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La création d'une banque du temps intergénérationnelle

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 905 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 20/04/2016
    • de NICAISE Marie-Françoise
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Une des réponses au phénomène croissant du vieillissement de notre société pourrait résider dans la mise en place d’une banque du temps intergénérationnelle. C’est du moins le système utilisé par le Japon, pays confronté depuis longtemps au problème du vieillissement.

    Ce système permet de rémunérer un citoyen qui apporte une aide non-couverte par la sécurité sociale à une personne âgée. En échange de cette aide, le volontaire reçoit des « unités de temps » qui pourront être utilisées plus tard pour un service d’aide similaire au bénéfice de lui-même ou d’un proche, ou qui pourront être remboursées.

    Ce système permet, en outre, le maintien à domicile des personnes âgées dans une société où les maisons de repos ne représentent plus l’unique réponse au vieillissement de la population. Le manque de lits, la problématique de la qualité des soins, l’accessibilité financière relative et la sélection de patients sont autant de questions qui ne garantissent plus une prise en charge de qualité de nos aînés.

    Un des engagements de la Déclaration politique régionale se traduit par la volonté de « favoriser la solidarité intergénérationnelle », et toute initiative consacrée à cet engagement doit, selon moi, être étudiée.

    Pourquoi ne pas s’inspirer d’un tel modèle, qui nécessite d’être adapté à notre société, afin d’apporter une réponse au vieillissement de la population wallonne ? Des réponses concrètes au vieillissement émergent-elles d’autres pays, d’autres cultures?

    Pourquoi ne pas mettre en place une expérience-pilote à l’échelle de la Wallonie afin d’évaluer l’intérêt de la population wallonne pour cette forme de solidarité intergénérationnelle ?
  • Réponse du 03/05/2016
    • de PREVOT Maxime

    Le vieillissement de la population wallonne est un fait et face à cette réalité, garantir une qualité de vie aux aînés est un défi majeur, que leur choix soit de continuer à vivre chez eux, dans un logement décent et adapté ou d’intégrer une maison de repos.

    Un premier défi consiste à évaluer les besoins dans ce contexte de vieillissement, principalement dû à une augmentation de longévité qui s’accompagne, d’une part, d’une augmentation de l’espérance de vie en bonne santé, mais aussi d’une augmentation des maladies chroniques nécessitant des soins de longue durée. L’évaluation des besoins réels, entre les soins et services à domicile, la possibilité d’un hébergement plus sécurisé comme dans le modèle des résidences-services ou l’institutionnalisation en maison de repos ne sont, dans ce contexte, pas simples.

    Certains investissements sont de la responsabilité des pouvoirs publics. Ils doivent être faits dans les services d’aide à domicile, dans les structures d’hébergement, mais aussi dans les diverses alternatives intermédiaires existantes. À côté de cela, il y a les initiatives citoyennes. Celles-ci se font parfois de manière très isolée, de personne à personne, je dirais. Mais certaines initiatives se structurent, …

    Je pense notamment aux Systèmes d’échanges locaux (SEL) où des citoyens échangent entre eux des services non professionnels, mais aussi des savoirs et savoirs faire. L’objectif est d’évoluer vers plus de citoyenneté et de solidarité.

    Pour sa part, la Fondation Roi Baudouin vient de lancer un appel à projets pour créer un réseau de volontaires accessible via un numéro vert d’écoute par et pour les aînés. Le modèle vient d’Italie, il s’agit du projet Filo d’Argento. Une de mes collaboratrices suit le projet de près.

    La Région soutient également des projets qui tendent, soit directement, soit par l’encadrement d’autres associations, à la participation active des personnes âgées dans la société, je pense notamment aux ASBL Entr’âges (promotion des relations intergénérationnelles) et Atoutage (soutien méthodologique aux actions intergénérationnelles) ainsi que Courants d’âge qui coordonne le projet « Carrefours des Générations ». Cet événement met en valeur toute la richesse des initiatives intergénérationnelles qui existent au niveau local. Depuis les débuts de l'opération en 2009, plus de 110 communes se sont mobilisées en proposant, entre autres, des ateliers créatifs et participatifs, des rencontres, des animations, des jeux, des spectacles, des concerts et des balades.

    Il s’agit pour les différentes communes de présenter activement des projets intergénérationnels à un public désireux de « mieux vivre ensemble » entre générations.

    Cela permet d'aborder les conséquences du vieillissement dans tous les domaines de la vie sociale : l'habitat, l'urbanisme et l'aménagement du territoire, le travail, les relations sociales, la mobilité, …, et de réfléchir à la place donnée aux aînés afin de leur permettre de continuer à être actifs et de participer à la vie en société.

    Par ailleurs, ces 3 associations ont, depuis 2014, décidé d’unir leurs forces au sein d’une même ASBL Intergénérations qui est soutenue financièrement par la Région et bénéficie d’une convention pluriannuelle. Cette ASBL est devenue un pôle de ressources dont les objectifs sont :
    - informer, sensibiliser c’est-à-dire promouvoir et développer les questions intergénérationnelles notamment par des animations, accompagner et soutenir méthodologiquement la mise en place, le développement et l’évaluation de projets intergénérationnels, sensibiliser le grand public ;
    - être un centre de ressources, c’est-à-dire mettre à disposition un centre de documentation, réaliser et promouvoir des outils pédagogiques, organiser des formations ;
    - développer un réseau des acteurs aux niveaux régional et international, c’est-à-dire échanger et analyser les pratiques, être porte-parole.

    Je n’encourage pas les initiatives qui visent à financer des citoyens en échange de leur solidarité vis-à-vis des aînés. Cela comporte un risque majeur : la marchandisation de la solidarité.

    Les principes de l’assurance autonomie sont ceux-là : un droit de tirage sur des prestations d‘aide à domicile. Nous ne souhaitons pas développer un modèle similaire à celui de la Flandre, qui octroie une allocation financière à la personne chez qui la dépendance s’installe, qui peut éventuellement permettre de financer un proche…

    L’objectif en Wallonie est avant tout de permettre aux personnes en perte d’autonomie de mener leur vie au sein de leur environnement habituel en évitant que leurs parents, proches et entourage ne deviennent leurs assistants de vie, mais conservent bien leur rôle familial et social.