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Le méthylphénidate ou la ritaline

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1120 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 08/06/2016
    • de GERADON Déborah
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le méthylphénidate, plus connu sous le nom de ritaline, est ce qu’on appelle un « smart drug ».

    Initialement prescrite pour traiter les personnes souffrant du trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), elle serait, selon l’Écho, de plus en plus prisée par les étudiants lors des périodes de blocus pour ses effets d’amélioration sur la concentration, de stimulation de la mémoire et de diminution de la fréquence des accès de sommeil.

    Est-ce que des études sur les effets de cette molécule, tant pour les personnes souffrant de TDAH que pour les personnes l’utilisant de manière récréative sont disponibles ?

    Il existe énormément d’études sur ce phénomène aux Etats-Unis et au Canada, mais qu’en est-il en Belgique et particulièrement en Wallonie ?

    Et est-ce que des mesures de prévention existent sur les effets – effectifs ou désirés – ainsi que les effets secondaires qui peuvent survenir et les dangers liés à la prise de ce produit ?
  • Réponse du 29/06/2016
    • de PREVOT Maxime

    Le méthylphénidate est un sympathicomimétique indirect apparenté à l'amphétamine. Il appartient à la famille des stimulants du système nerveux central. Le méthylphénidate existe en Belgique sous plusieurs formes galéniques et noms commerciaux (Concerta (Janssen-Cilag), Equasym (Shire), Medikinet (Eurocept), Methylfenidate Sandoz (Sandoz), Methylphenidate Mylan (Mylan), Rilatine (Novartis-Pharma), Rilatine (PI-Pharma)).

    Cette molécule est un psychotrope assimilé aux stupéfiants, sa délivrance est donc réglée par les dispositions fédérales relatives aux substances vénéneuses et toxiques. De manière générale, la législation relative à la mise sur le marché des substances médicamenteuses est fédérale et/ou européenne quant au contrôle des officines et la délivrance des médicaments est de la responsabilité de l’autorité fédérale.

    Les deux indications de la molécule sont les troubles du déficit de l’attention / hyperactivité (TDAH) et la narcolepsie.

    Une revue de la littérature de 2015 rédigée par OJ Storebo (Storebø OJ, et al., Methylphenidate for children and adolescents with attention deficit hyperactivity disorder (ADHD). Cochrane Database Syst Rev. 2015) et publiée par l’organisation internationale à but non lucratif Cochrane concluait après l’analyse de 185 essais randomisés que le méthylphenidate pouvait améliorer certains symptômes de la TDAH en réduisant l’hyperactivité et en favorisant la concentration des enfants. Le méthylphenidate peut également améliorer le comportement général et la qualité de vie des enfants souffrant de TDAH. Selon l’étude, le méthylphenidate n’augmenterait pas le risque d’effets secondaires graves (mettant en jeu la vie du patient) s’il est utilisé pendant une période de maximum 6 mois. L’étude conclut également que des effets secondaires moindres tels que des problèmes de sommeil ou des pertes d’appétit peuvent survenir. Cette étude a été contestée sur des points méthodologiques par T Banachewski (Banaschewski T et al., Trust, but verify. The errors and misinterpretations in the Cochrane analysis by O. J. Storebo and colleagues on the efficacy and safety of methylphenidate for the treatment of children and adolescents with ADHD. Z Kinder Jugendpsychiatr Psychother. 2016). Storebo (Storebø et al., Methylphenidate for Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder in Children and Adolescents. JAMA. 2016) qui concluait très récemment que les données étaient insuffisantes pour évaluer les effets secondaires sérieux.

    Les effets secondaires suspectés sont identiques quel que soit l’usage. Ils concernent une atteinte de la fonction cardiovasculaire pouvant mener à la mort subite, le risque suicidaire, la croissance, le sommeil, les tics, l’abus de substances, l’épilepsie et les symptômes psychotiques.

    Toutefois les effets cardiovasculaires devraient être limités chez les sujets jeunes. L’impact des effets psychotiques ne doit être sous-estimé sur une population similaire.

    La délivrance de méthylphenidate a considérablement augmenté en Belgique entre 2004 et 2008 (Conseil supérieur de la santé PUBLICATION DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA SANTE N° 8570 Sécurité et effets secondaires des stimulants 6 juillet 2011). La délivrance de médicaments du groupe des psychostimulants dérivés de la phényléthylamine (méthylphénidate, modafinil, atomoxetine) reste toutefois limitée en Wallonie à moins d’une centaine de personnes chez les jeunes de 20 à 29 ans. Ces chiffres ne permettent néanmoins pas d’établir ce qui ressort d’un usage thérapeutique ou détourné.

    L’usage du méthylphenidate comme smart-drug ou cognition-enhancing drug pourrait théoriquement (physiologiquement) donner un gain de productivité intellectuel aux étudiants. Les études ne sont néanmoins pas toutes concluantes à ce sujet. De plus, l’effet n’est pas permanent, une adaptation de l’organisme survient après un usage prolongé ce qui oblige à augmenter les doses pour conserver l’effet. Certains effets secondaires (au niveau psychologique) tel que l’anxiété ne sont pas compatibles avec la présentation d’un examen.
    Il n’existe à notre connaissance aucune étude sur le sujet réalisée en Wallonie permettant d’établir le nombre d’utilisateurs parmi les étudiants.

    En termes de promotion de la santé, l’ASBL Univers Santé à Louvain-La-Neuve que la Wallonie subventionne par ailleurs, édite une brochure intitulée « Examens et médicaments » qui informe les jeunes étudiants sur les effets négatifs de ces substances.