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Le taux de glyphosate dans la Meuse

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1007 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/05/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    Alors que son autorisation expire en juin 2016, les députés européens ont demandé le mercredi 13 avril dernier à la Commission de ne renouveler l’autorisation du glyphosate que pour 7 ans, au lieu des 15 prévus.

    En même temps, la RIWA-Meuse (abréviation de RIvier WAterbedrijven - Sociétés d'eau de rivière), association internationale de sociétés belges et néerlandaises utilisant l’eau du fleuve comme source d’approvisionnement en eau de distribution pour des centaines de milliers de foyers, s’inquiète.

    Le principal produit de dégradation du glyphosate, soit l’acide aminométhylphosphonique (AMPA) ainsi que le glyphosate sont en effet fréquemment identifiés dans les eaux de la Meuse à des concentrations supérieures à 0,1 μg/l. Par ailleurs, fréquemment identifié dans les eaux souterraines, l’AMPA est aussi le résultat de la dégradation d’autres substances issues de produits phytosanitaires et détergents. Depuis 2006, 20 % des mesures en glyphosate aux points de captage situés le long de la Meuse dépassent la valeur cible de 0,1 μg/l.

    Cette pollution évidente de nos eaux de captage interpelle. Pour RIWA-Meuse, le glyphosate et l’AMPA sont les principales substances persistantes posant le plus de problèmes pour la production d’eau potable. Le traitement de l’eau contenant ce cancérigène probable pour l’homme selon l’OMS, toxique pour l’environnement aquatique, est peu aisé et coûteux.

    À noter que RIWA-Meuse utilise la valeur cible de 0,1 μg/l dans l’eau brute captée pour tous les pesticides, dont le glyphosate. Une valeur correspondant à la norme à ne pas dépasser dans l’eau potable. En effet, la Directive-cadre sur l’eau prescrit que « les États membres assurent la protection nécessaire pour les masses d’eau recensées afin de prévenir la détérioration de leur qualité de manière à réduire le degré de traitement de purification nécessaire à la production d’eau potable ».

    Qu'inspirent à Monsieur le Ministre ces résultats de RIWA-Meuse ?

    Sont-ils réellement inquiétants ? Le dépassement de 20 % des mesures-cadres depuis 2006 est-il à prendre sérieusement en considération, comme le préconise RIWA-Meuse ? Dans l’affirmative, quelles suites compte-t-il leur donner ?
  • Réponse du 14/06/2016
    • de DI ANTONIO Carlo

    Il convient de rappeler tout d’abord que la norme de potabilité ne s’applique en eau de surface que dans les zones d’amont de prises d’eau potabilisable destinée à la consommation humaine.

    La Meuse entre Tailfer et la frontière néerlandaise n’est donc pas classée comme zone amont d’une prise d’eau potabilisable. Les normes de référence utilisées pour le monitoring des eaux de la Meuse en Wallonie sont celles proposées par l’INERIS pour l’impact sur les organismes aquatiques. Ces normes sont de 28 µg/l en moyenne annuelle et 70 µg/l en concentration maximale admissible pour le glyphosate et 452 µg/l en moyenne annuelle pour l’AMPA. Les valeurs rencontrées dans toutes les eaux de surface wallonnes suivies dans le cadre du monitoring sont largement inférieures à ces normes.

    Les prises d’eau souterraine de Wallonie ne sont pas contaminées par le glyphosate et son métabolite AMPA car ces résidus se dégradent assez rapidement. En ce qui concerne nos prises d’eau de surface potabilisable, les eaux brutes des barrages de la Vesdre, de la Gileppe, de la Warche ainsi que du Ry de Rome sont exemptes de ces 2 substances. Le barrage de l’Ourthe ainsi que la rivière Lhomme potabilisable en contiennent des traces qui n’excèdent pas les normes de potabilité. Concernant enfin la prise d’eau de Tailfer en Meuse, le traitement au charbon actif réalisé permet d’éliminer complètement ces deux substances.

    Il est à noter que le glyphosate ne fait pas partie des substances spécifiques reprises pour l’évaluation de la qualité des masses d’eau dans le cadre de la Directive-cadre sur l’Eau.

    Néanmoins, sur base du principe de précaution, il y a lieu de limiter et encadrer l’utilisation du glyphosate. Ainsi, certaines mesures du programme wallon de réduction des pesticides auront un impact sur les quantités de glyphosate utilisées. Citons notamment l’objectif « zéro phyto » dans les espaces publics au 1er juin 2019. Les gestionnaires d’espaces publics utilisent effectivement très souvent le glyphosate pour le traitement de leurs surfaces.

    Par ailleurs, le décret « Pesticides » du 10 juillet 2013 est en cours de révision afin de permettre au Gouvernement wallon de restreindre ou d’interdire l’usage de n’importe quel pesticide sur son territoire. Le glyphosate est la première substance visée, il convient d’interdire rapidement son usage aux non professionnels.