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La consommation de Rilatine par les étudiants pendant la période des examens

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1170 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 21/06/2016
    • de BROGNIEZ Laetitia
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Les experts et les acteurs de terrain en prévention au sein des campus universitaires tirent la sonnette d’alarme : de plus en plus d’étudiants ont recours à la rilatine durant la période de blocus et en période d’examens.

    Ce médicament est prescrit généralement aux enfants et jeunes souffrant de problèmes sévères de l’attention ou d’hyper activité, car ce produit permet de gérer la concentration et de stimuler la mémoire. Deux éléments primordiaux pour les étudiants.

    Bien que ce médicament permette d’améliorer la concentration, celui-ci a de nombreux effets secondaires (risques cardio-vasculaires, troubles du sommeil, pertes d’appétit et dans les cas les plus graves des dépressions). Selon un médecin au service d’aides aux étudiants à l’UCL, le gain en concentration ne compense pas les risques liés à la consommation de ce produit.

    Un porte-parole d’Infor-Drogues parle d’un phénomène largement sous-estimé, Monsieur le Ministre a-t-il déjà été interpellé sur la problématique ?

    Quelles actions pourraient être envisagées afin de conscientiser les jeunes aux risques liés à la consommation de Rilatine ?
  • Réponse du 04/07/2016
    • de PREVOT Maxime

    Plusieurs confrères députés de l'honorable membre m’ont très récemment adressé des questions très semblables aux siennes. C’est pourquoi j’ai décidé de reprendre (en grande partie) la réponse que j’avais alors formulée.

    Le méthylphénidate (connu sous le nom de Ritaline ou Concerta) est un médicament stimulant prescrit aux personnes atteintes d'un trouble déficitaire de l'attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH). Il est disponible dans l’UE depuis les années 50 et est utilisé particulièrement chez les enfants. Le méthylphénidate devrait être utilisé dans le cadre d’un traitement incluant des interventions psychologiques, éducationnelles et sociales, lorsque les autres mesures n’ont pas été efficaces pour modifier le comportement (pour de plus amples informations, j'invite à consulter le site de l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) : http://www.fagg-afmps.be/fr/). Le méthylphénidate ne peut être délivré que sur prescription médicale. Ses effets secondaires n’étant pas anodins, des précautions et un suivi rigoureux doivent être instaurés dès la mise en route d’une prescription et pendant la durée du traitement.

    La Ritaline est parfois prescrite ou détournée de cet usage pour doper les performances intellectuelles, notamment chez les étudiants durant la période d’examens. Je ne dispose malheureusement pas d’estimation précise de la consommation de Ritaline chez les étudiants. Eurotox a analysé les enquêtes épidémiologiques disponibles en Belgique francophone : l’enquête HIS, enquête de santé nationale par interview de l’Institut Scientifique de Santé publique ou l’enquête HBSC de l’OMS, Health Behaviour in School-Aged Children. En matière de consommation d’amphétamines, ces deux enquêtes ne donnent pas de précision sur le type de psychostimulant utilisé, ni sur le contexte d’usage. D’après l’enquête HIS 2013, 0,4 % des Wallons âgés de 15 à 24 ans auraient consommé au moins une fois une amphétamine ou de l’ecstasy au cours de 12 derniers mois (contre 7,3 % des Bruxellois du même âge). Et d’après l’enquête HBSC réalisée en 2010, 2,6 % de jeunes de 13-20 ans scolarisés en FWB auraient consommé au moins une fois de l’amphétamine au cours des 12 derniers mois, et 2,2 % au cours des 30 derniers jours.

    La consommation de Ritaline et des psychostimulants apparentés dans cette population pourrait être estimée sur base des statistiques de prescription de médicaments psychostimulants. Malheureusement, les rapports disponibles ne sont que peu documentés en cette matière. D’après les données Pharmanet, en Belgique et pour l’année 2011, environ 31.000 jeunes de moins de 18 ans ont reçu une prescription de psychostimulants (Info Spot, l’utilisation de médicaments chez les enfants. INAMI 2012). Les rapports disponibles ne fournissent pas d’informations pour les jeunes de 18 ans et plus pour cette classe de médicaments.

    Il faut savoir que la Ritaline n’est pas le seul psychostimulant prescrit susceptible d’être utilisé par les jeunes de manière à améliorer leurs performances en période d’examens. Ces psychostimulants peuvent soit être prescrits à cette fin, soit être détournés d’un usage médical et circuler sur le marché noir.

    En outre, des produits de ce type peuvent aussi être directement achetés via des pharmacies en ligne, mais nous n’avons pas d’informations relatives à ce type d’achat. Enfin, les amphétamines classiques circulant sur le marché noir (« speed ») peuvent être aussi utilisées pour améliorer les performances scolaires.

    Pour répondre à la question à propos d’Infor-drogues, cette association (que je subventionne en partie et qui offre de l'information, de l'aide, des conseils en matière de substances psychoactives) ne m’a pas interpellé ces dernières semaines pour m’avertir d’un problème particulier en ce qui concerne la consommation de Ritaline par les étudiants. Je les ai cependant contactés et j’attends de leur part de plus amples informations.

    Même s’il y a lieu de rester vigilant concernant les affirmations journalistiques alarmistes, je veux être prudent et remercie l'honorable membre d’attirer mon attention sur ce sujet. En effet, une consommation de Ritaline sans contrôle, en dehors d’une prescription médicale, pourrait avoir des conséquences problématiques.

    Si des dérives et abus sont constatés en matière de prescription, il sera important de sensibiliser les médecins généralistes en cours de formation et ceux déjà en activité. Les guidelines scientifiques existent et il y aura lieu de les rappeler et de les faire respecter si nécessaire.

    Avant de terminer, je me permets de rappeler que la médecine scolaire, en ce compris au niveau des hautes écoles et universités reste une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’organisation des études et, en conséquence, les périodes d’examens concentrés sur un bref laps de temps (ce qui est source de stress important) restent également une compétence de la FWB. Les grandes universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont d’ailleurs mis chacune sur pied des services d’aide pour les étudiants en situation de stress. Ces services d’aide peuvent aider à la réussite, de même qu’une bonne hygiène de vie quotidienne durant la période du blocus, c’est-à-dire avoir une activité physique de détente, dormir et manger correctement.