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Le point sur les "start-up", l’écosystème économique de demain

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 342 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 27/04/2016
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Que Monsieur le Ministre me permette de revenir vers lui pour faire le point dans le cadre du suivi constant de ce dossier qui reste essentiel pour le redéploiement de l'économie wallonne...

    En effet, pour bon nombre, avec les nouveaux concepts économiques (participative, solidaire, classique, innovation industrielle et économique), la "start-up" semble la solution d'avenir. Plusieurs succès sont d'ailleurs souvent présentés comme modèles de réussite, afin d'encourager les candidats entrepreneurs.

    Puis-je donc lui demander si des chiffres permettent de confirmer ce constat ?

    Par ailleurs, quelle est la proportion du crowdfunding dans le cadre de ces "start-up" ?

    Souvent, on estime que la faille des start-up wallonnes est dans son manque de rapidité à la croissance.

    Il s'agit en effet d'une phase cruciale dans la réussite de l'entreprise.

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse ? Dispose-t-on de données plus affinées à ce sujet ?

    Les start-up sont-elles toujours suffisamment au courant des mesures dont elles peuvent bénéficier ?

    Quel est le retour actuel de Nest-up sur le sujet ?
  • Réponse du 17/05/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Tout d’abord, il convient de préciser ce qu’est une « start-up ».

    Il existe beaucoup de littérature sur le sujet, mais les principales caractéristiques d’une « start-up » sont :
    - L’innovation ;
    - Un fort potentiel de croissance ;
    - Des besoins de levées de fonds ;
    - Un modèle économique à (ré)inventer pour un produit ou un service parfois encore en phase de développement ou de test.

    La frontière entre « start-up » et jeune PME innovante n’est pas toujours évidente, mais ce n’est pas l’essentiel. Ce qui importe est d’avoir un écosystème propice à la création et à la croissance de « start-up » au sens des caractéristiques énoncées.

    En ce qui concerne l’accès au financement, les outils financiers offrent une large palette d’instruments dédiés aux « start-up » :
    * W.IN.G, le nouveau fonds d’investissement pour les start-ups numériques, doté de 50 millions d’euros ;
    * Le développement de l’écosystème d’accompagnement des start-ups numérique pour 30 millions d’euros, à destination des Invests ;
    * La dotation des filiales spin-offs, spin-outs et FEDER des Invests pour près de 245 millions d’euros ;
    * Les produits de garantie de crédit de la SOWALFIN, qui permettent de réduire le risque, justement plus élevé dans le cas de « start-up ». Dans ce cadre, l’accord Innovfin avec le Fonds Européen d’Investissement permet de diminuer encore davantage les risques liés aux projets innovants ;
    * La plateforme Euroquity, qui met en relation des sociétés ou des porteurs de projet avec des investisseurs privés ou publics ;
    * Le « prêt coup de pouce », qui sera opérationnel d’ici quelques mois et permettra de mobiliser l’épargne privée à travers un mécanisme fiscalement avantageux pour le prêteur ;

    Différents types d’aides et mesures d’accompagnements à la création sont également disponibles :
    * La mise en place d’un cadre facilitateur pour les étudiants-entrepreneurs. Il s’agit d’incuber de véritables projets proposés par les étudiants au sein d’écoles, en proposant un accompagnement spécifique ;
    * Les bourses de préactivité, de 12.500 euros maximum, qui permettent de financer 80 % des coûts liés à l’analyse de faisabilité du projet et à son montage. Depuis 2009, pas moins de 2.500 demandes de bourse de préactivité ont été introduites et quelque 900 bourses ont été octroyées.

    Le programme Creative Wallonia œuvre également à soutenir les « start up » à travers différentes initiatives :
    * Nest’up : après cinq éditions, le résultat est très positif. Sur la trentaine de start-ups coachées, de nombreuses ont été lancées et plusieurs ont déjà réussi leur levée de fonds. Par exemple, cinq de la première saison avec une moyenne de 240.000 euros par start-up. Ces start-ups ont ensuite été soutenues, tant par des investisseurs publics comme Meusinvest que par des investisseurs privés belges, français, anglais ou encore singapouriens. Preuve que nos start-ups peuvent susciter, dès leur genèse, l’intérêt d’investisseurs étrangers.
    * Leansquare, initiative de Meusinvest et Cide-Socran vise à accompagner des start-ups en voie de développement et présentant un potentiel de croissance. Le but est d’amener les start-ups incubées à développer leur maturité afin de trouver des investisseurs et créer ainsi leur activité.
    * 8 espaces de coworking ont été créés dans différentes villes. Ce qui représente plus de 160 postes de travail accessibles aux porteurs de projets et aux entrepreneurs qui souhaitent se retrouver autour des valeurs comme le partage, la collaboration, et l’innovation ouverte [open-innovation]. Ces espaces permettent notamment aux start-ups de diminuer les coûts de bureau et de s’ouvrir à d’autres créatifs et entrepreneurs avec qui ils pourraient collaborer par la suite.

    Les résultats obtenus sont encourageants puisque nous connaissons aujourd’hui une hausse significative du nombre de nos PME. Entre 2000 et 2014, il s’est accru de 44 %, soit une création nette de près de 31.000 entreprises, ce qui représente + 2,8 % par an. Sur cette même période, le taux de création brut s'est élevé à 7,6 % par an en Wallonie.

    De plus, selon une étude du Sirris et de le l’IWEPS, 29 % des start-ups « mures » de Belgique sont en Wallonie, alors que le poids de la Région dans le PIB du pays est de 24 %, ce qui démontre l’efficacité de notre écosystème.

    En ce qui concerne le crowdfunding, il n’existe pas de distinction entre l’utilisation qui est en faite par une « start-up » ou par une entreprise « traditionnelle ».

    Les chiffres généraux de l’investissement via crowdfunding diffèrent d’une étude à l’autre, celle de Bolero Crowdfunding mentionne 4,5 millions d’euros en Belgique pour 2014. Une autre de Ernst and Young et KPMG, parle de 2,2 millions d’euros sur la même période. On peut toutefois conclure que ces chiffres ont fortement progressé par rapport à 2013, mais ils demeurent inférieurs à ceux qui prévalent dans les autres pays européens.

    Le crowdfunding peut être intéressant pour une start-up, car il permet de « tester » le marché à propos du projet ou du produit proposé, ce qui peut donner une première indication sur les chances de succès.

    Par contre, l'écueil du crowdfunding est la méconnaissance du risque par les souscripteurs, qui ne sont pas toujours conscients de son existence. Or, ce risque est relativement élevé puisqu’il s’agit souvent de participation au capital.

    Il ne faudrait pas que le citoyen se substitue aux acteurs de capital-risque sans en avoir les compétences et risque donc, en soutenant des projets que les professionnels avisés auraient rejetés, de perdre tout ou partie de leur investissement.