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La disparition des abeilles

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 599 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 21/06/2016
    • de GERADON Déborah
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    76 % de la production alimentaire et 84 % des espèces de plantes dépendent de la pollinisation par les abeilles en Europe. Concrètement, sans abeilles, nous serions face à un problème majeur d'approvisionnement alimentaire.

    L'Europe a d'ores et déjà interdit plusieurs substances intégrées dans la fabrication des pesticides destinés à l'agriculture, mais cela semble insuffisant.

    Qu'en est-il des néonicotinoïdes dont on sait qu'ils sont les principaux agents actifs tueurs d'abeilles ?

    Quelle est la position du Gouvernement wallon sur l'utilisation de ces substances ?

    La lente, mais inéluctable disparition des abeilles, dans le monde et en Belgique, risque de nous coûter très cher. En effet, d'après une étude relayée par l'Organisation des nations pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), leur disparition d'Europe coûterait plus de 14 milliards d'euros.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'éléments supplémentaires quant à cette problématique ?

    Si tel est le cas, quels en seraient les impacts environnementaux et financiers pour la Wallonie ?
  • Réponse du 24/06/2016
    • de COLLIN René

    Tout le monde s’accorde à dire que l’origine du déclin des populations d’abeilles mellifères est « multifactorielle ». Un facteur pris séparément ne peut pas expliquer à lui seul le phénomène de déclin, mais plusieurs facteurs agissant en même temps ont probablement un effet synergique. Il en est ainsi des produits phytosanitaires : personne n’a encore pu déterminer une relation univoque de cause à effet entre l’utilisation d’un de ces produits en protection des cultures et le dépérissement des abeilles.

    Suite aux évaluations réalisées par l’Agence européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA), la Commission européenne a imposé en 2013 de fortes restrictions d’utilisation en enrobage de semences de trois insecticides systémiques de la famille des néonicotinoïdes qu'évoque l'honorable membre. L’impact de ce moratoire est en cours d’évaluation scientifique par l’Europe. L’évaluation de l'utilisation de ces substances en traitement des semences sera ainsi actualisée pour janvier 2017. J’attends avec impatience les résultats de ces évaluations.

    Il faut cependant savoir que l’Agence a déjà confirmé dès août 2015 que les trois néonicotinoïdes incriminés, la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame constituent un risque pour les abeilles lorsqu'ils sont utilisés en pulvérisations foliaires.

    La Région wallonne est compétente dans la protection de l’environnement et peut, dans ce cadre, réglementer et interdire l’usage de substances sur son territoire. Cependant, avant de légiférer dans le sens d’une interdiction totale ou partielle, j’insiste sur le fait qu'il faut disposer d’alternatives efficaces pour chaque culture, pour éviter le recours à des substances aux effets encore plus problématiques.

    La Wallonie ne peut pas non plus s’inscrire seule dans le dossier des substances autorisées ou non en relation avec le déclin des abeilles : cette action est réellement efficace lorsqu’elle est menée au niveau européen.

    Le scénario extrême d’une disparition totale des pollinisateurs chiffre les pertes économiques totales dans la production agricole et horticole wallonne dans une fourchette de 10 à 25 millions euros par an. Ces chiffres sont à comparer à une valeur globale de la production agricole wallonne autour de 1,5 milliard euros.

    Elles seraient dues principalement à un défaut de pollinisation des oléoprotéagineux, dont le colza, et des arbres fruitiers. Quant à l’impact environnemental lié à la pollinisation des espèces sauvages, il est difficile à évaluer. Il est clair que la biodiversité pâtirait énormément d’une diminution drastique des pollinisateurs et que toutes les mesures doivent être prises pour protéger nos butineurs.