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L'emploi et la formation des personnes en situation de handicap

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 257 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/05/2016
    • de LECOMTE Carine
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le Grand-Duché de Luxembourg mène une politique proactive dans le domaine de l'emploi des salariés en situation de handicap. Ainsi, la législation est plutôt contraignante puisqu'elle oblige les entreprises à embaucher des salariés handicapés (un travailleur handicapé pour 35 salariés).

    Néanmoins, cette législation n'est pas toujours respectée par les employeurs. Selon Norman Fisch, directeur de l'Institut national luxembourgeois pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), les entreprises ne sont pas assez sensibilisées à la plus-value que peuvent apporter les personnes handicapées. La plupart voient ce genre d’embauche comme une contrainte.

    De plus, selon l'Adem, l'Agence pour le développement de l'emploi luxembourgeois, 63 % des demandeurs d'emploi luxembourgeois handicapés ont un niveau d' éducation qualifié d'inférieur et seuls 6 % d’entre eux ont fait des études supérieures.

    En outre, au Grand-Duché de Luxembourg, 35 % des demandeurs d'emploi en situation de handicap ont entre 50 et 59 ans.

    En 2014, le taux d'emploi global des personnes handicapées en Belgique se situait en dessous de la moyenne européenne (40,7 % pour la Belgique, 47,3 % moyenne européenne). Les meilleurs taux étaient constatés en Suède (66,2 %) et au Luxembourg (62,5 %).

    Madame la Ministre dispose-t-elle d'indications sur le profil des demandeurs d'emploi en situation de handicap en Région wallonne (formation, âge,..) ?

    La Suède et le Luxembourg affichent un taux d'emploi des personnes handicapées supérieur à celui de la Belgique, probablement, en partie, en raison de leur bonne santé économique. Mais ne relève-t-il pas aussi d’initiatives porteuses en termes de formation et d’intégration de ces personnes ? Des contacts ont-ils été pris avec ces pays afin de s’en assurer ?
  • Réponse du 08/06/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    L’emploi des personnes en situation de handicap reste une des priorités du Gouvernement wallon; c’est la raison pour laquelle le Plan Marshall intègre un axe relatif à l’aide aux personnes dépendantes. L’accès de la personne en situation de handicap au marché du travail est notamment facilité au travers des mesures dites de « résorption du chômage » (APE et PTP en particulier).

    En revanche, les systèmes wallons, luxembourgeois et suédois sont difficilement comparables. Toute comparaison, pour être pertinente, devrait aussi tenir compte du taux d’emploi de la population générale.

    Pour la Wallonie, c’est principalement l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ - anciennement l’AWIPH) qui est chargée d’assurer l’insertion des personnes handicapées via les dispositifs et les aides dont l’Agence dispose.

    J'invite l'honorable membre, pour plus de précisions à ce propos, à interroger mon collègue en charge de l’Action sociale et de la Santé.

    En termes de profil des personnes handicapées, ni l’AViQ ni le FOREm ne disposent de chiffres précis. En effet, afin d’éviter tout risque de stigmatisation, les personnes concernées qui travaillent souhaitent souvent éviter de se faire connaître comme porteuses de handicap.
    En ce qui concerne plus particulièrement le FOREm, toute personne recherchant un emploi est accompagnée, sans discrimination. En effet, chaque demandeur d’emploi inscrit au FOREm bénéficie d’un accompagnement personnalisé, coordonné par un conseiller unique (conseiller référent) et soutenu dans la durée (un an prolongeable si nécessaire).

    Le parcours de la personne s’articule autour d’un plan d’actions personnalisé. Dans ce contexte, les personnes les plus vulnérables bénéficient d’un service adapté à leurs besoins. C’est ainsi que les personnes qui souffrent d’une incapacité de travail partielle se voient proposer un parcours intégrant différentes actions en termes d’orientation, d’acquisition de compétences et de recherche d’emploi.

    Par ailleurs et comme dans d’autres pays européens, diverses initiatives porteuses ont aussi vu le jour.

    À cet égard, soulignons qu’une convention-cadre a été conclue entre le FOREm et l’AVIQ en vue de favoriser la (ré)intégration des personnes handicapées (physiques et mentales).

    Cette convention permet la réalisation de nombreuses actions.
    * En soutien à cette convention, les Missions régionales (MIRE) se sont vues dotées, depuis 2006, de 15 jobcoachs APE supplémentaires dédicacés à l’accompagnement individualisé de personnes porteuses d’un handicap. La convention valorise aussi 100 postes PTP « Wall’iph » réservés aux employeurs qui engagent des travailleur/euse–s handicapé(e)s.
    Selon la taille et l’organisation interne de chaque MIRE, les demandeurs d’emploi porteurs de handicaps sont, soit accompagnés par ces jobcoachs spécialisés, soit par l’ensemble des jobcoachs de la MIRE. Le jobcoach AViQ sert alors de référent pour ses collègues en matière d’accompagnement et de mise à l’emploi de personnes en situation de handicap (méthodologie, organismes ressources, connaissances des aides à l’embauche spécifiques, etc.).
    Des personnes porteuses de handicap mais non reconnues par l’Agence peuvent en outre être intégrées dans la MIRE et bénéficier d’un accompagnement adapté dans ce cadre.
    En 2014, les MIRE ont accompagné 392 bénéficiaires en situation de handicap, soit 6,5 % du public accompagné par les MIRE en 2014. Le taux d’insertion durable de ce public est de 56 %.
    Des groupes de travail regroupant les jobcoachs de toutes les MIRE se réunissent régulièrement et permettent d’échanger les bonnes pratiques, au même titre que des informations avec les services d’insertion de l’AViQ.
    En ce qui concerne les employeurs, les MIRE se sont progressivement constitué un réseau d’entreprises sensibles à la question du handicap. Ce réseau qu’elles entretiennent ne cesse de grandir au bénéfice des travailleurs concernés.

    * L’accueil et l’information des personnes handicapées ont également été renforcés. Le FOREm a en effet revu ses modalités de convocation. Ainsi, le document de convocation a été modifié pour permettre aux personnes de signaler leur handicap auprès du FOREm; un processus interne est prévu pour assurer l’adaptation nécessaire facilitant la prise en charge de la personne.
    Le projet MODA (Modalités Opératoires des Demandes d’Accessibilité/d’Adaptation), permet à tout demandeur d’emploi en situation de handicap et qui est convoqué à un entretien avec son conseiller référent, de signaler sa situation, afin que le suivi soit adapté.
    Ce projet MODA permet, entre autres, d’assurer si besoin la présence d’un interprète en langue des signes, lors des entretiens du demandeur d’emploi sourd ou malentendant avec son conseiller référent, dans les étapes de son accompagnement à l’emploi.

    * La présence de conseillers AVIQ au sein du dispositif Carrefour Emploi Formation Orientation du FOREm permet d’informer la personne handicapée en matière de formation et d’insertion socioprofessionnelle et, par un conseil adapté, de l’orienter de manière adéquate vers les opportunités qui s’offrent à elle.

    * L’élaboration d’actions intégrées au profit des personnes handicapées vise notamment à intégrer les personnes handicapées dans une structure de formation traditionnelle et à mettre celles-ci en lien avec des opportunités d’emploi.

    Cette convention-cadre a enfin pour objectif de poursuivre la sensibilisation et la formation des agents du FOREm en développant les échanges entre les professionnels du handicap et les travailleurs du FOREm.

    La plupart des agents du FOREm en contact avec le public visé ont ainsi bénéficié d’une formation dispensée par des formateurs de l’AVIQ.

    Par ailleurs, le FOREm propose aussi une formation spécifique aux conseillers référents de manière à renforcer leurs connaissances relatives à l’intégration des personnes handicapées et à leur donner des outils facilitant l’accompagnement de ce public.

    En matière d’initiatives innovantes encore, en mars dernier, en Wallonie, 55 entreprises ont accueilli 90 stagiaires en situation de handicap dans le cadre de la 4e édition wallonne du « DUOday ». De grandes entreprises, comme des indépendants, issus de secteurs variés ont formé des duos entre une personne handicapée et un travailleur de l’entreprise, dans toute la Belgique.

    Force est donc de constater que les initiatives porteuses en faveur de l’intégration socioprofessionnelle des personnes handicapées ne manquent pas.