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Les campagnes de sensibilisation pour la médecine générale

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1143 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 14/06/2016
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Monsieur le Ministre a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de mettre le médecin de famille au cœur de la première ligne de soins.

    La Déclaration de politique régionale 2014-2019 indique d’ailleurs que le Gouvernement veillera à intégrer le rôle du médecin généraliste dans les politiques de prévention et de promotion de la santé.

    J’ai eu l’occasion de rencontrer dernièrement des médecins généralistes de la région de Charleroi. Ces derniers m’indiquaient que beaucoup de leurs patients privilégiaient, dans un premier temps les urgences plutôt que de se rendre directement à leur cabinet pour des soins qu’ils seraient tout à fait à même de prodiguer. Les généralistes citent quelques exemples courants : les parents inquiets pour les enfants en bas âge ayant de la fièvre, des personnes s’étant « ouvertes » et nécessitant d’être recousus, etc.

    Les médecins avec qui j’ai discuté regrettent tous le manque de communication sur la médecine générale. En effet, une campagne d’information qui inciterait le public à se rendre dans un premier temps chez leur médecin de famille serait tout à fait bénéfique non seulement pour les patients (le temps d’attente chez un généraliste est nettement moindre qu’aux urgences), mais cela permettrait également de désengorger les services d’urgences.

    Monsieur le Ministre peut-il m’indiquer si de telles campagnes d’information sur la médecine générale ont déjà été lancées ?

    Dans la négative, sont-elles prévues prochainement ?
  • Réponse du 01/07/2016
    • de PREVOT Maxime

    En réalité, différentes raisons peuvent pousser les citoyens à s’adresser à l’hôpital plutôt qu’au généraliste. Dans la plupart des cas, c’est clairement en raison d’un besoin de soins inattendu pour lequel ils estiment que le service d’urgence est le choix le plus approprié.

    Parmi les raisons, nous pouvons citer (Van den Heede K, Dubois C, Devriese S, Baier N, Camaly O, Depuijdt E, Geissler A, Ghesquiere A, Misplon S, Quentin W, Van Loon C, Van de Voorde C. Organisation et financement des services d’urgence en Belgique : situation actuelle et possibilités de réforme – Synthèse. Health Services Research (HSR). Brussel : Centre Fédéral d’expertise des soins de santé (KCE). 2016. KCE Reports 263Bs. D/2016/10.273/22) :
    - les services d’urgence sont bien mieux connus que les postes de garde, plus récemment créés ;
    - les services d’urgence sont accessibles, et toujours plus nombreux que les postes de garde. Par ailleurs, ils sont ouverts en permanence, tandis que les heures d’ouverture des postes de garde sont plus limitées et très variables ;
    - le patient perçoit son problème comme trop grave et trop urgent pour être pris en charge par un généraliste ;
    - le patient a déjà eu une expérience positive et a confiance dans les compétences et l’expérience du personnel médical des urgences ;
    - le patient estime avoir besoin d’un examen d’imagerie ;
    - le patient préfère un environnement de haute technologie et estime que les urgences sont mieux équipées ;
    - pour les très jeunes enfants, les parents préfèrent souvent se rendre immédiatement chez un pédiatre (par le biais des urgences) que chez un généraliste ;
    - les motifs financiers : grâce au système du tiers payant qui s’applique aux urgences, les patients ne doivent s’acquitter que du ticket modérateur (souvent a posteriori, après réception d’une facture), le reste étant réglé directement à l’hôpital par la mutuelle. Chez le généraliste, la plupart des patients doivent avancer le montant des honoraires et se faire rembourser ensuite par la mutuelle. Dans les zones défavorisées, on observe ainsi quatre fois plus de contacts avec les urgences que dans d’autres régions.

    Les causes du recours aux services d’urgences sont donc multifactorielles.

    Il serait utile d’inciter les patients, lorsque cela est adéquat, à se rendre d’abord chez leur médecin généraliste ou auprès du service de garde de première ligne avant de se rendre aux urgences. Un ensemble de soins mineurs peuvent très bien être pris en charge par le médecin de famille en amont des services d’urgences.

    Pour rappel, La Déclaration de politique régionale 2014-2019 précise dans ses finalités que « Le Gouvernement mettra le patient au cœur du dispositif de soins et l’incitera à s’adresser au niveau adéquat de prise en charge, en favorisant le médecin généraliste comme pivot des parcours de soins du patient ».

    La préoccupation de l'honorable membre est donc en parfaite cohérence avec la ligne de conduite voulue par le Gouvernement.
    La question est donc de savoir comment mieux faire parvenir l’information vers les personnes qui en ont besoin. En effet, une prise en charge plus efficiente peut contribuer à améliorer notre dispositif de soins. Cela conduit également à une diminution de la charge de travail pour les acteurs de soins hospitaliers. N’oublions pas les acteurs qui sont proches de la première ligne (il s’agit des organismes assureurs, des services d’aides ménagères ou aides familiales, des pharmaciens, des services sociaux des communes ou CPAS, etc) et qui sont susceptibles d’action de sensibilisation. Ceux-ci doivent également être pris en compte dans l’organisation de l’information au bénéficiaire.

    J’ai conscience de la problématique qu'évoque l'honorable membre et souhaite prendre les mesures concrètes nécessaires pour la limiter.

    La Note Cadre concernant la réorganisation de la première ligne de soins prévoit un axe d’action relatif à l’amélioration de l’information auprès des citoyens.

    Les acteurs de première ligne seront associés à cette démarche afin de mettre en place une information continue de la population. Cette mise en place passera par deux temps :
    - une action avec les Fédérations représentatives des acteurs de première ligne et les organismes assureurs pour les conscientiser aux enjeux d’une meilleure information de la population. Les SISD et autres structures intermédiaires seront également associés ;
    - une action continue vers le grand public en collaboration avec les acteurs de terrain. Ces actions prendront en compte l’ensemble des acteurs de première ligne tant les généralistes que les professions paramédicales ou d’aide.

    La tendance vers une diminution des soins hospitaliers, conjuguée au développement de la médecine ambulatoire, conduit au développement de nouvelles relations entre les patients et les médecins de première ligne. Si de nombreuses évolutions dans notre système de soins ont été constatées ces dernières années, il n’en reste pas moins nécessaire d’améliorer encore le dialogue et la coopération entre les patients et les acteurs du domicile au centre desquels se trouve le médecin généraliste.