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Le manque d'informations sur les maladies mentales

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1004 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 12/05/2016
    • de DOCK Magali
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Une étude récente effectuée par un psychiatre spécialiste du sujet tend à montrer le lien très fort entre créativité et vulnérabilité psychologique. Il s’avère en effet que l’axe bipolarité-schizophrénie soit particulièrement concerné par cela. Les personnes relevant de ce continuum ont souvent des expériences hors normes (apparentées à la psychose), un tempérament bien particulier et très marqué (proche de la manie) et un mode de pensée divergent ou « surinclusif » (qui se manifeste par exemple par une propension à voir des associations qui échappent complètement aux autres) – autant de déclencheurs de troubles psychiatriques qui sont aussi une source de créativité. Hélas, les préjugés vis-à-vis de ces maladies sont extrêmement forts et peuvent très facilement bloquer l’accès à un emploi. Or, nous constatons que ces maladies sont certes très handicapantes quand elles atteignent un certain degré, mais qu’au contraire ces maladies développées à un niveau plus restreint permettent une expression plus aisée de la créativité et rendent les inconvénients de ces maladies plus mineurs. Pour être tout à fait précis, les symptômes sont bénéfiques pour la créativité jusqu’à un certain point où les inconvénients prennent le dessus.

    Quelles mesures de communication Monsieur le Ministre va-t-il développer pour que la stigmatisation autour de ces cas diminue ?

    Quelles maladies mentales seront ciblées en priorité ?
  • Réponse du 01/06/2016
    • de PREVOT Maxime

    La schizophrénie est une maladie chronique qui débute souvent chez le jeune adulte et dont l’incidence (nombre annuel de nouveaux cas) est la même partout dans le monde. En Wallonie, on considère qu’il y a 500 nouveaux diagnostics chaque année. La prévalence varie entre 1 et 1,5 %, ce qui signifie qu’en Wallonie, il y a entre 36 000 et 54 000 personnes souffrant de ce trouble psychiatrique à des degrés de gravité variables.

    C’est vrai qu’il existe une stigmatisation des patients atteints de schizophrénie ou de maladies mentales en général. Mais c’est également vrai pour bien d’autres maladies par exemple la maladie de Parkinson. « La méconnaissance d’une maladie conduit souvent à des attitudes négatives et peut engendrer l’exclusion sociale » ; cette réalité touche beaucoup de gens souffrant de maladies qui engendrent des comportements jugés « bizarres » comme la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques, le diabète, ...

    Si des campagnes de sensibilisation doivent être faites, elles ne doivent pas se focaliser sur une maladie (le public serait vite saturé par de multiples campagnes puisque de nombreuses maladies engendrent la stigmatisation), mais plutôt sur la modification des représentations vis-à-vis des maladies et vis-à-vis de la différence de manière générale. Rappelons que « la loi interdit la discrimination fondée sur la prétendue race, la nationalité, la couleur de peau, l'ascendance ou l'origine nationale ou ethnique, le sexe et les critères apparentés (grossesse, accouchement, maternité, changement de sexe, transsexualisme), le handicap, l'âge, l'orientation sexuelle, les convictions religieuses, philosophiques ou politiques, la naissance, l'état civil, la fortune, la langue, l'état de santé, les caractéristiques physiques ou génétiques, l'origine sociale. »

    En Wallonie, la Direction de l’Égalité des Chances, au sein de la DGO5, lutte contre ces discriminations et finance notamment le site www.stop-discrimination.be dans le cadre des Protocoles de collaboration entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie, le Centre interfédéral pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme et les discriminations et l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes. J'invite l'honorable membre à aller voir sur ce site les clips de campagne sur la discrimination.

    Toutefois, je pense d'abord qu’une bonne manière de diminuer la stigmatisation est de soutenir la participation des usagers à la prise en charge des troubles en santé mentale, ce que fait la Région wallonne via le soutien de PSYTOYENS et le soutien aux réseaux PSY107 où les usagers ont une place active.

    En effet, les réseaux PSY107, issus de la Réforme en soins de santé mentale « article 107 », ont pour philosophie de traiter les personnes autant que possible dans leur communauté en favorisant leur inclusion dans cette communauté au niveau social et professionnel. Les Ministres belges de la Santé ont validé cette approche via la conférence interministérielle du 26 avril 2010.
    Les institutions groupées dans les réseaux PSY107 cherchent à mettre en place des solutions pour traiter les troubles mentaux hors des structures résidentielles spécialisées comme les hôpitaux psychiatriques. Cette approche est déjà une manière de diminuer le stigma lié à la maladie mentale.

    Une autre avancée des réseaux PSY107 pour diminuer la stigmatisation est la participation effective des usagers et des familles d’usagers aux réseaux. Ces usagers et proches sont formés à la participation aux réunions du réseau via PSYTOYENS (une Fédération d’association d’usagers) et SIMILES (une Fédération d’association de proches d’usagers), deux Fédérations soutenues par la Région wallonne depuis plusieurs années. Les réseaux sont un lieu où les usagers et proches font des recommandations concrètes pour améliorer la prise en charge des personnes avec un trouble mental et pour améliorer leur inclusion dans leur communauté.

    Ces associations d’usagers et de proches réalisent elles-mêmes des communications sur les troubles en santé mentale (SIMILES Wallonie organise ainsi un colloque le 22 novembre 2016 intitulé Santé mentale : travailler avec les proches).

    En outre, le travail en réseau, en ce compris avec les patients et leur famille, est une approche de longue date au sein des services de santé mentale agréés par la Wallonie. Avec des exemples parlants comme Revers/Siajef à Liège.

    La question de la créativité est aussi une source de reconnaissance positive de la maladie : les clubs thérapeutiques agréés y contribuent (on est bien sûr du côté thérapeutique, art-thérapie, etc.) lors des expositions consacrées aux œuvres réalisées.

    Enfin au niveau de l’accès à un emploi, les entreprises de travail adapté peuvent être un précieux support pour certains cas plus « handicapants ». Il faut souligner aussi que des mesures réglementaires existent afin d’encourager l’engagement des personnes handicapées (y compris sur le plan mental) dans le service public. Pas moins de 2,5 à 3 % des engagements du secteur public sont réservés à ces personnes.

    Les maladies mentales telles la bipolarité ou la schizophrénie rentrent dans les conditions d’accès à ces emplois, tout en soulignant bien que ces personnes sont parfois très difficiles à (ré)insérer, de par leur comportement et un des problèmes rencontrés, outre l’accès à un emploi, c’est le maintien dans cet emploi.

    Enfin, l’INAMI soutient le « Disability Management » (voir Newsletter du 13/05/2016 http://www.inami.fgov.be/fr/publications/Pages/disability-management-formation-certification.aspx#.V0Kil3lf2Uk consulté la dernière fois le 23/05/2016) notamment en organisant des formations en vue de la certification. Le DM est une méthodologie développée au Canada qui vise au maintien au travail ou sur un retour rapide/adéquat au travail de la personne en incapacité de travail (prise en compte des besoins individuels de la personne, des conditions de travail et du cadre législatif).