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La lutte contre la tuberculose

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 953 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 28/04/2016
    • de LEFEBVRE Bruno
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Alors que la tuberculose est en déclin dans le monde, la maladie reprend vigueur en Belgique. En effet, le taux de personnes atteintes par cette maladie respiratoire potentiellement mortelle est en hausse. Une première depuis des dizaines d'années.

    En 2014, le Fond des affections respiratoires, qui surveille la maladie en Belgique, avait recensé 959 malades alors que les chiffres de 2015 devraient dépasser les 1 000 malades.
    Avec ces chiffres inquiétants, la Belgique est le 4e pays d'Europe de l'Ouest avec la plus haute incidence.

    Il existe cependant de fortes différences entre les régions du pays. La Région de Bruxelles-Capitale se maintient juste en dessous du seuil de 30 malades sur 100 000 personnes, ce qui est 3 à 4 fois supérieur au nombre de malades en Flandre et en Wallonie.

    D'après la directrice générale du FARES (Fonds des affectations respiratoires), les villes où le taux de malades est le plus élevé sont celles qui concentrent des publics précarisés et fragilisés présentant donc ainsi le plus de risque de développer la maladie.

    En cause de cette augmentation, il y a donc la pauvreté mais l'augmentation du flux de migrants serait également pointée, ceux-ci étant plus sujet à la tuberculose en raison de leurs conditions de vies, le froid, et de leur dénutrition lors de leur exil.

    Les spécialistes du FARES insistent sur la mortalité de la tuberculose, 47 décès de tuberculeux ont été enregistrés en 1 an.
    Ce regain de la maladie constitue une mauvaise nouvelle pour la lutte contre une maladie que l'existence de médicaments efficaces et un dépistage systématique avaient fait reculer en Belgique depuis des dizaines d'année.

    Selon des estimations de l'Organisation Mondiale de la Santé, le taux de tuberculose devrait baisser de 20% par an pour arriver à l'élimination de la maladie d'ici 2035. Or la Belgique a enregistré une diminution annuelle de 3% entre 2000 et 2012. Cette baisse semble même être stoppée.

    La Belgique reste un des rares pays à ne pas disposer d'un plan spécifique mais à la vue de ces statistiques, la mise en place d'un plan tuberculose ne pourrait-elle pas être envisagée ?

    Quelles sont les actions que l'AViQ développe afin de prévenir le développement de cette maladie ?
  • Réponse du 23/05/2016
    • de PREVOT Maxime

    Un petit rappel des faits concernant la tuberculose me permet de mieux répondre aux questions.

    Selon l’OMS, la Belgique est considérée comme un pays à basse incidence puisqu’elle se trouve sous le seuil de 10/100 000. Rester sous cette barre de 10 cas par 100 000 habitants est un objectif à maintenir.

    La tuberculose présente une tendance à la diminution en Belgique même si celle-ci a ralenti depuis le début des années 90.

    Le registre relatif aux cas de 2014 vient d’être publié. Au cours de cette année, 959 cas ont été déclarés. Malgré des fluctuations au cours des 25 dernières d’années, le nombre de cas et l’incidence ont diminué progressivement (en 1990, ils étaient respectivement de 1.577 et de 15,8/100.000), mais moins vite que les projections ne l’auraient laissé présager.

    Par ailleurs, des fluctuations sont possibles d’une année à l’autre, car la tuberculose est une maladie dont l’évolution peut être influencée par une série de facteurs sociétaux : migration, situation socio-économique, etc.

    Les chiffres officiels du registre de la tuberculose pour l’année 2015 ne sont pas encore disponibles, mais selon les premières estimations, le nombre de cas serait légèrement supérieur à celui de 2014.

    L’afflux de demandeurs d’asile en 2015 peut partiellement expliquer cette augmentation, bien qu’elle soit a priori faible comparativement au nombre de demandes d’asile, qui a doublé entre 2014 et 2015. Rappelons également que selon l’OMS, il n’y a pas d’association entre migration et transmission de la tuberculose, car le risque de contamination de la population résidente est faible.

    Le taux de mortalité est globalement stable au cours des dernières années, mais a toutefois diminué en Région bruxelloise et surtout en Wallonie entre 2012 et 2013.

    Bien que le risque de développer une tuberculose soit relativement faible en Belgique (incidence de 8,6/100.000 habitants en 2014), il est trois fois plus important pour les habitants des grandes villes et au moins dix fois plus important dans les principaux groupes à risque (sans domicile fixe, prisonniers, demandeurs d’asile). Environ un tiers des cas diagnostiqués en 2014 appartenaient à un groupe à risque.

    En Wallonie, les 2 groupes les plus représentés sont les contacts de cas de tuberculose contagieuse (12.7 %) et les demandeurs d’asile (12.0 %). Les personnes précarisées (dont les sans-abri fixes et/ou en séjour irrégulier) sont également particulièrement à risque. La proportion cumulée de ces deux groupes parmi les cas de 2014 est de 3.8 % en Wallonie, alors qu’elle atteint 15.2 % à Bruxelles et 8.6 % pour la Belgique.

    La prévention de la tuberculose est une compétence des Régions depuis le 1er juillet 2014 et la Wallonie subsidie le FARES pour la mise en œuvre des objectifs de prévention de cette maladie.

    Comme j’ai déjà pu l’expliquer à de nombreuses reprises, les activités relatives à ces différents objectifs de prévention de la tuberculose en Wallonie font l’objet d’un plan opérationnel à 3 ans que le FARES a élaboré en tenant compte des recommandations scientifiques internationales.

    Pour rappel, le FARES a élaboré un plan opérationnel 2015-2017, constituant son cadre de travail pour cette période avec les axes d’actions pertinents à mener en Wallonie. Ce plan s'articule autour de trois axes de travail :

    I. La surveillance épidémiologique et la rédaction d'un rapport épidémiologique

    1. Assurer la surveillance des cas de tuberculose active ;
    2. Assurer la surveillance a minima de l’infection tuberculeuse ;
    3. Assurer la surveillance des clusters ;
    4. Assurer la surveillance de la résistance aux médicaments antituberculeux de première ligne ;
    5. Évaluer les activités de dépistage/stratégies ;
    6. Développer un système de collecte de données rationnel et sécurisé.


    II. La socioprophylaxie

    1. S’assurer que tout malade déclare est pris en charge adéquatement ;
    2. S’assurer que toute infection déclarée est prise en charge adéquatement ;
    3. Coordonner le dépistage de l’entourage des cas déclarés ;
    4. Assurer le dépistage précoce de la tuberculose dans les populations précarisées ayant un accès limite aux soins.


    III. La communication et l'expertise :

    1. Fournir de l’information à différents publics (sensibiliser, informer, former) ;
    2. Maintenir et développer l’expertise du FARES.

    Ces actions ciblent les publics précarisés (prisonniers, sans-abris, demandeurs d’asile, etc.) et l’entourage du patient infecté (dépistage et socioprophylaxie). Elles sont menées de concert avec les structures existantes (ONE, médecine scolaire, etc.).

    Une communication adéquate est nécessaire pour maintenir une cohérence dans les pratiques et un niveau d’expertise suffisant. Toutes les informations médicales et scientifiques sur la tuberculose se trouvent également sur leur site www.fares.be.

    La tuberculose est principalement une maladie dite « sociale », ou encore de la pauvreté, où les déterminants non médicaux de la santé jouent un rôle essentiel dans son développement, mais également dans la capacité des patients à suivre le traitement jusqu’à son terme.

    Les actions entreprises doivent dépasser le domaine médical et impliquer d’autres secteurs afin notamment :
    - d’améliorer les conditions de vie, de logement et de travail,
    - de réduire les inégalités sociales,
    - et de lutter contre la pauvreté.

    Une collaboration efficace est nécessaire entre ces secteurs et les acteurs de la lutte contre la tuberculose.

    Un protocole d’accord relatif à la tuberculose a été signé en juillet 2013 par les 7 Ministres responsables de la santé au niveau Fédéral et au niveau des entités fédérées. Il prône lui aussi « une coordination et une collaboration efficace, tant en ce qui concerne la politique à suivre que les activités sur le terrain ».

    Par ailleurs, le 21 mars 2016, un protocole d’accord « prévention » du groupe de travail Intercabinets « maladies chroniques » a été conclu. Celui-ci précise les engagements respectifs des communautés, des régions et de l’autorité fédérale. Il prévoit également le suivi de l’avancement de la réalisation du protocole d’accord du 24 juin 2013 et signé en juillet 2013.