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La phytoremédiation

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 889 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 25/04/2016
    • de DE BUE Valérie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    La phytoremédiation représente un immense potentiel, notamment parce qu’elle augmente de manière économe et écologique la disponibilité et l’accès à des espaces propices pour accueillir, d’une part, des initiatives d’agriculture en ville (jardins privés, potagers collectifs, fermes urbaines, stations de compostage, etc.) et, d’autre part, des activités écologiques (espaces verts, espaces d’interventions pédagogiques ou paysagères, etc.).

    En réalité, la plante pompe certains métaux présents dans le sol et permet donc de le rendre plus propre. Cela prend du temps, ce qui implique que cette solution ne peut être utilisée dans tous les cas de figure, mais les résultats semblent positifs.

    Outre ses aspects écologiques, Monsieur le Ministre mettait lui-même en avant les avantages en termes d’économie circulaire de ce type d’assainissement des sols, les métaux stockés dans les feuilles et les tiges des plantes pouvant être réutilisés dans les écocatalyseurs dans les opérations pharmaceutiques et chimiques

    Monsieur le Ministre avait évoqué en juillet 2015 les partenariats possibles entre gestionnaires de projets et universités dans le cadre de la phytoremédiation. Il devait rencontrer l’Université de Louvain afin d’envisager d’appliquer cette technique à la dépollution de plusieurs sites. Il attendait également un état des lieux complet de la situation et des possibilités offertes.

    Ces rencontres avec l’université de Louvain ont-elles bien eu lieu ? Ont-elles débouché sur une application concrète de la phytoremédiation sur différents sites wallons ? Quels sont l’état des lieux et les possibilités offertes par cette technique ? Des partenariats entre universités et gestionnaires de projets se sont-ils réellement créés ? Dans quelle mesure ? Monsieur le Ministre compte-t-il soutenir le développement de ces partenariats ?
  • Réponse du 17/05/2016
    • de DI ANTONIO Carlo

    Deux techniques existent :
    * la Phytostabilisation : c’est le principe selon lequel les polluants présents dans le sol sont stabilisés par le système racinaire d’une espèce végétale tolérante à de fortes concentrations en polluants ; 
    * la Phytoextraction : c’est le principe selon lequel les polluants du sol sont prélevés par les racines, et ensuite transférés dans les parties aériennes de la plante (feuilles, tiges) où ils sont stockés.

    La phytoremédiation est un sujet qui intéresse beaucoup le monde académique. Des experts de l’ULg, de l’UCL et de l’ULB ont été reçus au sein de mon cabinet afin d’étudier les opportunités relatives à l’utilisation de techniques végétales de dépollution pour les sols.

    Pour des terrains affectés de pollutions superficielles et de surface, et pour lesquels la dépollution n’est pas urgente, les experts ont indiqué que le recours à la phytostabilisation était envisageable. Cela permettra de confiner une pollution, et de limiter les risques de transferts des polluants vers la chaîne alimentaire. En outre, le peu de gestion nécessaire de la biomasse, inévitable en phytoextraction, devrait représenter un gain de temps et d’argent considérable pour le porteur de projet. Il faut toutefois rappeler que le recours à la phytostabilisation n’assurera pas l’assainissement total du site, à moins de pollution très superficielle, mais permettra de commencer à l’assainir et à confiner la pollution, dans l’attente d’un traitement plus lourd et en profondeur, s’il y a lieu. 

    Les limitations du recours à la phytoremédiation sont les suivantes :
    - L’effet des plantes ne s’observe que sur la profondeur de leur système racinaire, c’est-à-dire sur la tranche superficielle du sol. 
    - La durée de traitement par phytoremédiation se compte en années, car il faut laisser à l’espèce végétale le temps de grandir et d’atteindre sa capacité maximale d’accumulation. Ce timing est dans la plupart des cas incompatible avec les délais imposés par les chantiers de développement.
    - Les sols fortement dégradés qui hébergent plusieurs familles de contaminants aux propriétés physico-chimiques variées sont difficilement traitables. Les végétaux utilisés sont généralement capables de concentrer dans leurs tissus un ou quelques contaminants spécifiques, souvent métalliques, à la fois.
    - Les connaissances sur les espèces accumulatrices de polluants sont limitées à l’heure actuelle. Une mise en œuvre à grande échelle n’est pas envisageable pour l’instant. 

    Je souhaite explorer la possibilité d’appliquer les techniques de phytoremédiation au traitement des boues de dragage. J’avais programmé une visite d’un site d’expérimentation de phytoremédiation sur boues de dragage piloté par l’INERIS (centre de recherche français), à Condé-sur-Escaut. Ceci dans le but de permettre à mes collaborateurs, aux équipes de l’ISSEP, de l’INERIS et de Voies navigables de France de se rencontrer afin de mettre leur expertise en commun et d’évaluer la possibilité de mettre en place un tel projet en Wallonie. Cette visite a dû être annulée suite aux évènements tragiques du 22 mars dernier. Une nouvelle visite sera programmée prochainement.

    Je me permets également de renvoyer l'honorable membre à ma réponse à sa question écrite portant le numéro 219.