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La structure de l'économie wallonne

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 330 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 25/04/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    L’innovation, la recherche pointue dans les universités belges, les pôles d’entreprises et les centres en recherche et développement – par exemple, dans l’alimentation et les boissons, les produits pharmaceutiques, la chimie, l’automobile, la nanotechnologie et les technologies propres – placent la Belgique à la pointe de la technologie et de l’innovation. La Belgique est également un marché très intéressant pour tester de nouvelles idées et de nouveaux produits.

    Telle est une partie des propos qu’une bonne vingtaine de présidents, directeurs ou responsables de chambres internationales d’industries et du commerce viennent de publier il y a quelques semaines.

    Ces propos flatteurs contrastent néanmoins avec les résultats en ce qui concerne le dépôt de brevets (avec une portée internationale) auprès de l’Office européen des brevets à Munich.

    Très rarement, on y trouve un belge parmi le top 10, et s’il y en a un, ce sont quasiment toujours des Flamands (proche de la KUL).

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre de compléter les propos recueillis en matière d’innovation par une analyse plus fine et axée sur l’économie wallonne et secteur par secteur ?
  • Réponse du 19/05/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’économie wallonne est souvent mise en avant pour ses capacités d’innovation. Le Rapport sur l’économie wallonne l’a encore confirmé au niveau de l’intensité des dépenses de recherche et développement dans le PIB régional. En effet les efforts d’innovation en Wallonie sont d’une importance telle, que cet indicateur place la Région au-dessus des autres régions belges et de la moyenne européenne en termes d’intensité de recherche et développement.

    Cependant, tout comme l’innovation peut s’observer sous de multiples formes, la mesure des performances d’innovation est elle aussi multiple. Au-delà des dépenses de R&D, les indicateurs en termes de brevets sont également riches d’enseignements même si leur interprétation se doit d’être faite avec prudence.

    En particulier, la propension à breveter dépend largement d’un secteur à l’autre. En d’autres termes, pour une même dépense de R&D, le nombre de brevets déposés pour protéger une innovation varie largement en fonction du secteur d’activités des entreprises. Par exemple, les entreprises du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) sont connues pour utiliser intensément les brevets, non seulement pour protéger leurs produits innovants, mais aussi pour des raisons plus stratégiques (communication, marketing, bataille juridique, établissement de standard technologique). Cette caractéristique sectorielle s’illustre lorsqu’on observe les cinq premières entreprises qui ont déposé le plus grand nombre de brevets à l’Office Européen des Brevets (OEB) en 2015 :
    * Philips ;
    * Samsung ;
    * LG ;
    * Huawei ;
    * Siemens.

    À l’inverse, d’autres secteurs d’activités sont connus comme déposant un plus petit nombre de brevets relativement à leurs efforts d’innovation. C’est le cas des entreprises pharmaceutiques qui, relativement à leurs importants efforts d’innovation, déposent un nombre limité de brevets pour protéger leurs nouvelles molécules. Néanmoins, les brevets pharmaceutiques ont une valeur individuelle bien plus élevée que celle des brevets multiples du secteur TIC. Cela veut donc dire qu’un brevet n’est pas l’autre et qu’une statistique en termes de nombre de brevets est à interpréter avec précaution.

    Au niveau des dernières statistiques de l’OEB, il est vrai que notre Région représente, avec 21 % du total belge, une part plus faible que la Flandre (62 %) dans le dépôt de brevets des entreprises basées en Belgique en 2015. D’une part, cette performance mesurée en termes de nombre de brevets est à relativiser au vu de la très forte spécialisation de la Wallonie dans l’industrie pharmaceutique, qui est caractérisée par un nombre plus restreint de brevets, mais de plus haute qualité. D’autre part, on observe que la dynamique d’innovation en Wallonie est encourageante, car la Région a connu la plus forte croissance avec +16 % de brevets en 2015, contre +6 % en Flandre. On note en particulier la très bonne performance du Brabant Wallon avec près de 50 % de brevets en plus en 2015 par rapport à 2014.

    Au niveau du TOP 10 des entreprises, on observe surtout l’importance de grands groupes industriels qui sont actifs sur l’ensemble du pays, mais aussi au niveau international. On note que ce TOP 10 est dominé par SOLVAY, entreprise belge par excellence et qu’UCB Pharma se trouve en huitième position avec 30 dépôts de brevets en 2015. Par ailleurs, il peut être restrictif d’attacher une nationalité unique à des entreprises qui sont de plus en plus mondialisées. Comme l’illustre le dernier rapport annuel de l’OEB, ce phénomène de mondialisation touche également le dépôt de brevets avec la moitié des dépôts réalisés à l’OEB qui sont réalisés par des entreprises basées en dehors de l’Europe.