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La réduction des risques liés à l'usage de la drogue

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1161 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 17/06/2016
    • de IMANE Hicham
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Ce 9 juin, le groupe Sudpresse consacrait un article à la consommation de drogues lors des festivals de musique. Dans cet article, un responsable de zone de police y dressait un constat que les professionnels de la réduction des risques connaissent bien : « un festival sans drogue, nous n'y arriverons sans doute pas ».

    Néanmoins, ces zones appliquent des contrôles stricts, qui ont parfois un effet pervers selon les professionnels engagés dans cette cause, « car la drogue devenant plus rare (...) ça fait monter les prix et fait donc l'affaire des vrais dealers. (...) Mais le pire c'est que le festivalier achète alors n'importe quoi, tout ce qu'il trouve sur place sans aucune garantie sur la qualité. ».

    Ce qui peut amener une prise de risque plus importante et des problèmes de santé potentiellement renforcés.

    Partir du constat qu'une société sans drogue n'existe pas, sans poser de jugement, et tenter d'en réduire les risques, c'est la philosophie d'un bon nombre d'initiatives de santé publique, comme le testing des drogues.

    Cette méthode était souvent active en festival et avait un impact positif sur la santé des usagers de drogues.
    Néanmoins, elle semble se raréfier, au profit d'opérations de police.

    Quelles seront les initiatives de réduction des risques initiées ou soutenues par la Wallonie pendant les festivals cet été ?
  • Réponse du 29/06/2016
    • de PREVOT Maxime

    En tant que Ministre de la Santé, je suis très attentif aux risques encourus par les jeunes durant les festivals musicaux. Depuis plusieurs années, la Wallonie met en place une série de mesures afin de lutter contre les dangers liés aux différents excès présents durant les festivals (décibels, chaleur, alcool et autres substances psychoactives, sexe non protégé).

    Comme les années précédentes, des actions seront à nouveau menées cette année.

    Plus concrètement, l’ASBL Modus Vivendi reçoit une subvention pour un projet intitulé « Formation – Liaison – Intervention Réduction des Risques (RdR) au festival de Dour ». L’objectif de ce projet est d’augmenter la cohérence des pratiques de réduction des risques liés à l’usage de substances psychoactives. Pour y parvenir, les professionnels de l’ASBL Modus Vivendi favorisent la création de liens entre les institutions et l’échange de pratiques entre les professionnels.

    La réduction des risques (RdR) contribue au changement des mentalités concernant les substances psychoactives, leurs usages, les risques liés et les moyens de les réduire. Modus Vivendi y travaille par différents canaux, notamment par des formations, par la réalisation et la diffusion d’écrits à l’intention des professionnels et des usagers de substances psychoactives (exemples : newsletter, brochures, articles, sites Internet, etc.).

    Un autre projet a été développé en Région wallonne depuis 2009 également par l’ASBL Modus Vivendi. Il s’agit du label « Quality Nights » qui s’est implanté petit à petit dans toute la Wallonie. Ce projet, qui bénéficie d’un soutien financier facultatif de la Wallonie, sera poursuivi.

    Les services agréés d’aide et de soins spécialisés en assuétudes peuvent utiliser une part de leurs subventions pour mettre en place le label « Quality nights » dans les lieux festifs. Leurs tâches sont notamment de négocier avec les organisateurs, les encadrer et être présents lors des évènements. Dans ce cadre, lorsqu’un organisateur d’évènements ou un patron d’un lieu festif (parfois sous l’impulsion d’un pouvoir public local) demande à bénéficier de ce label, une négociation se met en place afin que le lieu réponde à certaines exigences. Le but n’est pas de faire respecter des normes légales spécifiques, mais d’obtenir un accord afin de mettre à disposition des festivaliers des dispositifs de réduction des risques (par exemple messages à propos des substances psychoactives, du son et de ses dangers, mais également distribution de bouchons d’oreille, de préservatifs, mise à disposition d’une fontaine à eau contre la déshydratation). Ces actions sont toujours accompagnées de messages d’information et de sensibilisation. En 2015, plus de 60 lieux avaient été labélisés en Belgique dont une vingtaine en Wallonie.

    Enfin, j'invite à lire les résultats de l’enquête de Solidaris intitulée « Alcool, Sexe, drogues & festivals » qui a interrogé 960 festivaliers entre 14 et 30 ans (du 20 au 31 mai 2016). Les résultats mettent en lumière les risques encourus par les festivaliers, mais aussi la conscience de ces risques et l’attente de plus de prévention. Cette étude confirme que les festivals restent des lieux où la prévention en matière de santé et la réduction des risques peuvent être efficaces. Elle montre aussi que le public est demandeur d’une prévention plus étendue, plus accessible et mieux valorisée. En outre, il ressort de cette enquête que la grande majorité des festivaliers est attentive aux risques et aux moyens de protection (consommation d’eau régulière, crème solaire, préservatifs…), mais :
    - l’alcool (la bière surtout) reste largement consommé ;
    - les festivals restent un lieu où certains comportements à risque naissent comme la consommation de cannabis ;
    - trop peu de festivaliers protègent leur ouïe avec des bouchons d’oreille ;
    - 55 % des festivaliers ont des rapports sexuels pendant le festival. Les rapports sexuels avec un partenaire non régulier ne sont pas protégés dans 10 % des cas ;
    - les festivaliers sont également sensibles au confort qui leur est offert : prix et qualité de la nourriture, points d’eau propres et accessibles, douches ;
    - la prise de risque maximale concerne la population consommatrice de mélanges d’alcool et de boisson énergisante. Les festivaliers les plus jeunes sont surreprésentés dans ces profils (18-20 ans, voire 15-17 ans).

    Ces constats doivent inspirer les associations sur le terrain que nous continuerons à soutenir.