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La transmission d'entreprises en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 371 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 07/06/2016
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    L'IWEPS vient de publier une étude sur « le marché de la transmission d'entreprises en Wallonie ».

    D'après le directeur scientifique, Jean-Luc Guyot, le sujet est relativement opaque, tant sur le plan macro-économique, peu de données historiques étant disponibles, que micro-économique, certaines entreprises ayant leur part d'ombre. En recoupant différentes sources de données, dont certaines inédites, en provenance de la Sowaccess (organisme public en charge de la transmission), ils sont toutefois parvenus à appréhender l'ampleur du défi à venir.

    Ainsi, à l'horizon 2020-2025, 9.439 entreprises (SA, SPRL ou coopératives) sont considérées comme « transférables » sur la base de l'âge du dirigeant. Dit autrement, 23 % des PME wallonnes ont un patron-propriétaire de minimum 55 ans.

    Ce groupe d'entreprises potentiellement à remettre pèse environ 100.000 emplois.

    L'étude épingle que le temps commence à presser pour 30 % d'entre elles, dont le dirigeant a plus de 65 ans.

    Le grand âge et la perspective d'une retraite sont bien sûr les premières motivations du cédant. Mais ce n'est pas la seule. Dans un cas sur trois, la volonté de vendre est liée « à des difficultés d'existence, à la lassitude, au besoin de reprendre du temps pour d'autres projets personnels », indiquent les auteurs de l'étude.

    Sans pouvoir être mesurée précisément, cette frange de cédants fatigués va gonfler le volume total des PME à vendre. D'autant qu'aujourd'hui, quand la décision de céder est mûrement réfléchie, la famille apparaît de moins en moins comme la voie toute tracée. Un cédant potentiel sur cinq seulement entrevoit une passation de pouvoir intrafamiliale. Ils sont autant à envisager une éventuelle transmission à un membre (ou plusieurs) du personnel.

    Au vu de ce constat, quel est le sentiment de Monsieur le Ministre concernant cette problématique alarmante lorsque l'on sait le nombre d'emplois que génèrent les petites et moyennes entreprises ?
  • Réponse du 22/06/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Il convient d’être nuancé par rapport aux chiffres de l’étude IWEPS, à laquelle la SOWACCESS a participé d’ailleurs, et de leur aspect « préoccupant ».

    La cession est une étape naturelle de la vie et du développement d’une entreprise. Compte tenu de la structure démographique de la Wallonie, il n’est pas anormal qu’un certain nombre de PME wallonnes soient chaque année confronté à cette question.

    L’enjeu pour le Gouvernement est de pouvoir y répondre efficacement. Ce qu’il a fait il y a 10 ans en créant la SOWACCESS.

    La recherche d’une contrepartie si la transmission n’est pas intrafamiliale ou « intra-entreprise », à travers un « Management Buy Out » reste une étape sensible du processus. Ici, la SOWACCESS joue en rôle crucial et utile avec ses deux plateformes de « matching ou mise en relation » entre cédants et repreneurs. Très prochainement, une troisième sera lancée à partir de son réseau européen Transeo, pour faciliter les transactions internationales.

    En outre, afin de multiplier les possibilités de transmission, un arrêté est en cours de préparation, afin de permettre les reprises collectives des entreprises par leurs travailleurs. Des pays comme l’Espagne ou la France disposent de législations de ce type et donnent des résultats très intéressants. Celui-ci devrait pouvoir entrer en vigueur au début de l’année 2017.

    Si l’on repart des 10.000 entreprises à la vente dans un horizon de 10 ans, annoncés dans le rapport de l’IWEPS, desquelles on retire les 20 % qui seront transmis de façon familiale et les 20 % transférable à un membre du personnel, il y aurait donc potentiellement environ 6.000 entreprises à la recherche d’un acheteur dans un horizon de 10 ans, soit 600 par an. À ces 600 entreprises, il faut enlever celles qui ne sont tout simplement pas vendables faute de rentabilité. Dans certains secteurs, le pourcentage de ces entreprises peut être largement supérieur à 10 %. Or, grâce à ses deux plateformes visant à faciliter la rencontre entre vendeurs et repreneurs, ce sont près de 500 entreprises à la vente qui sont référencées chaque année par la SOWACCESS. Les résultats des plateformes de la SOWACCESS sont donc en phase avec les besoins identifiés.

    Par ailleurs, le Gouvernement est convaincu de l’importance de mieux informer, voire même former, les repreneurs potentiels aux grandes étapes constituant le rachat d’une entreprise. La SOWACCESS compte donc bien poursuivre dans l’avenir l’organisation des Clubs de Repreneurs dans plusieurs villes en Wallonie.
    Ces clubs permettent aux candidats acquéreurs, durant 8 soirées de 4 heures, de se créer un réseau de relations, de s’échanger leurs bonnes pratiques, et de bénéficier des conseils d’un coach et de professionnels du secteur privé. Ce sont près de 500 repreneurs potentiels qui ont été formés à ce jour.

    La sensibilisation des cédants potentiels est effectivement cruciale et la SOWACCESS s’y attelle en permanence. Ainsi, à titre d’illustration, la SOWACCESS a organisé en octobre et mars dernier deux évènements à Liège et à Mons, les Business Transmission Nights, réunissant au total près de 1000 entrepreneurs potentiellement cédants pour les sensibiliser de manière positive sur le sujet et les informer des outils existants.

    Dans le cadre du nouveau SBA, ce 9 juin, le Gouvernement wallon a marqué son accord sur la mise en œuvre d’un nouveau dispositif en faveur de la transmission, organisé conjointement par la Sowacess, l’AEI et son réseau d’opérateurs, de manière intégrée.

    L’objectif principal est de sensibiliser un maximum d’entrepreneurs basés en Wallonie à l’importance de se préparer suffisamment tôt à la cession de leur activité et maximiser de ce fait la réussite de cette opération.

    Il s’agit d’augmenter le nombre de transmissions d’entreprises se réalisant dans des conditions optimales.

    Le dispositif se démarquera aussi par son approche proactive. En démarchant de manière volontariste les chefs d’entreprises structurantes et en intensifiant l’offre de services vers ces cibles, il contribue à la croissance wallonne globale. Le dispositif permet de proposer une offre de services destinée aux cédants potentiels afin de les inciter à préparer leur entreprise à la cession suffisamment tôt et s’entourer de professionnels agréés pour cette opération.

    Le processus se déroule en deux phases :
    1) Détection, sensibilisation et stimulation à la transmission
    2) Identification et validation du besoin du cédant et orientation vers des conseillers agréés

    Ces conseillers agréés, partenaires privés de la Sowaccsess, seront financés par des « chèques transmission » disponibles dans le portefeuille unique regroupant les mécanismes de soutien de « premier niveau ».

    En outre, la Sowaccsess organisera cette année, dans le cadre de sa mission de sensibilisation sur les enjeux de la transmission en Wallonie, la première « Semaine de la Transmission en Wallonie ». Cette initiative s’inscrit pleinement dans les objectifs du nouveau SBA 2015-2019.

    Un budget annuel global de 555.000 euros est consacré à ces actions en faveur de la transmission.