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La corrélation entre l'exclusion du chômage et la pauvreté des communes

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 269 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/05/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    L’interrégionale wallonne de la FGTB s’est procurée auprès de l’ONEM, les chiffres des exclusions par commune sur les 9 premiers mois de 2015, et ce pour toute la Wallonie.

    En 2012, le Gouvernement a limité à trois ans la durée durant laquelle on peut bénéficier des allocations d’insertion.
    C’est ainsi qu’au 1er janvier 2015, les premières exclusions se produisent et cela ne va plus s’arrêter, 30 000 personnes exclues en 2015 et on sera à 50 000 fin 2016, dit la FGTB.

    66 % des exclus vivent en Wallonie, dans la mesure où la Wallonie souffre d’un chômage structurel assez élevé cela est tout à fait logique.

    Entre les différentes communes et sous-régions, les différences sont notables.

    De Charleroi à Liège, de Verviers à Mons tout en passant par La Louvière, on a bien ressenti la limitation des allocations à trois ans.
    Les communes les plus pauvres de Wallonie (déterminées à partir du PIB par habitant), sont celles où le pourcentage d’exclus par rapport à la population totale est la + élevée.
    1 exclu pour 100 habitants dans les communes les plus pauvres contre 1 exclu pour 1 000 habitants dans les communes les plus riches (dixit Thierry Bodson)

    Les CPAS voient arriver une grande partie des exclus du chômage qui viennent demander le Revenu d'intégration sociale (RIS).

    L’arrivée du nouveau Gouvernement n’a pas amélioré la situation, que du contraire, la suédoise a encore durci les critères d’admission en exigeant un diplôme pour les moins de 21 ans et en abaissant l’âge maximal pour bénéficier des allocations d’insertion de 30 à 25 ans.

    Bref, le chômage génère le chômage, la pauvreté accentue la pauvreté, l’exclusion provoque la stigmatisation. On est dans un cercle vicieux, infernal, violent qui touche avant tout les jeunes. Avec une économie qui ne décolle pas vraiment et qui ne se traduit pas suffisamment en création de nouveaux emplois, le risque est réel d’orienter davantage de cohortes de jeunes vers un chômage davantage structurel dont il sera impossible de s’en sortir.

    Est-ce que le plan jeune, initié par l’Union européenne sera suffisant pour donner de vraies perspectives aux jeunes ?
    À tous les jeunes, en ce compris à ceux que l’on doit qualifier de défavorisés sur le plan du capital culturel et scolaire ?

    Ne faut-il pas mettre le paquet sur l’emploi des jeunes, question d’éviter qu’ils s’enracinent dans le chômage structurel ? Par exemple en mettant en place des modules de formation qui offrent une chance afin qu’ils raccrochent avec le marché de l’emploi ?
  • Réponse du 08/06/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    La question plus transversale des actions mises en place en Wallonie à la suite de la réforme (fédérale) des allocations d’insertion a pu être discutée lors des auditions qui ont été organisées en avril et mai 2015 au sein de la Commission parlementaire Emploi.

    Depuis plusieurs années, une prise en charge particulière est prévue au niveau du FOREm pour les personnes dites précarisées, prise en charge renforcée à travers l’appui d’environ 40 assistants sociaux dans les directions territoriales du FOREm. Ces derniers travaillent avec une série d’acteurs locaux et régionaux (l’AVIQ, les CPAS, les sociétés de logement public, les accueillant-e-s en milieu ouvert avec la présence de services de médiation de dettes, …).

    À la suite notamment de l’arrêté royal du 31 décembre 2014 qui limite l’accès aux allocations, les jeunes qui ne bénéficieront jamais d’allocations d’insertion font, davantage encore que les autres, partie des publics ciblés prioritairement par le FOREm, et ce, sur la base notamment de la convention-cadre, conclue en 2005 entre la Fédération des CPAS, le FOREm et la Wallonie, qui permet aux bénéficiaires des CPAS, notamment les plus jeunes, de surmonter leurs difficultés pour pouvoir accéder à la formation et à l’emploi.

    Au-delà de l’information de ces jeunes sur la nouvelle législation sociale, et de leur accompagnement soutenu vers et dans l’emploi, le FOREm a également intensifié les actions de formation, en misant sur la formation en alternance, soutenue par le décret wallon sur l’alternance pour les demandeurs d’emploi.

    Par ailleurs, le mécanisme européen de la « Garantie Jeunesse » est arrivé fort à propos pour permettre de développer des actions spécifiques à l’attention des jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi sans plus être indemnisés. Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan wallon « Garantie Jeunesse », j’ai chargé le FOREm de coordonner, au niveau wallon, le plan visant la prévention du décrochage scolaire, l’amélioration de la capacité d’insertion socioprofessionnelle et la suppression d’obstacles concrets à l’emploi des jeunes, en ciblant notamment les jeunes plus vulnérables, peu qualifiés et/ou socioéconomiquement défavorisés.

    Pour soutenir ce plan wallon Garantie jeunesse dans son opérationnalisation, les différents opérateurs wallons ont pu introduire des demandes de financements dans le cadre de l’appel européen « Initiative pour l’Emploi des Jeunes », afin d’obtenir l’incitant financier spécifique pour les zones européennes les plus durement touchées par le chômage des jeunes (à savoir, pour la Wallonie, les Provinces du Hainaut et de Liège). Les différents projets et portefeuilles de projets retenus, à l’issue du premier et du second appel à projets, intègrent différents porteurs de projet, ainsi que de très nombreux opérateurs et partenaires, parmi lesquels figurent des CPAS ou des structures d’aide à la jeunesse. Le Gouvernement wallon a ainsi soutenu, pour un total de 86,1 millions d’euros et sur deux ans, de nombreuses synergies entre opérateurs de l’orientation, de l’emploi, de l’enseignement, de l’action sociale, de l’aide à la jeunesse, et de la formation.

    Le 3 septembre 2015, à mon initiative, afin d’assurer une coordination et une concertation entre l’ensemble des opérateurs impliqués sur le territoire wallon dans la mise en œuvre de la Garantie jeunesse et de l’Initiative Emploi Jeune, de maximaliser les synergies et de fluidifier la récolte d’informations et le rapportage des résultats, le Gouvernement wallon a approuvé la constitution d’un Comité de Pilotage « Garantie jeunesse », rassemblant les acteurs, opérateurs, administrations et Cabinets concernés. C’est la Direction Générale Opérationnelle des Pouvoirs locaux, de l'Action sociale et de la Santé du SPW qui représente, au niveau du Comité de pilotage, les CPAS dont les actions sont cofinancées.

    À partir de cette dynamique, de nombreux partenariats et synergies ont été développés entre les opérateurs visant, en particulier, le soutien des jeunes plus fragilisés. Citons par exemple le projet co-initié par l’IFAPME et la fédération des CPAS wallons, visant à organiser des séances d’information décentralisées, par Province, à l’attention des travailleurs sociaux des CPAS, afin de faire mieux connaître les dispositifs de formation en alternance s’adressant aux jeunes.

    Lors d’une prochaine réunion du Comité de pilotage Garantie jeunesse, programmée en juin, un point spécifique relatif à l’accrochage des NEET sera mis à l’ordre du jour (réflexion avec l’ensemble des opérateurs sur la manière de « capter » les jeunes qui ne sont a priori pas sensibilisés par les actions d’insertion ou d’orientation), en lien avec les travaux déjà effectués par les instances bassins Enseignement – Formation - Emploi sur cette thématique.

    En bonne intelligence avec mes Collègues du Gouvernement wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, j’ai l’intention de développer dans les mois à venir d’autres actions visant à renforcer encore davantage les collaborations entre le monde scolaire, l’animation économique et les opportunités d’accompagnement, de formation, pour mieux répondre encore aux attentes du secteur.