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L’efficience de l’utilisation de l’argent public wallon dans la restauration du patrimoine sénégalais

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 993 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 11/05/2016
    • de DOCK Magali
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine
    Une visite du Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, au Sénégal, avait notamment pour objectif de développer les relations autour du patrimoine avec ce pays. L’Ancienne Assemblée territoriale du Fleuve, bâtiment répertorié à l’inventaire du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

    Un journal sénégalais (Le Quotidien), en parlant de celui-ci, signale, je le cite : « La Wallonie aurait consacré plusieurs centaines de milliers d’euros à ce chantier, incluant la formation de jeunes travailleurs locaux aux métiers de la rénovation et du patrimoine. À l’époque, informe-t-on, ce lieu devait faire figure d’exemple au Sénégal, de manière pérenne, en ce qui concerne les techniques de restauration ?
    Malheureusement 7 ans plus tard, force est de constater que le bâtiment est à nouveau en grand délabrement. Les investissements consentis n’ont pas servi très longtemps. L’immeuble tombe à nouveau en ruine et la visite de M. Rudy Demotte devrait servir dans le cadre de la coopération entre les deux pays à trouver une solution ».

    Quels ont été les montants investis par la Région wallonne et l’IPW (deux des trois partenaires belges avec la FWB de ce projet) dans la restauration de ce bâtiment pour un résultat si contestable ?

    La Fédération Wallonie-Bruxelles est-elle leader dans ce dossier ?

    Quels sont les critères de Monsieur le Ministre pour attribuer de l’argent wallon à des projets de restauration de patrimoine au niveau international ?

    Quel suivi instaure-t-il pour l’utilisation efficiente de cet argent dans ces projets ?
  • Réponse du 23/05/2016
    • de PREVOT Maxime

    La réponse à cette question a déjà été en grande partie formulée à Mme WAROUX le 17 novembre 2015 qui m’a interrogé exactement sur le même sujet.

    En voici les compléments et précisions utiles pour nuancer, notamment, ce que la presse a relayé ce 11 mai dernier sur base de l'analyse de l'honorable membre.
     
    L'honorable membre me questionne sur la part prise par l’Institut du Patrimoine wallon dans ce projet au Sénégal, sachant que Wallonie-Bruxelles International est intervenu par ailleurs et plus largement dans le cadre des Accords de coopération pour financer et mener à bien les travaux de réhabilitation de l’Ancienne Assemblée territoriale du Fleuve à Saint-Louis, bâtiment emblématique de l’histoire de l’ancienne capitale de l’Afrique-Occidentale Française.
     
    L’IPW a uniquement apporté son expertise de 2004 à 2009 au travers des formations ponctuelles destinées aux artisans locaux dans les domaines spécifiques du patrimoine. Un montant total de 142.511,- euros a été alloué à l’Institut par WBI pour ces formations. Les frais de missions et d’honoraires des formateurs indépendants étaient couverts par les budgets de WBI. D’autres montants ont été engagés par WBI pour le chantier proprement dit dès 2007. Ces travaux de construction ou de restauration ont été réalisés par une entreprise locale, la moins-disante, choisie par les autorités sénégalaises par marché public conformément à la législation en vigueur au Sénégal. Elle a montré toutes ses faiblesses durant l’exécution des travaux, qui ont mené à certains vices cachés apparus après exécution. Les travaux se sont terminés le 19 décembre 2009 avec l’inauguration du bâtiment par le Ministre de la Culture du Sénégal.
     
    C’est dans ce contexte que doivent être replacées les dégradations constatées en postchantier qui présentent aujourd’hui un aspect particulièrement choquant, le tout replacé dans le climat difficile que constitue le milieu océanique de Saint-Louis.
     
    En matière de suivi, des rapports identifiant les raisons de ces dégradations ont été rédigés par l’IPW et l’ISSEP dès 2011. Ils furent transmis officiellement aux Autorités sénégalaises le 19 janvier 2012. Ces rapports ont démontré notamment que du sable salé, non conforme, a été utilisé par l’entreprise locale dans la seconde couche d’enduit provoquant les dégradations visibles, ce qui constitue un vice caché. De plus, lors de l’installation du Conseil régional en ce lieu, les aménagements réalisés pour rendre rapidement le bâtiment fonctionnel, en l’absence d’architecte, d’une Charte de patrimoine et d’un manuel d’entretien, ont également provoqué des dommages.
     
    Ce ne sont donc pas les compétences techniques wallonnes qui sont à mettre en cause. Les interventions menées en présence des formateurs wallons et avec des artisans formés ont été bien exécutées. Par contre, les recommandations non suivies par l’entreprise locale ayant réalisé le chantier, les aménagements non conformes ultérieurs et l’absence de certains matériaux au Sénégal sont à l’origine des problèmes.
     
    En concertation avec WBI et l’IPW, des solutions constructives ont été envisagées par la Direction du Patrimoine culturel du Sénégal (partenaire du projet et propriétaire des lieux) et le Conseil régional, puis départemental de Saint-Louis, locataire depuis la fin des travaux. La Wallonie est donc restée présente dans le suivi de ce projet en postchantier et a dégagé des éléments analytiques nécessaires concernant les causes des dégradations.
     
    À l’invitation des Autorités sénégalaises, le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est rendu dernièrement au Sénégal, notamment pour constater l’évolution du dossier de l’Assemblée territoriale du fleuve. Au côté du maître d’ouvrage sénégalais, il se révèle que les compétences de la Wallonie resteront nécessaires lors des travaux de réparation envisagés qui permettront de corriger les causes des dégradations. Dans le contexte océanique de Saint-Louis, la rédaction d’un manuel d’entretien sera également indispensable pour garantir la pérennité souhaitée. La prochaine Commission mixte prévue fin 2016 permettra de définir précisément l’intervention de la Wallonie concernant cet édifice.
     
    En ce qui concerne les critères pour attribuer un financement public wallon à un projet de restauration de Patrimoine à l’international, les projets internationaux de coopération en matière de Patrimoine, tout comme dans les autres secteurs, sont développés dans le cadre des Commissions mixtes de la Wallonie avec ses pays partenaires. Les actions ponctuelles menées par l’IPW, comme pôle d’expertise et à la demande de WBI, sont donc définies suivant les critères de ces Commissions, ceci en pleine cohérence avec la note de Politique internationale des Gouvernements de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles et en étroite collaboration avec Wallonie-Bruxelles International (WBI).