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Les effets des sanctions russes sur l'économie wallonne

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 358 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/05/2016
    • de LAMBELIN Anne
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Cela fait plus d'un an et demi que la Russie a interdit, au sein de son territoire, les importations de produits d'agriculture, de matières premières et de denrées alimentaires provenant des pays ayant introduit des sanctions contre Moscou. Celles-ci faisaient suite à l'annexion, par Moscou, de la Crimée.

    En mars 2015, j'avais interrogé Monsieur le Ministre sur le bilan des sanctions russes sur l'économie wallonne. Il avait annoncé qu'aucun impact direct n'avait, à l'époque,
    pu être observé.

    Depuis lors, le prix des pommes et des poires ne cesse de s'enfoncer, au point d'avoir atteint un plus bas niveau depuis la crise économique de 2009. Des prix actuels qui ne permettent pas aux fruiticulteurs de couvrir leurs coûts, auxquels viennent s'ajouter les frais d'entreposage et de conservation. Selon le syndicat agricole flamand, Boerenbond, l'embargo russe touche tout particulièrement les producteurs belges de poires. Rappelons que la Belgique est le troisième plus gros producteur de poires en Europe.

    Il semblerait donc que l'embargo, décidé il y a plus d'un an, commence à porter atteinte à nos producteurs. 18 mois après l'embargo russe, les conclusions de Monsieur le Ministre sont-elles les mêmes qu'en mars 2015 ? La situation de nos exportations est-elle aussi préoccupante en Wallonie ?

    La situation, par rapport aux sanctions économiques, va-t-elle évoluer dans les prochains mois ?
  • Réponse du 09/06/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Tout d’abord, il convient de préciser que l’embargo russe ne porte pas sur l’ensemble des produits de l’agriculture et des denrées alimentaires.

    En ce qui concerne les exportations de poires, puisque c’est de cela qu’il s’agit, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
    * En 2011, la Wallonie exportait des poires pour 2,21 millions euros, dont 100.000 euros vers le Russie ;
    * En 2013, ce total passait à 11,33 millions euros, dont 620.000 euros vers la Russie ;
    * En 2014, malgré l’embargo russe décrété en août, les exportations wallonnes de poires atteignaient 12,1 millions euros (+6,8 %), dont 1,49 million euros vers la Russie (+140 %);
    * En 2015, alors que les exportations wallonnes de poires vers la Russie étaient, et pour cause, réduites à néant, les exportations vers le reste du monde atteignaient un montant record avec 13,81 millions euros (+14,1 %).

    Si l’on s’en tient à ces seuls chiffres communiqués par la Banque Nationale de Belgique, on pourrait penser que cet embargo n’a finalement eu guère d’impact sur les fruiticulteurs wallons.

    Pour mieux évaluer cet impact, il convient toutefois de prendre en considération le fait qu’une part importante de la production wallonne est commercialisée et ensuite exportée par le biais d’opérateurs situés en Flandre.

    Ainsi, si l’on considère la Belgique dans son ensemble en 2011, on constate que les exportations de poires s’élevaient à 181,62 millions euros, dont 89,67 millions euros vers la Russie. En 2013, ces montants passaient respectivement à 228,16 et 84,68 millions euros. En 2014, à 209,17 et à 57,25 millions euros et, en 2015, à 221,63 et 0,4 million euros.

    Autrement dit, les exportations belges de poires (toutes destinations) retrouvaient en 2015 un niveau sensiblement équivalent à celui d’avant embargo. On peut donc considérer que les exportations de poires wallonnes par le biais d’opérateurs flamands connaissent la même tendance.

    De plus, en qui concerne l’évolution des prix des poires, selon le Service public fédéral Économie, ceux-ci ne baissent pas. Ainsi, au quatrième trimestre 2015, le prix des poires dépassait en moyenne de 37,8 % le niveau observé à la même période en 2014. En comparaison avec la période précédant l'embargo, le prix des poires affichait une hausse moyenne de 4,4 % au quatrième trimestre 2015.

    On notera également que si la diversification des exportations de poires hors Europe peut constituer à terme une opportunité non négligeable pour les opérateurs commerciaux, il serait erroné de penser que depuis 2014 et l’embargo, cette diversification a contribué à soulager les exportateurs.

    En effet, avant même cet embargo et certainement beaucoup plus intensivement depuis, l’AFSCA, dont c’est la compétence, a entrepris la négociation d’accords phytosanitaires avec les pays suivants :
    Canada ;
    Japon ;
    Philippines ;
    Corée ;
    États-Unis ;
    Brésil ;
    Israël ;
    Colombie ;
    Mexique ;
    Chili ;
    Pérou ;
    Thaïlande.

    Aucune n’a encore abouti.

    On se souviendra que l’embargo russe sur les produits alimentaires est une riposte à l’encontre de l’Union européenne suite aux sanctions économiques imposées par celle-ci en juillet et septembre 2014 et ciblant les échanges avec la Russie dans des secteurs économiques spécifiques.

    En mars 2015, les dirigeants de l'UE ont décidé d'aligner le régime actuel de sanctions sur la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk, qui était prévue pour la fin décembre 2015. À la suite de cette décision, le 22 juin 2015, le Conseil a prorogé les sanctions économiques de six mois, jusqu'au 31 janvier 2016. Étant donné que les accords de Minsk n’ont pas été entièrement mis en œuvre avant le 31 décembre 2015, le Conseil a prorogé les sanctions économiques jusqu'au 31 juillet 2016.

    Actuellement, l’embargo russe a été prolongé jusqu’en juin 2016. Une éventuelle prolongation sera directement liée à la décision de l’UE de prolonger ou lever les sanctions économiques en juillet prochain.