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Le coût social lié à la consommation d'alcool et de drogue

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1050 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/05/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La Politique scientifique fédérale a publié sa première étude sur le coût social lié à la consommation d’alcool, de tabac, de médicaments psychoactifs et de drogues illégales en Belgique. Les coûts directs et indirects s’élèveraient à 4,6 milliards d’euros. L’alcool à lui seul coûte à la société 2,1 milliards d’euros annuellement ; le tabac, 1,5 milliard d’euros ; les médicaments psychoactifs, 215 millions ; et les drogues illégales, 726 millions.

    Les opérateurs de la santé, qu’ils soient généralistes ou spécialisés, développent d’incessants efforts pour permettre, de manière concomitante, une amélioration des soins, une amélioration de la santé publique et une économie des dépenses. C’est le triple objectif des projets pilotes de soins intégrés pour malades chroniques.

    Aujourd’hui, connaissons-nous les chiffres des coûts liés la consommation d’alcool, de tabac, de médicaments psychoactifs et de drogues illégales pour la Région wallonne ?

    Des mesures existent-elles en Région wallonne pour lutter spécifiquement en matière de prévention de ces problèmes ?

    La Région soutient-elle les projets pilotes de soins intégrés en question ? Dans l’affirmative, de quelle manière ?
  • Réponse du 22/06/2016
    • de PREVOT Maxime

    Les substances addictives (alcool, drogues illicites, tabac, médicaments psychoactifs) génèrent un important coût social pour la société. Ce coût social n’est pas seulement assumé par le Gouvernement (p.ex. les dépenses pour la prévention, le traitement et la répression). Il est également supporté par les entreprises (p.ex. perte de productivité), la société (p.ex. victimes d’accidents de la route, famille, entourage, …) ainsi que les consommateurs de substances eux-mêmes (p.ex. perte de la qualité de vie) qui assument également une partie du coût.

    Le coût social est composé de trois éléments : (1) les coûts directs (2) les coûts indirects et (3) les coûts intangibles.

    (1) L’étude SOCOST (Recherche « Le coût social des drogues légales et illégales en Belgique », Belspo (Belgian Science Policy Office), Avril 2016) à laquelle fait référence l'honorable membre a analysé de manière fine les coûts directs publics dans le secteur pour l’année 2012. On sait ainsi que, d’une manière générale, le traitement représente 75 % de la totalité des coûts directs publics, et que les dépenses liées au law enforcement représentent environ un quart (24 %). La prévention (0,5 %), la réduction des risques (0,1 % et d’autres activités comme la coordination et la recherche (0,24 %) ne sont que des éléments mineurs de la catégorie des coûts directs.

    Concernant les coûts directs de la Wallonie, l’étude relate les dépenses suivantes :

    - Prévention : 0,28 million d’euros
- Réduction des risques : 0,70 million d’euros
- Traitement : 3,51 millions d’euros
- Coordination : 0,30 million d’euros
- Recherche : 0,05 million d’euros,

    ce qui représente pour la Région wallonne un coût direct total de 4,84 millions d’euros.

    Pour information, sachant qu’en regroupant les dépenses (pour la consommation abusive de substances) de la Région wallonne, de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et la Communauté germanophone la dépense globale est estimée à 30,8 millions d’euros.

    Une analyse plus approfondie des coûts de santé publique (la prévention, la réduction des risques et le traitement) montre que la Wallonie a investi 11,1 millions d’euros (Les coûts sanitaires directs de la Wallonie sont sous-estimés à cause d’un manque de données sur les Services de Santé Mentale).

    (2) Les coûts indirects

    Les coûts indirects comprennent la perte de productivité humaine due à une consommation abusive de substances par l’individu. Ces pertes de productivité sont liées à l’invalidité, à la mortalité prématurée et à l’incarcération. Les coûts indirects nationaux sont estimés à 1,8 milliard d’euros. L’alcool et le tabac sont responsables de 86 % de ces coûts indirects (le tabac : 42 % ou 746 millions d’euros, l’alcool : 44 % ou 778 millions d’euros). Les drogues illégales et les médicaments psychoactifs représentent aussi une catégorie de coûts importante, avec respectivement 7 % (120 millions d’euros) et 5 % (90 millions d’euros). Malheureusement, l’étude SOCOST ne précise pas de détails concernant les dépenses régionales.

    (3) Les coûts intangibles

    Enfin, et pour être complet, il y a lieu de parler brièvement des coûts intangibles. Ceux-ci représentent la perte de (qualité) vie dû à la maladie ou au décès prématuré du consommateur. Les coûts intangibles sont estimés en « années de vie en bonne santé perdues ». En 2012, plus de 500.000 années de vie en bonne santé ont été perdues en Belgique à cause de drogues légales et illégales. C’est surtout le tabac qui est responsable des coûts intangibles (57 %). L’alcool représente environ 34 % des coûts intangibles et la consommation de drogues illégales compte pour environ 7 % des coûts intangibles.

    Ici aussi l’étude SOCOST ne précise pas de détails concernant les dépenses régionales.

    Bien entendu, des mesures existent en Région wallonne pour lutter spécifiquement en matière de prévention de consommation abusive de substances.

    La Wallonie soutient et continuera à soutenir diverses initiatives travaillant dans ce secteur. En effet, les budgets consacrés tant au secteur réglementé, à savoir les services et réseaux d’aides et de soins spécialisés en assuétudes agréés, qu’aux subventions facultatives seront maintenus.

    Ainsi, sur le plan de la prévention, l'honorable membre sait sans doute que la Région wallonne, qui a repris en la matière les compétences communautaires, subventionne (à titre d’exemple) l'ASBL Modus Vivendi ainsi que différents services qui bénéficient du soutien logistique de cette association, notamment dans le cadre de l’initiative Quality Nights. Il s'agit d'un projet qui vise à améliorer le bien-être des personnes qui sortent dans les lieux de fête notamment en Wallonie. On y trouve divers services préventifs, dont la distribution d'eau gratuite, pour limiter les consommations de bière ou d'alcool, des brochures d'informations sur la santé, et la présence de personnel sensibilisé à la réduction des risques et aux premiers secours.

    Encore dans le cadre des compétences transférées, mais cette fois venant de l’État fédéral, divers projets financés par le fonds de lutte contre les assuétudes ont également été poursuivis dans ce domaine.

    La Wallonie soutient également le travail de l'ASBL Univers Santé qui déploie des activités de prévention aux assuétudes.

    Par ailleurs, les associations de prévention des assuétudes offrent aux institutions qui en ont besoin – écoles, maisons de quartier, … – des formations, des accompagnements de projets et des outils pour travailler la question des consommations. La Wallonie en finance plusieurs dont l'ASBL Infor Drogue, Citadelle, etc.

    En outre, il ne faut pas oublier l’importance des services d’aide et de soins spécialisés en assuétudes agréés par la Région wallonne qui bénéficient annuellement de subventions afin de mettre en place un accompagnement spécifique destiné aux personnes sujettes à des problèmes de dépendance. Ces services sont actuellement au nombre de 27 répartis sur l’ensemble du territoire wallon.

    Enfin, tant les acteurs de la première ligne de soins que les médecins généralistes sont également soutenus par notre Région pour développer des mesures de prévention à la consommation abusive de substances.

    On peut donc constater que j'ai bien conscience de la nécessité d’intervenir dans ce cadre spécifique.

    Concernant les projets de soins intégrés pour les maladies chroniques, la possibilité de manifestations des opérateurs voulant proposer leur projet vient de se clôturer le 31 mai 2016. Plusieurs candidatures ont été reçues. Une évaluation est actuellement en cours et retiendra un ensemble de nouveaux projets qui seront financés par le fédéral. La Région wallonne finance déjà les dispositifs tels que les réseaux multidisciplinaires locaux (RML), les centres de coordination d’aide et de soins à domicile qui travaillent sur la prise en charge des maladies chroniques.