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Lutte contre la pauvreté des enfants.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 77 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 18/04/2005
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    L'Unicef vient de remettre son rapport concernant la pauvreté des enfants dans les pays riches. Ce rapport indique que la pauvreté chez les enfants est en augmentation constante depuis 10 ans dans la plupart des pays riches et ne peut être éradiquée que par des efforts politiques visant à augmenter et à mieux répartir les dépenses publiques dans les domaines familial et social.

    Ce rapport, qui se concentre sur les vingt-quatre pays les plus riches du monde, examine les données disponibles de tous les pays riches et s'interroge sur l'augmentation de la pauvreté des enfants depuis 10 ans.

    Allouant 10 % ou plus de son PIB aux dépenses sociales pour lutter contre la pauvreté des enfants, la Belgique peut être qualifiée de ce que l'on appelle un « bon élève ». Cependant, la situation n'en demeure pas moins inquiétante. En effet, le taux de pauvreté des enfants aurait augmenté de façon plus importante en Belgique que dans la plupart des autres pays riches.

    De plus, les enfants qui vivent dans des situations de grande pauvreté sont plus discrirminés au niveau de l'accès aux droits : le droit de vivre en famille, le droit à l'éducation, le droit à la culture et aux loisirs, le droit à la santé et le droit à la participation.

    De même, il semblerait que les familles pauvres, notamment celles ayant plusieurs enfants, rencontrent des difficultés importantes pour bénéficier de logements sociaux.

    Dans un premier temps, Madame la Ministre peut-elle me communiquer la part du budget allouée par la Région wallonne en vue de lutter contre la pauvreté des enfants ? Quelles sont les suites que Madame la Ministre entend donner aux remarques formulées à l'égard de la Belgique dans le cadre du rapport de l'Unicef ? S'agissant là d'une matière concernant tous les niveaux de pouvoir, la question de la lutte contre la pauvreté des enfants sera-t-elle inscrite par Madame la Ministre à la prochaine Conférence interministérielle ? Quelles seront les demandes formulées de manière spécifique par Madame la Ministre lors de cette Conférence ?
  • Réponse du 27/05/2005
    • de VIENNE Christiane

    Je remercie l'honorable Membre pour sa préoccupation pour notre futur, que je partage bien

    évidemment.

    Le rapport de l'Unicef, auquel il fait référence, fait surtout état de la difficulté d'établir un seuil de pauvreté scientifiquement infaillible. La pauvreté y est définie comme un concept relatif, s'intégrant dans la problématique plus vaste de l'exclusion sociale. Le rapport souligne en outre le droit pour tout enfant d'accéder à un niveau de vie suffisant, pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social. L'article 27 de la convention internationale des droits de l'enfant précise clairement que "c'est aux parents ou autres personnes ayant la charge de l'enfant qu'incombe au premier chef la responsabilité d'assurer… les conditions de vie nécessaires au développement de l'enfant", mais il précise également que les Etats doivent "aider les parents à mettre en oeuvre ce droit et offrir, en cas de besoin, une assistance matérielle et des programmes d'appui, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le vêtement et le logement".

    Il est communément accepté par les experts que la pauvreté infantile se retrouve surtout dans trois grands types de foyers : les familles monoparentales (car le parent isolé doit souvent abandonner son travail pour pouvoir s'occuper de son enfant); les familles nombreuses (car les foyers reposent souvent sur un seul salaire); les familles étrangères (pour lesquelles viennent s'ajouter des discriminations d'ordre social et/ou professionnel).

    Ces situations de détresse sociale font souvent suite à des traumatismes familiaux. La prévention et l'encadrement de ces situations de rupture - même de moindre " intensité" - est aussi une préoccupation apparaissant à différents niveaux de mes actions politiques.

    J'ai assuré, grâce à un montant de plus de 4 millions d'euros, le prolongement du soutien aux cinq relais sociaux reconnus en Région wallonne. Ces relais sociaux apportent des réponses adaptées en fonction du type des différents publics concernés : pôle de jour, pôle de nuit, travail de rue et dispositif d'origine sociale. Certains des partenaires offrent des possibilités d'hébergement aux personnes en grande précarité sociale, d'autres apportent une réponse à la problématique de la prostitution ou de la toxicomanie tout en assurant un accompagnement social en faveur des cas les plus lourds.

    J'appuie par ailleurs la création d'un relais social urbain sur la ville de Namur dans les plus brefs délais et examine actuellement l'opportunité de créer un relais social en Hainaut occidental.

    L'organisation du secteur de l'hébergement et de l'accompagnement des personnes en difficultés sociales fait également partie de mes priorités au travers des Maisons d'accueil qui se catégorisent sous quatre formes : les maisons d'hébergement de type familial, les maisons d'accueil, les maisons de vie communautaire et les abris de nuit.

    J'ai en outre assuré la continuité des services espaces-rencontres grâce à un soutien de plus d'1 million d'euros, afin de permettre à des parents non gardiens de pouvoir gérer le droit de visite, tout en apportant une aide morale, sociale et parfois psychologique aux familles.

    Je garantis enfin le subventionnement de dix-neuf centres de planning familial, qui accueillent tous ceux et celles, qui, à un moment donné de leur vie, rencontrent des difficultés d'ordre conjugal ou familial et manifestent le besoin d'être écoutés et aidés.

    La politique sociale du Gouvernement wallon a donc pour objectif de réduire la fracture sociale et, par la même occasion, de rendre aux parents la place qui leur revient et la reconnaissance à laquelle ils aspirent. Réduire ces efforts à une simple addition de montants alloués serait nier le constat de l'Unicef, qui affirme que les niveaux de pauvreté résultent de l'interaction complexe et parfois difficilement prévisible entre les politiques publiques, les efforts des familles, les conditions du marché du travail, et les forces du changement social dans un sens plus large.

    Il me semble donc essentiel de surveiller au jour le jour, et en se basant sur les faits, l'évolution de nos politiques. Je m'attache tout particulièrement à participer au développement d'indicateurs sociaux efficaces en tenant compte des remarques constructives du rapport de l'Unicef.

    Les taux de pauvreté ne découlant pas seulement de l'ampleur de l'aide publique, mais de la façon dont celle-ci est dispensée, depuis le début de mon mandat, mon action s'est également concentrée sur l'évaluation de l'utilisation efficiente de chaque subside alloué par mon ministère.

    Enfin, les points relevant de l'inclusion sociale et de la lutte contre la pauvreté, l'exclusion et la précarité sont reportés à la Conférence interministérielle sur l'inclusion sociale programmée en septembre. La pauvreté infantile y tiendra évidemment une place prépondérante étant donné qu'elle est, l'honorable Membre l'a certainement compris, inhérente à l'impossibilité pour certains adultes d'exercer effectivement leurs droits fondamentaux.