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Les risques d'empoisonnement par des substances contenues dans les cigarettes électroniques

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1126 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 09/06/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    À travers le monde, des milliers de cas d'empoisonnement et d'intoxication d'enfants ayant ingurgité, inhalé ou eu un contact cutané avec du liquide d'e-cigarette ont été rencontrés, avec des conséquences plus ou moins graves pour la santé selon les cas. Des cas mortels ont même été rapportés.

    Les cas plus graves (convulsions, troubles cardiaques, coma, difficultés respiratoires et décès) sont relativement rares, mais pas inexistants et il y a lieu de prendre toutes les précautions face au risque d'intoxication. Certains conditionnements (emballages colorés ou parfumés) peuvent encore davantage accroître le risque.

    Pour ce qui concerne la Wallonie, dispose-t-on de données sur le nombre de cas d'intoxication ou d'empoisonnement aux liquides d'e-cigarette ?

    Si des mesures doivent être prises à d'autres niveaux pour réglementer davantage le contenu de ces liquides, il y a lieu à notre niveau de sensibiliser.

    Par conséquent, face à cette situation, Monsieur le Ministre envisage-t-il de sensibiliser les fumeurs sur ce danger, notamment sur l'importance de mettre les cigarettes électroniques hors de portée des enfants ?

    Envisage-t-il une éventuelle concertation et collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et son homologue en charge de l'ONE pour faire face à cette problématique ?

    L'usage de la cigarette électronique est relativement récent et n'est pas sans danger, mais les risques d'intoxication et d'empoisonnement d'enfants sont des risques largement évitables. Il y a certainement moyen de faire une sensibilisation efficace.
  • Réponse du 22/06/2016
    • de PREVOT Maxime

    Lors son apparition en Belgique, l’e-cigarette a connu un succès relativement timide, mais, au vu des publications et enquêtes récentes, la tendance est clairement à la hausse. Depuis sa création l’utilisation de l’e-cigarette n’a cessé de croître chez nous pour atteindre 2 % de la population des fumeurs en 2013.

    Selon les perspectives, l’e-cigarette est considérée tantôt comme médicament d’aide à l’arrêt du tabac tantôt comme produit de consommation courante. Et c’est là son paradoxe majeur. Certes, le sevrage tabagique fait partie des arguments en faveur de la cigarette électronique et surtout la diminution des risques. Mais malheureusement, l’image populaire de l’e-cigarette n’est toujours celle d’un outil de sevrage. De nombreuses personnes y ont recours dans la perspective d’une consommation récréative. Plus inquiétant encore, de sérieux soupçons existent sur son aspect facilitateur (tel un « cheval de Troie ») vers la dépendance tabagique. L’e-cigarette est donc soupçonnée de pouvoir jouer un rôle de porte d’entrée vers la consommation de cigarettes traditionnelles, en particulier pour ce qui est des jeunes utilisateurs.

    La Fondation contre le Cancer rappelle, pour sa part, que le fonctionnement de la cigarette électronique n’entraine pas de combustion du tabac et qu’elle se trouve donc être moins nocive qu’une cigarette classique, mais prévient : l’e-cigarette n’est pas pour autant sans danger. En cause, la formation d’aérosols qui se diffusent dans la bouche, la gorge et les voies respiratoires ainsi que la présence de substances aromatiques dont les effets toxiques n’ont pas fait l’objet d’études suffisantes sur leur sécurité à long terme.

    Pas de certitude donc sur les avantages que présenterait l’e-cigarette en matière de sevrage. Je partage néanmoins l’avis du Conseil Supérieur de la Santé, pour qui le principe de précaution reste de mise, de même que le constat d’une incertitude concernant l’éventuel rôle de tremplin de la cigarette électronique vers le tabagisme.

    Le Gouvernement s’est montré, depuis plusieurs années, très sensible aux risques liés au tabagisme - notamment chez les jeunes - et finance, depuis plusieurs années déjà, le Plan wallon sans Tabac (PWST). Le PWST est attentif aux risques liés à la cigarette électronique et s’attache à aborder cette consommation sous des formes diverses (sensibilisation des professionnels lors de rencontres annuelles de tabacologie, communiqués de presse, rédactions d’articles et diffusions via différents supports, campagnes sur le remboursement des consultations d’aide au sevrage, mise en place d’« espaces de dialogues » avec les jeunes,…).

    Dans le cadre du Plan wallon sans Tabac, un groupe de travail s’est d’ores et déjà constitué afin de rédiger une brochure de sensibilisation sur le thème de la cigarette électronique. Cet outil, prévu pour l’automne 2016, sera diffusé notamment par les professionnels de la santé auprès du grand public. Cette initiative wallonne devrait être élargie à la Région bruxelloise avec le soutien de la Cocom. Une concertation est également prévue avec l’ONE afin d’élargir la sensibilisation aux professionnels touchant les jeunes de 0 à 18 ans (y incluent les équipes de la promotion de la santé à l’école ainsi que les jeunes et futurs parents).

    Cette brochure de sensibilisation aura pour but de fournir une information courte et neutre au grand public. Complémentairement, une information plus complète et plus documentée sera accessible aux professionnels de santé, via le site du Fonds des affections respiratoires sable FARES.

    L’e-cigarette, en tout cas, ne doit pas passer entre les mailles du filet pour n’être considérée que comme un banal objet de consommation. Ne nous y trompons pas, nous sommes ici face à de véritables enjeux en termes de santé publique…