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La durée du chômage en regard de la qualité de propriétaire ou de locataire

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 270 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 07/06/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Dans une étude publiée dans « Regards économiques », la revue des économistes de l’UCL, on peut lire :
    Que les demandeurs d’emploi, propriétaires de leur logement et qui ont remboursé leur crédit hypothécaire, ont beaucoup moins de chance de retrouver du travail, comparé aux locataires ou aux personnes qui remboursent encore leur crédit hypothécaire.

    En effet, une personne propriétaire de son logement et ayant fini de rembourser le prêt hypothécaire, présente une probabilité de sortir du chômage de 23 % inférieurs aux locataires et de 39 % par rapport aux créanciers hypothécaires.

    Comment peut-on expliquer cette observation ?
    Quel est le lien objectif entre le prêt hypothécaire et la recherche d’emploi ? Ou les chances d’en trouver un ?

    Que faut-il faire pour augmenter les chances de retour à l’emploi des propriétaires ?
    Les scientifiques avancent les propositions ci-après.

    Une prime au déménagement pour ceux qui trouvent un travail loin de chez eux. Cette prime stimulerait tant les propriétaires (avec ou sans remboursement en cours) que les locataires, à faire preuve de davantage de mobilité géographique avec en perspective de meilleures chances sur le marché du travail.

    Est-il vrai que seul l’emploi explique l’enracinement social d’un ménage à l’endroit où les enfants sont nés et où ils vont à l’école ? Que penser, dès lors, de cette proposition dite scientifique ?

    Ils préconisent également de réduire les frais d’acquisition d’un logement.
    Ces frais découragent énormément de déménager vers une autre région plus intéressante en termes d’emploi, une piste serait de réduire ces frais et d’augmenter le précompte immobilier, afin de garder la neutralité budgétaire.

    Est-ce utile d’encourager le déplacement de certaines zones vers d’autres au risque que les ressources humaines plus qualifiées se concentrent dans un nombre limité de zones transformant progressivement les autres en désert économique ?
  • Réponse du 01/07/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    L’étude évoquée analyse le lien entre le fait d’être propriétaire et la probabilité de sortir du chômage. La corrélation n’est pas nécessairement synonyme de causalité. En effet, les études sur l’insertion à l’emploi font apparaître d’autres caractéristiques jouant un rôle bien plus important dans l’insertion à l’emploi : le métier et le secteur d’activité recherchés, les compétences et le niveau d’éducation, l’âge, le genre, l’origine, …  Les personnes qui ont payé leur maison sont, par exemple, vraisemblablement plus âgées et donc statistiquement moins facilement ré-insérables à l’emploi.

    En outre, le service public de l’emploi n’est pas en mesure de confirmer ou d’infirmer ces constats puisque, pour des raisons de respect de la protection de la vie privée, il ne dispose pas, dans les banques de données d’inscription des demandeurs d’emploi, du statut de propriétaire ou non de la personne ni des données relatives à ses remboursements de crédits.

    Par ailleurs, au vu des données relatives à la mobilité des travailleurs dans un pays de la taille de la Belgique, il semble que les freins à la mobilité soient davantage liés au déficit d’offres de services de transport ou au facteur linguistique.

    Quant à la prime de déménagement et aux mesures similaires préconisées par l’étude, elles peuvent être pertinentes, mais seulement dans l’hypothèse où le choix de devenir propriétaire est conditionné par les incitants publics et non par une volonté d’indépendance, de stabilité ou de sécurité d’existence.

    Enfin, pour ce qui concerne la proposition de prime au déménagement, une telle mesure existe déjà indirectement dans la réglementation ONEM, depuis de nombreuses années. Cette compétence est toujours exercée par l’ONEM, mais qui agit aujourd’hui pour le compte des régions qui sont devenues responsables de la compétence dans le cadre de la sixième réforme de l’État.

    Cette réglementation précise que les chômeurs de longue durée répondant à un certain nombre de conditions ont droit à un complément de mobilité (montant de 743,68 euros ne pouvant être octroyé qu’une seule fois).

    Une de ces conditions stipule que le lieu de l’occupation doit se situer à plus de 60 km du lieu de résidence et que la durée journalière totale du déplacement doit être supérieure à 4 heures ou que, en raison de l’occupation, le travailleur doit être chaque jour absent pendant plus de 12 heures de son lieu de résidence habituel (en lien avec la notion d’emploi convenable).