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Le rôle des innovations technologiques dans les politiques de promotion d'une alimentation saine

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 972 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 04/05/2016
    • de DOCK Magali
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Récemment des inventions technologiques prometteuses pour promouvoir une santé durable chez les citoyens ont vu le jour. Des scientifiques américains et japonais ont respectivement développé des prototypes que sont la « Smart Plate », donc une assiette intelligente, et une fourchette simulant le goût du sel. La Smart Plate permet d’identifier précisément, de par sa connexion avec un smartphone, les ingrédients ainsi que les calories ingérées par l’organisme. De la sorte, cet outil pourrait servir à renforcer la lutte contre l’obésité. La fourchette simulant le goût du sel, quant à elle, évite une surconsommation de sel qui affecte énormément de citoyens et qui peut mener à de l’hypertension, de l’ostéoporose et des maladies cardiovasculaires. Cette fourchette pourrait développer prochainement ses capacités avec le goût du sucre, ce qui permettrait par exemple aux personnes souffrant de diabète de profiter de ce goût que leur interdit leur maladie. Ces deux innovations ne sont pas encore mises sur le marché, mais ont un véritable potentiel pour combattre des maladies très fréquentes chez les citoyens et qui, de plus, coûtent beaucoup d’argent.

    Quel est l'avis de Monsieur le Ministre sur le développement de ce type de produit ?

    Certains outils technologiques sont-ils inclus dans sa stratégie pour accroître l’efficacité de ses politiques de prévention ?
    Sera-ce le cas pour celles-ci ?

    Quelles mesures sont prises pour faciliter la démocratisation de ces outils ?
  • Réponse du 30/05/2016
    • de PREVOT Maxime

    La Smartplate est une assiette connectée qui, via un système de caméras intégrées dans l’assiette et un logiciel sur mobile, analyse la composition des aliments et les portions à partir de leur image et de leur poids. Il semblerait toutefois que les résultats des calculs manquent de précision lorsque les aliments ne sont pas parfaitement détectés par les caméras intégrées. Elle ne pourrait donc calculer avec précision les calories, les nutriments, le sel, et le sucre présents. En outre, le calcul est effectué à partir de moyennes de bases de données nutritionnelles. Enfin, face à un aliment non reconnu, l’assiette doit demander des informations au consommateur qui n’est pas toujours capable de le lui fournir. Elle a également été critiquée, car son approche se base uniquement sur le contrôle des calories. Elle n’incite pas par exemple à plus d’activité physique. Elle a aussi été critiquée, car, assez simplement, il est difficile d’imaginer que l’on puisse emporter son assiette partout avec soi, par exemple sur le lieu de travail, au restaurant ou encore lorsqu’on est invité, sans parler des repas pour lesquels on n’utilise pas d’assiette (sandwich, cornet de frites, fast-food, etc.).

    La fourchette qui simule le goût du sel fonctionne par stimulation électrique des papilles, selon un réglage que peut réaliser chaque utilisateur. Il semblerait que les sensations salées et aigres sont bien présentes, mais une intensité électrique trop importante vire à un goût métallique. S’il devait aboutir à un produit commercialisable, le système devrait sans doute être paramétrable en fonction des habitudes alimentaires et de l’âge pour convenir au plus grand nombre.

    Enfin, tant pour l’assiette que pour la fourchette, on n’a pas trouvé d’évaluation de l’impact de cette fourchette sur la santé.

    Mon avis sur ce type de produit est celui que j’ai émis dans plusieurs réponses à des questions orales sur les innovations technologiques en lien avec la « e-Santé ». Il n’est pas toujours évident d’apporter la solution à des problèmes de santé qui sont multifactoriels et qui reposent sur les nombreux facteurs que sont les déterminants de la santé.

    Il faut reconnaître qu’il y a des porteurs de projets innovants qui ne connaissent pas le monde de la santé et des soins de santé. À l’inverse, il y a des professionnels de la santé qui développent des projets tout à fait intéressants, mais pour qui l’enjeu est de les développer dans un contexte d’affaires, de viabilité économique et d’utilisation par un grand nombre. Il y a par ailleurs les génies de l’informatique et des nouvelles technologies. L’enjeu est de mettre ensemble les trois approches : ceux qui ont des idées, ceux qui sont en lien avec les besoins du terrain et ceux qui ont la connaissance en matière de développement économique et de business plan.

    Plus particulièrement sur les développements de ces innovations dans le secteur des applications mobiles en soins de santé, l’objectif est de convenir entre toutes les entités au sein de la Conférence interministérielle de la santé, un cadre pour leur développement et leur utilisation. Le caractère EBM (« Evidence Based Medecine ») ne doit pas être perdu de vue de même qu’un des principes fondamentaux en médecine est « primum non nocere » (d’abord ne pas nuire).

    Je rappelais aussi que lorsqu’il s’agit de comportements en santé tout comme en santé mentale ou de santé somatique, ces avancées technologiques, aussi efficaces seront-elles, ne devraient pas avoir pour effet de négliger la dimension relationnelle, fondamentale en ce domaine. La vigilance s’impose donc. C’était la conclusion de ma réponse aux deux questions orales : « ni résistance au changement, ni fascination technologique, mais usage responsable et pragmatique ».

    Compte tenu de ces éléments et compte tenu du fait qu’un travail est en cours au sein de la Conférence interministérielle de la santé et que plusieurs aspects peuvent également concerner d’autres compétences, par exemple les autorisations de mise sur le marché et la protection des consommateurs, qui sont régionales, communautaire et fédérales, il m’apparait qu’il est à ce stade prématuré de prévoir des mesures particulières pour faciliter la démocratisation de ces outils.