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L'utilisation excessive de stimulants en période d'examens

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1181 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 21/06/2016
    • de POTIGNY Patricia
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    À côté des boissons énergisantes, compléments alimentaires et autres stimulants, certains jeunes se tournent de plus en plus vers des médicaments de type corticoïdes, amphétamines, voire des drogues dures. C’est ce que révèle une étude relayée par La Libre publiée ce 8 juin.

    Après le monde sportif, la question du dopage en milieu estudiantin se pose. Bien que le blocus et la session d’examens aient toujours été une période particulière de stress intense, le phénomène semble s’amplifier.

    Sur le site de l’Université catholique de Louvain (UCL), l’ASBL Univers Santé tente de sensibiliser les jeunes aux effets néfastes que peuvent avoir ces substances sur leur organisme sans pour autant leur garantir la réussite. De manière générale, pour les médecins, cette tendance est une prise de risque inutile.

    Face à ce constat et en tant que Ministre de la Santé, ne serait-il pas judicieux à côté des actions de prévention déjà menée par certaines associations, de prévoir une campagne de plus grande envergure et à plus large échelle ?

    Sait-on si les autres campus bénéficient également de brochures informatives sur le sujet ?

    Ne peut-on envisager une action commune avec l’homologue de Monsieur le Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?
  • Réponse du 04/07/2016
    • de PREVOT Maxime

    Plusieurs confrères députés de l'honorable membre m’ont récemment adressé des questions semblables aux siennes. J’ai dès lors décidé de reprendre en partie les réponses que j’ai déjà formulées.

    Des substances psychostimulantes sont parfois utilisées par les étudiants pour doper leurs performances intellectuelles pendant les examens. Ces psychostimulants peuvent soit être prescrits par un médecin, soit être détournés d’un usage médical, soit être obtenus sur le marché noir. En effet, les amphétamines classiques circulant sur le marché noir (« speed ») peuvent être également utilisées pour améliorer les performances scolaires. En outre, des produits de ce type peuvent être directement achetés via des sites Internet.

    L’enquête citée par La Libre du 8 juin est une enquête réalisée en France sur une population limitée de 1 718 personnes, dont seulement 807 étudiants en médecine, l’autre partie étant constituée de médecins. Je ne dispose malheureusement pas d’estimation précise concernant l’utilisation de psychostimulant en Wallonie, dans ce public cible spécifique et à cette période de l’année. Eurotox a néanmoins analysé les enquêtes épidémiologiques disponibles en Belgique francophone : l’enquête HIS (enquête de santé nationale par interview de l’Institut Scientifique de Santé publique) ou l’enquête HBSC de l’OMS (Health Behaviour in School-Aged Children). En matière de consommation d’amphétamines, ces deux enquêtes ne donnent pas de précision sur le type de psychostimulant utilisé, ni sur le contexte d’usage. D’après l’enquête HIS 2013, 0,4 % des Wallons âgés de 15 à 24 ans auraient consommé au moins une fois une amphétamine ou de l’ecstasy au cours de 12 derniers mois (contre 7,3 % des Bruxellois du même âge). Et d’après l’enquête HBSC réalisée en 2010, 2,6 % de jeunes de 13-20 ans scolarisés en FWB auraient consommé au moins une fois de l’amphétamine au cours des 12 derniers mois et 2,2 % au cours des 30 derniers jours.

    En ce qui concerne la prescription de psychostimulants en Belgique, d’après les données Pharmanet, environ 31.000 jeunes de moins de 18 ans ont reçu une prescription de psychostimulants pour l’année 2011. Les rapports disponibles ne fournissent pas d’informations pour les jeunes de 18 ans et plus pour cette classe de médicaments. Je n’ai pas non plus d’information sur une éventuelle aggravation de ce phénomène.

    Même s’il y a lieu de rester vigilant concernant les affirmations journalistiques alarmistes, je veux être prudent et remercie l'honorable membre d’attirer mon attention sur ce sujet. En effet, une consommation de psychostimulants sans contrôle pourrait avoir des conséquences problématiques.

    De nombreux services de prévention existent en matière de consommation de substances psychoactives ou de manière plus large en matière de promotion de la santé. Plus spécifiquement, les grandes universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont mis chacune sur pied des services d’aide pour les étudiants en situation de stress. Ces services d’aide peuvent aider à la réussite et prévenir les comportements nuisibles pour l’étudiant, en faisant la promotion d’une bonne hygiène de vie quotidienne durant la période du blocus.

    La Wallonie soutient cette approche globale, par exemple en subventionnant l’ASBL Univers Santé active en promotion de la santé en milieu jeune et étudiant.

    Avant de terminer, je me permets de rappeler que la médecine scolaire, y compris dans les hautes écoles et universités, reste une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Celle-ci est aussi compétente pour l’organisation des études et des examens. Or, les examens sont une source de stress important. Les grandes universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont d’ailleurs mis chacune sur pied des services d’aide pour les étudiants en situation de stress. Ces services d’aide peuvent aider à la réussite et prévenir les dérives liées au stress, tout en faisant la promotion d’une bonne hygiène de vie quotidienne.