des CPAS.

    Pour faire le lien avec l’intitulé de cette question et mettre l’accent sur le travail des seniors hébergés en maisons de repos, le projet de vie institutionnel apparaît dans la législation wallonne relative à ce secteur, et met en avant l’importance de la prise en charge de la personne âgée en institution et de la volonté du législateur de confirmer toute l’importance du côté « social » de cette prise en charge. Il existe un point, dans la réglementation actuelle, mentionnant les dispositions relatives au séjour permettant aux résidents de retrouver un cadre de vie aussi proche que possible de leur cadre familial, notamment en encourageant leur participation aux décisions concernant la vie communautaire et en développant des activités occupationnelles, relationnelles, culturelles en vue de susciter l'ouverture de la maison de repos vers l'extérieur.

    À l’exception de certains actes bénévoles réalisés par des résidents au sein de leur maison de repos, tels que la gestion de la cafétéria, de la bibliothèque, du magasin ou encore du journal de l’établissement, je n’ai pas connaissance d’une action organisée telle que celle que le mentionne l'honorable membre à Gand.

    Il est évident que ma volonté n’est pas d’interdire à des résidents de plus de 60 ans de continuer à travailler alors qu’ils résident au sein d’un établissement tel qu’une maison de repos ! Il est cependant important de spécifier qu’il n’est pas dans les missions de l’administration en charge du contrôle de ces établissements de les pousser dans ce genre d’initiatives.

    Il est toutefois du ressort de l’Agence pour une Vie de Qualité de mettre en avant l’importance de l’« Active Ageing », traduit en français par « vieillissement actif ». Le vieillissement actif est le processus d'optimisation des possibilités pour la santé, la participation et la sécurité afin d'améliorer la qualité de vie des gens qui vieillissent. Le vieillissement actif permet dès lors aux personnes de mettre à profit leur potentiel de bien-être physique, social et mental tout au long de la vie et de participer à la société, tout en leur offrant une protection adéquate, la sécurité et les soins dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin. Le vieillissement actif vise à prolonger l'espérance de vie en bonne santé et la qualité de vie pour toutes les personnes qui vieillissent.

    Cette notion de vieillissement actif est essentielle que ce soit pour nos aînés vivant toujours à leur domicile ou ceux hébergés au sein de nos résidences-services et maisons de repos. Les structures d’hébergement pour aînés se doivent de demeurer de véritables maisons de vie accueillant des personnes actives et impliquées dans la vie sociale et communautaire ainsi que des personnes dépendantes. La solidarité entre personne, quel que soit leur niveau de dépendance, doit rester une valeur essentielle d’une vie en maison de repos ou maison de repos et de soins.

    Divers travaux mettent également en avant que, en raison du rythme accéléré du vieillissement de la population, il y aura peu de politiques ou de services qui ne seront pas touchés par le vieillissement. D’où l’importance de mettre en œuvre le vieillissement en bonne santé dans toutes les politiques, par des interventions à tous les niveaux du Gouvernement. Ceci est crucial pour encourager un vieillissement sain et actif et permettre le bien-être tout au long de la vie. Cette question en est d’ailleurs un exemple : l’importance qu’un aîné puisse être considéré comme un travailleur actif, oui, mais à quelles conditions ?

    L'honorable membre cite notamment l’importance d’une collaboration avec les Ministres compétents Monsieur MARCOURT et Madame TILLIEUX, mais il est tout aussi nécessaire de mettre en place un échange avec le Fédéral pour que le travail des aînés ne les pénalise pas sur le plan social ou fiscal. Ce genre de réforme est un travail long et fastidieux pour lequel une analyse des opportunités et des risques doit être menée de manière rigoureuse. J’attends les résultats du projet WADA afin de mettre en avant les besoins de nos aînés, mis en évidence par cette expérience de terrain.