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La croissance du travail intérimaire

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 244 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 02/05/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Sur le marché belge du travail, on constate que le travail intérimaire est le secteur qui a la plus grande progression.

    Entre 2013 et 2015, les chercheurs de l’HIVA (Onderzoekinstituut voor arbeid en samenleving), constatent une croissance modeste de l’emploi en général, et constatent dans le même temps, que dans le secteur de l’intérim 14.500 emplois ont été créés. Cela prouve que les employeurs sont très prudents au niveau du recrutement.

    Depuis la crise, ce n’est pas moins de 6.700 emplois qui ont été perdus dans le secteur financier et 6.800 détruits dans la construction.

    Rien d’étonnant à ce que ce soit le travail intérimaire qui augmente, pendant que dans les autres secteurs, l’emploi stagne, régresse ou ne progresse que très modérément.

    La raison est simple : c’est le moyen le plus facile « d’embaucher » un jour et de « licencier » le lendemain – sauf que les travailleurs sont continuellement confrontés à l’insécurité existentielle. Et on ose encore, réclamer plus de flexibilité du marché du travail ? En plus cela concerne d’abord et avant tout les travailleurs à faible profil de qualification.

    N’est-il pas indiqué d’œuvrer pour que des incitants, transformant le travail intérimaire en véritable tremplin plutôt qu’en case d’attente, soient mis en place ?
    Par exemple, qu’après autant de jours de recours au travail intérimaire, le travailleur puisse bénéficier d’une formation qualifiante réconfortant son employabilité dans les secteurs qui font appel à son travail comme intérimaire ?
  • Réponse du 30/05/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Selon Federgon, en mars 2016, le nombre d’heures d’intérim prestées en Belgique a augmenté tant sur une base mensuelle (+2,2 %) que sur une base annuelle (+9,1 %). En Région wallonne, le nombre d’heures prestées a également augmenté sur une base annuelle (+12,8 %) et ce, de manière continue depuis 2014.

    Les raisons qui poussent les entreprises à faire appel au travail intérimaire sont nombreuses. Comme le dit l'honorable membre, une de ces raisons est bien sûr la facilité d’embaucher pour une période limitée un travailleur, c’est l’essence même d’un contrat intérimaire. L’incertitude qui pèse globalement sur l’économie pour l’instant, ou encore les modalités de production spécifiques et évolutives de certaines entreprises sont autant d’autres raisons qui décident parfois l’employeur à recourir au travail intérimaire.

    Rappelons qu’il existe un cadre précis dans lequel s’organise le travail intérimaire : le principe général qui veut que si des contrats de travail intérimaire journaliers successifs auprès d’un même utilisateur sont autorisés, ce dernier doit démontrer préalablement le besoin de flexibilité présidant au recours à de tels contrats.

    Pour ce qui concerne les statuts et les modalités de licenciement des travailleurs dont les contrats intérimaires se prolongent, il convient de préciser que ces contrats, par essence temporaires, font état d’une date de fin de prestation pour le travailleur.

    Deux cas de figure sont donc possibles, soit la mission se termine purement et simplement et il n’y a pas d’indemnités versées puisqu’il n’y a pas de rupture de contrat à proprement parler, soit c’est l’entreprise qui emploie le travailleur qui décide unilatéralement de rompre le contrat de travail, alors l’agence d’intérim est tenue contractuellement de verser la totalité du salaire au travailleur qui se verrait licencié.

    Dès lors, je ne pense pas qu’il soit tout à fait juste de dire que l’emploi intérimaire soit « une case d’attente ». Qu’on le veuille ou pas, à ce jour, le travail intérimaire est et reste un vecteur d’accès à l’emploi important et privilégié pour certaines catégories de travailleurs. Et ce contrat de travail est dans de nombreuses situations un véritable tremplin pour l’emploi, singulièrement pour les jeunes demandeurs d’emploi. L’étude menée, en 2013, par le FOREm, portant sur les demandeurs d’emploi inactifs pendant au moins 3 mois consécutifs et ayant connu l’intérim par après, montre notamment que 25,1 % des demandeurs d’emploi, en particulier des jeunes diplômés, dont le parcours commence par quelques missions d’intérim, connaissent ensuite une insertion durable sur le marché de l’emploi.

    Par ailleurs, comme le démontre la même étude, les travailleurs peu qualifiés, généralement âgés de 25 à 45 ans, qui s’inscrivent dans une démarche d’intérim, en tant qu’ouvriers dans les secteurs industriels, le font dans le but de trouver un emploi fixe.

    Enfin, je dirais qu’il ne faut pas réduire la question du recours à l’intérim à un problème de qualification des travailleurs. Le monde de l’intérim fait d’ailleurs de plus en plus souvent appel à des travailleurs hautement qualifiés qui utilisent ce contrat de travail comme vecteur d’insertion ou – plus rarement – comme un outil de flexibilité individuel.

    En ce qui concerne les travailleurs intérimaires, s’ils sont inscrits comme demandeurs d’emploi, ils peuvent, sans difficulté, recourir aux différentes actions d’insertion du FOREm et entamer des démarches afin d’acquérir des compétences complémentaires.

    Pour mémoire, les Missions régionales pour l’emploi ont développé des projets ciblant les jeunes dans les quartiers prioritaires, axés sur la capitalisation de compétences acquises en intérim et celles à acquérir via la formation, et leur permettant de « monter en compétences » dans le secteur concerné.

    Cette dynamique, soutenue par des jobcoaches, permet au demandeur d’emploi d’adapter son profil de compétences dans le cadre d’un trajet en alternance « intérim/formation » dans la perspective de décrocher un contrat de travail classique.